Sylvain, aviez-vous imaginé que vous alliez rejoindre Jérémy Roy, parti deux minutes avant vous dans le contre-la-montre du Championnat de France ?
Je ne l’imaginais pas, non, mais j’ai tout de suite senti que j’étais dans l’allure. Après quatre ou cinq kilomètres, quand j’ai senti que j’avais une certaine souplesse, j’ai compris que je reprenais beaucoup de temps. J’avais un bon directeur sportif, qui m’aidait beaucoup. J’ai besoin de soutien avec la radio.
Vous êtes maintenant recordman des titres dans la discipline…
C’est un de plus que les autres années. Je suis content, j’y apporte une certaine importance. En France, je suis un spécialiste depuis quelques années. Au niveau mondial, je suis souvent avec les meilleurs mondiaux. Depuis quatre ou cinq ans, je suis toujours dans le Top 10 du contre-la-montre. J’étais toutefois déçu après mon dernier contre-la-montre, sur le Critérium du Dauphiné. Mais c’était une situation assez spéciale, je revenais du Tour de Californie où il a fait très chaud. J’avais des sensations mitigées. Parfois j’étais bien, parfois pas du tout. Je ne m’inquiétais pas, mais je me demandais quand même si j’allais retrouver la condition. À l’approche de ces Championnats de France, j’ai préféré récupérer, tout en travaillant le fond. J’ai fait 180 kilomètres dimanche, 100 de plus mercredi avec la reconnaissance, ça ne m’a pas empêché d’être super bien sur le chrono.
Qu’avez-vous brandi sur la ligne d’arrivée ?
C’est mon cadeau de Fête des pères. Je considère ça comme le destin. Ça a fait tilt dans mon cerveau, car c’est une main, avec cinq doigts. Je me suis dit : pourquoi pas un cinquième titre ? Rien que le fait de la porter sur moi me rendait confiant dans ma capacité à décrocher ce cinquième titre. C’était un petit clin d’œil à mon fils, il était fier, il avait le sourire jusqu’aux oreilles. Moi aussi, je suis fier de ce titre et de ce petit cadeau.
Au niveau mondial, quel est votre objectif dans le contre-la-montre ?
Le niveau mondial, c’est une marche supplémentaire. Il y a de grosses machines, j’ai d’ailleurs l’habitude de côtoyer le champion du monde, Tony Martin. Je fais partie de l’équipe qui est championne du monde du contre-la-montre par équipes, j’ai appris énormément dans ce groupe-là.
Quel sera votre objectif sur le Tour de France ?
Dans l’équipe, on a le meilleur sprinteur du monde, Mark Cavendish. L’équipe sera totalement dévouée à lui la première semaine. Personnellement, j’y vais sans me prendre la tête, je vais faire mon travail. Quand je serai plus libre dans l’équipe, j’essayerai de faire ce que j’ai l’habitude de faire, c’est-à-dire animer le Tour de France et tenter d’aller chercher une étape. Mais je ne me mets pas de pression. Mon objectif était de remporter un cinquième titre, ce que j’ai fait. Il y a encore dimanche qui sera une course très importante. Je n’ai pas de pression pour cette course, je n’ai personne autour de moi, nous ne sommes que deux coureurs, mais je sais que j’ai la condition.
Que pensez-vous du parcours de dimanche ?
Je ne l’ai pas encore repéré, mais de ce que j’ai pu voir, ce sont des routes que j’apprécie. Ce ne sont pas de forts pourcentages, des 4-5 % où il faut mettre la braquasse, comme on dit. Je ne me pose pas de questions. Avec le ribin, il peut y avoir pas mal de crevaisons. Ça va apporter du spectacle supplémentaire. Aujourd’hui, on fait une fixation sur le ribin, mais ce n’est pas forcément là que la course va se jouer. Par contre, ça va amener du piment à l’épreuve.
Propos recueillis par Elodie Troadec à Lannilis le 20 juin 2013.