Sylvain, deux jours avant le Tour des Flandres, assumez-vous votre statut de favori ?
Je ne suis pas favori du tout. J’espère seulement faire une belle course. Et finir le plus haut possible dans le classement.
Vous n’avez pourtant jamais abordé le Tour des Flandres dans de meilleures conditions ?
J’aborde le Tour des Flandres comme l’année dernière et comme les autres années. Est- ce que je suis en meilleur condition, c’est difficile à dire. Cette année je n’ai pas eu de problème de santé. L’an dernier j’avais eu des bronchites à répétition, ça retarde un peu dans la préparation. C’est pour cela aussi que je suis régulier dans mes résultats. La forme est là depuis un bon moment, depuis le Circuit Het Nieuwsblad. J’ai souvent fait des Tops 10 ou des Tops 20 en plus de trois victoires. J’ai bien réussi mon début de saison mais ce n’est pas nouveau pour moi. Le but est d’arriver en condition sur ces courses. J’y arrive depuis quelques années. Tout se joue à pas grand-chose. Il faut les jambes le bon jour, j’espère que je les aurai dimanche.
La différence, ce sont les doutes sur l’état de forme de Tom Boonen…
Il y a beaucoup de tracas sur lui. Il fait ce qu’il a à faire, moi aussi. Je suis très impressionné par le calme qu’il garde depuis qu’il a eu ses problèmes au coude. Tout le monde dit que Tom n’est pas en condition. Il a tout de même gagné le sprint à Harelbeke (NDLR : 7ème du Grand Prix E3) derrière mon échappée.
Êtes-vous prêt à jouer votre carte au Tour des Flandres ?
D’année en année, je me rapproche du gratin mondial. Je suis satisfait de ma progression. Je fais partie des meilleurs sur ces courses-là. Maintenant, si l’occasion se présente dimanche d’aller briller…
Quel sera votre rôle ?
Je dois être là dans le final. C’est une course de 260 kilomètres donc il ne faut pas faire n’importe quoi. Je suis une pièce protégée de l’équipe. Mais sur le papier j’ai toujours ce manque de vitesse au sprint qu’a Tom Boonen. On joue la victoire, simplement. Les places de 2ème et 3ème importent peu. La première place est la plus importante. Je suis au cœur de l’équipe qui est numéro un à mes yeux pour ces courses. Avec l’expérience qu’a acquise Patrick Lefévère au cours des années. Je profite aussi de cela.
Il y aura deux grands favoris, Fabian Cancellara et Peter Sagan, que faut-il faire pour les battre ?
Il ne faut pas se focaliser sur deux coureurs. On est sur un niveau mondial très élevé. Peut-être que le marquage entre Cancellara et Sagan profitera à d’autres coureurs. J’espère pour moi. Mais il ne faut pas négliger les autres. Le niveau est très élevé, on est au Tour des Flandres. Ce sera une grande course. C’est toujours la même musique. Il y a 210 coureurs au départ, il ne faudra pas les négliger.
Ne devez-vous pas anticiper ?
J’ai passé des années à anticiper ! Tout dépendra des circonstances de course. Quand vous êtes au cœur, vous prenez des initiatives qui ne sont pas forcément les bonnes. Ça se décide dans le feu de l’action.
Ne pensez-vous pas avoir perdu de l’énergie en participant aux Trois Jours de La Panne ?
Des victoires qui vous pendent au nez, il ne faut pas les laisser. J’avais une chance de gagner les Trois Jours de La Panne une deuxième fois, il ne faut pas cracher dessus. C’est une course Hors Catégorie donc forcément très relevée. C’est toujours bon pour le moral et pour la confiance.
Vous êtes passé tout près en 2009 et 2011, le Tour des Flandres est-il une obsession pour vous ?
Ce n’est pas forcément une obsession, c’est une course à laquelle je m’attache de plus en plus. J’ai appris à l’aimer. Comme toutes les courses qui le précède comme les semi-classiques ou encore Paris-Roubaix. Ce sont des courses que j’ai découvertes à l’âge de 28 ans. J’ai peut-être moins d’expérience que certains coureurs. J’ai peut-être appris plus vite en peu de temps grâce à Omega Pharma-Quick Step.
Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans ces épreuves ?
Toute l’ampleur qu’il y a autour. Le public, toute cette foule qui se déplace et qui attend un an pour vivre ce spectacle sur une journée. Il y a aussi une cyclosportive la veille donc les cyclos se déplacent pour nous voir et pour faire le parcours. Toute cette ampleur est magnifique.
Êtes-vous conscient des attentes qui règnent autour de vous ?
Il y en a toujours eu autour de moi. C’est un peu lassant d’entendre toujours la même musique, il faudrait changer le CD. On est en manque de coureurs sur ce genre d’épreuves. Je suis un des seuls de ma génération à briller sur ces courses. J’espère qu’il y aura une génération plus performante que la mienne.
Propos recueillis à Nazareth le 29 mars 2013.