Stéphane, le Tour de France 2011 va faire la part belle à l’Ouest de la France dans sa partie initiale, qu’en pensez-vous ?
C’est un parcours relativement inspirant au début et relativement piégeur, pour un peu que la météo s’en mêle au départ. Je ne veux pas dire que le Mûr-de-Bretagne soit une difficulté majeure de ce Tour de France, maintenant elle est suffisante pour déjà produire un grand spectacle avec, c’est sûr, une arrivée surpeuplée et une très grosse ambiance. Mûr-de-Bretagne, c’est quand même assez dur. Pour le reste, c’est un parcours divers et varié. Pour les grands leaders et les grands favoris du Tour, les choses vont se corser à partir de Super-Besse, d’une façon plus notable à partir du Plateau de Beille. A partir de là on aura un dessin des prétendants au Tour de France.
En tant que coureur est-ce un parcours qui vous aurait inspiré, et en tant que manager est-ce un parcours qui vous inspirera ?
Bien sûr, il y a beaucoup à faire et un Tour de France, de toute façon, c’est toujours très inspirant. Après, il faut bien entendu travailler la question, bien étudier le parcours. Je connais assez bien l’étape qui nous a été présentée de façon plus détaillée avec le col d’Agnel, l’Izoard et l’arrivée au Galibier. Je l’ai faite dans ce sens-là lors du Tour d’Italie 1994 entre Cuneo et les Deux-Alpes, à deux jours de l’arrivée à Milan. On ne montait pas jusqu’en haut du Galibier mais ça avait été un cauchemar pour moi ! J’ai le souvenir d’avoir vécu une étape hyper compliquée. Cette étape sera certainement un haut-lieu du Tour de France, mais il y a encore plein d’étapes intéressantes. Je pense rien qu’à l’étape de Saint-Flour, qui n’est pas extrêmement difficile mais qui peut faire beaucoup de mal au peloton…
La responsable du conseil général de Vendée Véronique Besse a annoncé que l’équipe Europcar de Jean-René Bernaudeau serait au départ du Tour, qu’en pensez-vous ?
Je l’ai noté comme vous ! Point. Aujourd’hui nous ne connaissons pas encore les règles du jeu précises quant aux sélections des équipes pour le Tour en 2011. On nous avait dit en cours d’année que les dix-sept premières équipes du classement mondial 2010 seraient invitées d’office avec cinq formations invitées. Or récemment il semble avoir été décidé que les dix-huit équipes ProTour en 2011 seraient sélectionnées avec quatre équipes invitées. Ca change la donne mais pas tant que ça en ce qui nous concerne puisque nous ne sommes ni dans les dix-sept premières équipes du classement mondial ni dans le ProTour.
Vous serez donc candidats à une invitation…
Oui, quoi qu’il en soit, nous nous projetons sur le Tour de France 2011. Nous allons y travailler de manière consciencieuse, les places seront chères mais le choix me paraît tout de même beaucoup moins cornélien que l’année passée. Ca me semble beaucoup plus simple, à condition qu’on veuille bien nous laisser nous exprimer sur des courses intéressantes. L’équipe a mûri, a grandi, et n’a pas subi de bouleversements notables parce que j’ai confiance dans le groupe. Il fonctionne bien. Nous avons gagné vingt-huit courses cette année avec douze coureurs différents et je n’avais pas envie de déstabiliser cette bonne dynamique. Maintenant, le choix de la sélection des équipes pour le Tour ne m’appartient pas. Mon boulot de manager est de travailler par rapport à ces échéances-là du mieux que je peux.
La toute petite différence qu’il faudrait vous souhaiter l’année prochaine serait finalement que Jimmy Casper gagne un peu plus tôt dans la saison en 2011 ?
Je ne sais pas, je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose en fait. Il faut rester conscient que le choix n’était pas simple l’an passé. Nous avions une très forte envie d’aller sur le Tour mais à un moment donné il faut se résoudre à ne pas regarder derrière. Jimmy Casper a fait ce qu’il a pu. Je pense qu’il était comme le groupe, un peu bloqué et angoissé par cette échéance de sélection. La preuve c’est que Saur-Sojasun a vraiment pris son plein envol après l’annonce de la non-sélection de l’équipe. C’est un avis plus que favorable en ce qui me concerne par rapport au groupe : on a pu constater qu’il existait un véritable esprit de solidarité et que le savoir-gagner était là. Il faut ajouter aussi que nous n’avions pas eu la même approche de la saison que l’année précédente. Douze coureurs de l’équipe ont gagné sur dix-neuf membres de l’effectif, c’est ce que je retiens le plus. Qu’une équipe ne tourne pas autour d’un seul coureur, c’est quelque chose de très important pour moi.
Quel va être le programme à venir pour Saur-Sojasun ?
Nous allons avoir un premier stage à partir du 15 novembre. Nous allons fonctionner par ateliers individuels. Les gars ne seront réunis qu’une seule journée ensemble, après nous fonctionnerons par petits groupes de quatre à cinq coureurs qui ne resteront que deux jours maximum avec nous, de manière à ce que nos coureurs, sur le mois de novembre, puissent consacrer un maximum de temps à leurs proches et à leur vie personnelle. Je pense que ce sont des moments à ne pas négliger. La saison est relativement longue et j’ai besoin d’esprits frais et de physiques frais. Tout ce ressourcement se travaille en famille, c’est notre façon de fonctionner depuis le début.
Propos recueillis à Paris le 19 octobre 2010.