Steve, on vous a quitté en 1996 à la fin de votre carrière et on vous retrouve manager de Spidertech-C10, par quelles étapes êtes-vous passé ?
C’est une longue histoire. J’ai arrêté ma carrière en 1996, après les Jeux d’Atlanta, et j’ai organisé des randonnées, des séjours avec les cyclos. C’était beaucoup de plaisir, j’avais ma propre compagnie, Steve Bauer Bike Tours, des programmes de haute qualité, sur les Grands Tours en particulier, le Giro et le Tour de France. C’était intéressant. Malgré tout, à un moment donné, je me suis réintéressé au sport cycliste. Les Canadiens ont progressé, les athlètes ont bougé, j’avais envie de donner un coup de main. Au début, on a monté une équipe de niveau national, avec un petit budget, puis Continentale, avec un budget intéressant, et on a grandi, mois après mois.
Jusqu’à devenir une équipe Continentale Pro…
Oui, et avec des ambitions WorldTour. C’est un énorme travail, un boulot à plein temps, avec les finances, les relations avec les partenaires, etc., à gérer. Il y a beaucoup d’enthousiasme, tout le monde veut y arriver, et c’est très intéressant. Pour l’heure le budget est assuré par Spidertech, mais on cherche un cosponsor car Spidertech ne pourra pas assurer seul un budget WorldTour. On devra retrouver un autre gros partenaire.
Pour vous, l’échéance WorldTour, c’est 2014 ?
Oui, on n’a pas l’infrastructure, le budget, pour postuler et assurer notre présence en WorldTour l’année prochaine. En 2014, après un an de travail, on touchera au but.
Comment arbitrez-vous les présences sur les deux continents ?
Ce n’est pas facile. On a désormais une base en Belgique, pour préparer l’avenir. En 2013, on va se concentrer sur l’Europe Tour, en espérant des invitations sur le WorldTour. En Amérique, l’objectif, ce sont les quatre-cinq grandes courses : le Tour de Californie, le Tour de l’Utah, le Tour de Beauce, le Tour du Colorado…
Cela signifie-t-il que vous allez recruter plutôt européens ?
Nous avons une base de Canadiens qui sont de plus en plus forts. Les Américains, de ce côté-là, sont pas mal. Côté Européens, on y met l’accent. Je cherche des hommes forts, des talents, et il faut équilibrer l’équipe entre Américains et Européens. Je cherche notamment des hommes forts pour les classiques du Nord : des Belges, des Hollandais, des Français aussi. J’aime ces courses donc on vise des coureurs forts pour ces rendez-vous. Chaque année, on parle avec David Veilleux, mais il est content de rester chez Europcar car il espère faire le Tour de France. Nous on a peu de chances de le faire. Mais dans l’avenir, pourquoi pas. On parle avec des gars comme Ryder Hesjedal, Svein Tuft, tous ces coureurs canadiens expatriés nous intéressent.
Quel est votre calendrier pour ces annonces ?
On va annoncer tout ça d’ici une à deux semaines. Le mercato n’a seulement ouvert qu’au 1er août. Il y a du mouvement dans toutes les équipes, tout le monde travaille vraiment là-dessus. Il y a des opportunités. Il faut être patient. La seule arrivée officielle que nous pouvons annoncer, c’est celle du champion des Etats-Unis Timothy Duggan.
Avec votre expérience, voyez-vous un bel avenir au calendrier américain de courses d’une semaine comme le Tour du Colardo ?
Oui, certainement, il faut voir la longévité des sponsors, les télés… Le public est là, on le voit après seulement deux années d’existence. C’est bien parti mais comme toujours il faut confirmer.
Les semaines à venir sont de gros rendez-vous pour vous ?
Oui, avec d’abord les Grands Prix de Québec et de Montréal. On y mettra nos meilleurs coureurs mais il faut être réalistes, contre dix-huit équipes WorldTour, on a peu de chances. Malgré tout si on peut jouer un bon coup, on le fera, mais on reste modestes. Ensuite il y aura les Championnats du Monde Espoirs sur lesquels nous aurons trois coureurs : David Boily, Hugo Houle et Antoine Duchêne. Ils peuvent faire quelque chose. On a aussi Ryan Roth, le champion du Canada, qui on l’espère va être sélectionné pour ses premiers Championnats du Monde.
Vous êtes sur la vague d’un cyclisme canadien qui gagne, ça peut porter votre projet plus rapidement au sommet ?
C’est certain que la victoire de Ryder Hesjedal au Giro est un boost formidable pour le cyclisme canadien. Il a marqué le sport au Canada, pas seulement le vélo, on est là pour capitaliser sur ce succès énorme, qui a retenu l’attention bien au-delà du sport.
Propos recueillis à Aspen le 23 août 2012.