Sylvain, vous aviez quitté le groupe de Jean-René Bernaudeau fin 2004. Qu’est-ce qui a changé dans l’équipe que vous avez retrouvée ?
L’équipe n’a pas changé. Elle a toujours les mêmes valeurs. Maintenant, dans mon cas, je vois beaucoup plus de jeunes qu’en 2004, quand je faisais partie des plus jeunes de l’effectif ! Je suis désormais le plus ancien avec Thomas Voeckler, c’est la différence. Mais les valeurs de Jean-René sont toujours là et j’aime les avoir retrouvées. Avec le cyclisme moderne aujourd’hui, on peut vite s’ennuyer devant la télévision. Ce n’est pas le vélo que j’aime. Je reste animé par le cyclisme, mais il m’arrive de m’ennuyer dans le peloton. J’entends retrouver cette fougue que j’avais dans les premières années de ma carrière.
Vous dites partager les valeurs de l’équipe Direct Energie. Quelles sont-elles ?
L’esprit de cette équipe, c’est d’animer la course, de « foutre le bordel ». Ça me plaît car c’est ce qui me correspond le plus. Il est évident que je l’ai perdu un peu ces dernières années mais au fond de soi on l’a toujours. J’ai toujours eu cette fougue. Pendant des années, on m’a collé cette étiquette de faire n’importe quoi, mais c’était dans l’esprit de se faire mal à la goule. J’ai appris à me canaliser, mais aussi malheureusement à courir les courses comme on les voit désormais à la télévision, ce qui consiste à attendre le plus longtemps possible pour ne mettre qu’une mine à 5 bornes de l’arrivée. Tout est maîtrisé, or j’aimerais désormais pouvoir à nouveau anticiper. C’est ce qui me correspond le mieux.
Ce retour aux racines, c’est un nouveau départ ?
On peut voir cela comme ça. Je suis avant tout très heureux de retrouver le groupe de Jean-René Bernaudeau. De retrouver des valeurs qui sont les miennes. J’ai 36 ans et j’aurais pu arrêter ma carrière à la fin de l’année 2015. C’était Jean-René ou rien. C’est lui qui m’a lancé et je tenais à finir mon histoire personnelle là où elle avait commencé. Jean-René Bernaudeau m’a lancé dans le milieu professionnel pendant cinq ans, je ne l’oublie pas. J’avais très envie de finir ma carrière à ses côtés et j’avais confiance en lui pour trouver un nouveau sponsor. Me voilà aujourd’hui au cœur de ce nouveau projet et j’en suis fier.
A quelle fin de carrière aspirez-vous ?
J’ai signé un contrat de deux ans, mais je compte aller le plus loin possible sans aller non plus jusqu’à 50 balais ! Le jour où je n’aurai plus envie, que j’irai sur les courses à reculons, il sera temps de s’arrêter. Mais aujourd’hui dès que j’ai un dossard sur le dos je suis excité. J’ai envie d’adversité, de compétition. Tant qu’il y aura tout cela pour m’animer, j’irai le plus loin possible.
Qu’est-ce que Jean-René Bernaudeau attend de vous ?
Des résultats ! D’être bienveillant avec les jeunes aussi ! Mais j’ai des objectifs personnels. Ce n’est pas le tout de transmettre son expérience, on pense aussi avant tout à soi. J’espère rester fidèle à moi-même en continuant à avoir des résultats. Je ne suis pas un coureur qui gagne énormément, mais je peux apporter quelques beaux résultats sur les plus grands événements du calendrier, je pense à Paris-Nice ou les classiques flandriennes. J’aimerais bien avoir un pic de forme sur Paris-Nice comme j’ai l’habitude de le faire, puis parvenir à bien négocier le dur enchaînement des classiques : Grand Prix E3, Tour des Flandres, Paris-Roubaix. Y être opérationnel, performant et acteur de la course. Ne pas la subir et avoir des résultats.
Au-delà du maillot, qu’est-ce que change une nouvelle formation ?
Malgré mes 36 ans, je suis comme un gamin dès que j’ai un nouvel équipement et du nouveau matériel. Je repars de zéro. Le cyclisme est un sport qui nécessite de se remettre en question en permanence. C’est un nouveau départ. Ça permet de se remotiver, de repartir du bon pied. Avec Direct Energie, le service course n’est qu’à une heure et demie de chez moi, ça va être très différent. Dès que j’en ai l’occasion, je fais un aller-retour aux Essarts, en Vendée, pour rencontrer le staff. Je suis aussi plus proche de ma famille.
Apportez-vous encore des changements à votre manière de vous préparer ?
Non car je suis un coureur qui fonctionne au feeling. Je ne suis pas à fond dans les calculs de puissance, mais je suis comme tout le monde : je fais des intensités, je travaille à la puissance. Je mixe tout ça et je fais au feeling en fonction de mes sensations.
Adrien Petit a décroché la première victoire de l’équipe Direct Energie à la Tropicale Amissa Bongo. C’est un coureur que vous avez appris à connaître ?
C’est un coureur que je connaissais de l’extérieur. Mais son parcours personnel est éloquent. Il a fait de belles choses, que ce soit aux côtés d’Arnaud Démare ou dans les classiques. C’est un coureur qui possède une belle pointe de vitesse et qui peut donc parvenir à décrocher de bons résultats. Mais il sera avant tout une pièce maîtresse pour Bryan Coquard, qui reste le coureur le plus rapide de l’équipe. De mon côté je l’aurai à mes côtés sur les classiques. Je pourrai lui apporter mon expérience, bien qu’il connaisse mieux le terrain que moi pour être de là-bas !