Stéphane, quel bilan est le vôtre à l’issue du Tour de France ?
Nous sommes déçus. Pas des coureurs, mais nous avons eu notre lot de déveine. Jérôme Coppel méritait mieux que ce qui lui est arrivé. Il a été courageux et s’est battu jusqu’au bout, mais il n’est pas à la place qu’il envisageait. On espérait également une belle victoire d’étape. Il y avait du potentiel pour ça, mais nous sommes tombés sur plus forts. C’est le contexte compliqué qui nous laisse un sentiment de déception.
Où avez-vous senti que la victoire était à votre portée ?
L’échappée de Brice Feillu avec Thomas Voeckler reste peut-être la journée la plus marquante. Il a été bien touché par la maladie en tout début de Tour mais a été super courageux. Nous avons été réactifs mais il lui a manqué encore quelques forces le jour de l’étape qui arrivait à Bagnères-de-Luchon. Nous sommes surtout tombés sur un grand et super Voeckler. Sans sa chute, Anthony Delaplace avait lui aussi le potentiel d’animer de belles échappées. Je pense particulièrement à celle de Pau.
Qu’est-ce qui manque à Saur-Sojasun pour passer un cap à la FDJ-BigMat ou à la Europcar ?
Des moyens, tout simplement. Nous avons des coureurs jeunes qui n’ont pas l’expérience de certains autres. Certes, on peut tomber sur des cas d’espèces, comme Thibaut Pinot, qui a ébloui tout le monde sur ce Tour de France, mais on n’en a pas beaucoup par génération. Mais n’oublions pas le très beau début d’année de Saur-Sojasun. Le Tour, c’est vrai, efface beaucoup de choses, mais notre saison ne dure pas que le temps du mois de juillet.
On évoque un Jérôme Coppel sur le départ après la saison, qu’en est-il exactement ?
Il n’y a pas de fâcheries entre nous. Je crois au contraire que nous n’avons jamais été aussi proches. Quant à son avenir, Jérôme Coppel est pour l’heure toujours chez Saur-Sojasun et n’a qu’un souhait, celui de poursuivre avec nous. Mais nous savons aussi qu’il nous faut du complément, et que pour l’instant ce n’est pas établi. Je ne veux brider personne. Je suis conscient que Jérôme a un avenir sportif de haut niveau devant lui. J’ai tout fait pour lui donner le maximum de gages pour l’avenir, après l’avoir récupéré d’une équipe française qui n’avait pas forcément fait tout ce qu’il fallait pour lui à l’époque. Il est aujourd’hui sur de bons rails, même si le Tour n’est pas concluant.
Ce Tour de France en-deçà de vos espérances ne risque-t-il pas de retarder l’arrivée d’un nouveau partenaire pour 2013 ?
Heureusement que nous n’avons pas attendu le Tour de France pour entamer des négociations. Le contexte économique n’est pas simple, Tour ou pas Tour. Le vélo reste un magnifique support. Je ne pense pas que les résultats nous soient préjudiciables, ce n’est pas le sentiment que j’ai auprès de mes contacts actuels. Maintenant, c’est plutôt le contexte économique qui nous dessert, une actualité un peu compliquée pour le cyclisme. Que ce soit grave ou non, le mal est fait.
Vous êtes inquiet ?
Oui, forcément. Je mène un projet avec mes convictions, avec mes idées. Je suis un besogneux, je sais qu’on n’a rien facilement. Demain, les choses peuvent effectivement s’arrêter. Mais elles ne s’arrêteront pas tant que je n’aurai pas tout donné. Après la vie continue. Je ne maîtrise pas le calendrier, le plus vite sera le mieux.
Propos recueillis à Paris le 22 juillet 2012.