Sylvain, quand avez-vous compris que vous alliez gagner l’étape et endosser le Maillot Jaune ?
Je savais que j’avais de grandes chances de gagner l’étape quand j’ai attaqué car j’avais de grandes forces. Le Maillot Jaune, je n’y pensais pas encore. Je n’en ai pris conscience qu’à 5 kilomètres de l’arrivée.
Avez-vous été informé que le peloton s’était relevé pour neutraliser l’étape ?
Je n’ai rien pensé. Je n’ai pas eu le temps de penser. J’ai tout donné et j’ai su que dans la descente il y avait eu une chute car Jérôme Pineau avait prévenu l’équipe dans l’oreillette. De là à neutraliser la course, ça les regarde mais la pluie, les routes étroites, les chutes, ça fait partie de la course. Ca n’enlève rien à ma victoire. Avec Jérôme, on a choisi d’aller dans les échappées, de faire la course. C’est mieux d’être devant sur ce genre d’étape quand c’est sinueux et glissant.
Craignez-vous également une neutralisation de l’étape demain sur les pavés ?
Ecoutez, dans ce cas, on a qu’à supprimer toutes les étapes ! Ca fait partie de la course, il y a des choses que je ne comprends pas. S’ils ont voulu le faire, tant mieux pour moi, ça m’a avantagé. On peut tout supprimer et tant mieux pour moi, je gagnerai le Tour de France… Je pense qu’un coureur de Grand Tour doit savoir rouler bien partout : rouler sur les pavés, monter les cols, être un coureur complet.
Après votre chute dans Liège-Bastogne-Liège, quand avez-vous pensé à vos chances d’être au départ du Tour de France ?
Quand je suis tombé à Liège, j’ai eu tellement mal à la tête pendant dix jours que je n’y pensais pas. Je voulais déjà être au départ du Tour de Suisse. Là, j’en ai bavé mais de jour en jour ça allait mieux. Je suis bien sorti du Tour de Suisse, j’ai beaucoup travaillé, même avant. Et puis j’ai eu tellement de malchance au cours de ma carrière, de me faire reprendre à quelques kilomètres, de ne pas toujours saisir les bonnes opportunités, qu’aujourd’hui je suis enfin récompensé. Et que le peloton se soit relevé derrière moi, encore une fois, ça n’enlève rien à ma victoire.
Le baiser sur le collier à l’arrivée, ça avait une signification ?
C’est le cadeau que j’ai reçu pour la Fête des Pères avant le Championnat de France. C’est un collier avec le nom de mes deux enfants gravé dessus, Baptiste et Maxence. J’avais dit que si je gagnais une étape seul, j’embrassais cette médaille. Ma famille a pleuré aujourd’hui, c’est sûr.
Jusqu’à quand vous voyez-vous préserver le Maillot Jaune à présent ?
J’espère le ramener à Paris (rires). J’espère en tout cas le garder le plus longtemps possible parce qu’on est au Tour, c’est quelque chose que je ne vais pas laisser comme ça, j’ai une avance raisonnable. Au moins je peux aller jusqu’à la station des Rousses, pourquoi pas. On va vivre ça au jour le jour, et on verra bien.
Propos recueillis à Spa le 5 juillet 2010.