Thibaut, le discours de Marc Madiot à votre égard se veut très ambitieux. Quels vont être vos grands objectifs cette saison ?
Ils vont cette année se concentrer autour de deux courses puisque ma saison va s’articuler sur le Giro, que je vais découvrir, et le Tour de France. Enchaîner les deux va être compliqué, il ne faut pas se le cacher, mais je suis d’abord concentré sur le Tour d’Italie. C’est mon objectif prioritaire. J’y viserai le meilleur classement général possible. Je suis déjà monté une fois sur le podium du Tour, 3ème en 2014, et j’espère retrouver cette sensation sur le Giro. A partir de là, on verra ce que je peux faire ensuite sur le Tour.
Que représente pour vous une course comme le Giro ?
C’est la course qui m’a toujours fait rêver. Cette course, elle est à part, elle n’a rien à voir avec les autres. Et elle me motive en tout premier lieu cette année. Je n’ai jamais été motivé comme ça. C’est un nouveau challenge et il me tient vraiment à cœur de le réussir. C’est la première fois que l’équipe va s’y rendre dans l’espoir d’y viser le classement général. Cela nécessite une préparation complètement différente du Tour, une approche différente. Ça va être de l’expérience au bout de laquelle on gardera ce qui est bon pour jeter ce qui n’a pas marché. Ce qui est sûr c’est que nous faisons tout, à l’heure actuelle, pour arriver à 100 % sur le Giro. On va faire un stage, disputer le Tour du Trentin. L’équipe est ambitieuse.
Cette participation au Giro, n’arrive-t-elle pas à point nommé pour fuire la pression du Tour de France ?
Je ne dirais pas ça. Je n’ai pas pris cette décision en fonction de mon Tour 2016. Cela fait déjà plusieurs années que je bassine l’équipe pour faire le Giro et j’avais en tête de le faire en 2017. La pression n’y sera pas différente. Ce sera la 100ème édition, même si ce n’est pas ce qui a déterminé mon choix de m’y rendre cette année. Le plateau sera en revanche très relevé, et c’est là que ça peut changer. On sait que Nairo Quintana y sera, peut-être Chris Froome et Alberto Contador. Ce devrait être exceptionnel pour le Giro.
Avez-vous déjà identifié les étapes importantes ?
Nous avons commencé à y travailler. Nous avons eu un peu de pluie en stage, ce qui nous a permis de nous réunir pendant une heure et demie pour étudier les graphiques, les parcours. Je me suis vraiment mis dedans en découvrant de façon plus pointue les étapes qui seront au programme. On voit que c’est un Giro qui va être très difficile avec beaucoup d’ascensions mais aussi beaucoup de transferts, dont deux avions, ce qui sera difficile en matière de récupération. On sait que le Giro c’est dur mais que ça forge un coureur.
Comment envisagez-vous la période de transition entre le Giro et le Tour de France ?
Je le répète : je n’ai pour l’heure que le Giro en tête. Je suis dans ma bulle, déjà dans ma course, et pas un instant je ne veux penser à la suite de ma saison. On verra cela après le Giro. Ce qui sera important sera de tâcher de récupérer au mieux au cours de la dernière semaine. Pas dans la perspective du Tour de France mais dans celle du contre-la-montre final qui pourra être décisif à Milan. Le Tour, j’ai vu le parcours à la présentation au mois d’octobre, et j’ai aussitôt refermé le chapitre. On verra ça début juin.
Vous irez au Giro dans le but d’atteindre le podium. Mais que choisiriez-vous entre un Top 10, une victoire d’étape et le maillot de meilleur grimpeur ?
Si je ne peux pas jouer le podium, je préfère me concentrer sur une victoire d’étape que sur un Top 10. Quand tu échoues sur le général, tu te rabats sur d’autres objectifs. Si c’était le cas, le maillot de meilleur grimpeur pourrait aussi en être un. Mais mon but, ça reste de finir le plus près possible de la première marche du podium au classement général. Je veux me battre avec les meilleurs.
L’équipe FDJ est divisée entre Arnaud Démare et vous, cela vous permet-il d’appréhender différemment la saison ?
Pas spécialement. Voilà plusieurs années que nous mettons en place ce schéma avec Arthur Vichot et Arnaud Démare, qui compte revenir cette année sur le Tour de France avec de l’ambition. Autant dire que ça coïncide bien avec mes objectifs sur le Giro. Cela va nous permettre d’en laisser pour tout le monde.
Diriez-vous que vous avez les crocs à l’entame de cette nouvelle saison ?
Forcément ! Après un échec aussi retentissant sur le Tour de France et une coupure aussi longue, je suis grandement motivé. Préparer le Giro me permet en outre de casser cette routine qui était toujours la même lorsque je me focalisais avant tout sur le Tour de France. Cela m’apporte un regain de motivation. Mentalement et physiquement, cette coupure m’a fait du bien. J’espère encore progresser cette année.
En quoi a consisté votre préparation ces dernières semaines ?
J’ai passé un mois de janvier ordinaire avec une première partie dans le sud, où je vis, avant un stage à Calpe avec l’équipe qui a été compliqué en raison de la pluie. Surtout, le retour en Franche-Comté a été difficile avec le froid, jusqu’à -15°. J’ai fait du ski de fond et beaucoup de home-trainer, mais cela ne remplace pas les grandes sorties de cinq ou six heures. J’ai vécu huit jours compliqués et c’est le petit point d’interrogation de ma préparation avant ma reprise dimanche à La Marseillaise.