Stéphane, c’est déjà l’heure de la reprise avec les premiers stages. Cette reprise se fait-elle avec la même envie que les années passées ?
Oui, ça se fait avec la même envie, même peut-être un peu décuplée par rapport aux dernières années, parce que je vais entamer l’une de mes dernières années dans les pelotons. Je compte bien la faire du mieux possible pour prendre ma retraite sur une bonne note.
Est-ce à dire que vous abordez votre ultime saison ?
Je passe mon Brevet d’Etat cet hiver et si j’ai une opportunité de reconversion, je pense que je la saisirai. 2011 sera peut-être ma dernière année. Disons que je vais me décider pendant la saison, le but étant de faire une belle année et d’aller à fond jusqu’au Tour de France, qui va passer dans mon village en juillet prochain.
Avec toute l’expérience que vous avez accumulée, y a-t-il encore de la place pour des changements dans votre préparation hivernale ?
Non, j’arrive à un âge où on ne change plus les choses fondamentalement. On reste sur les mêmes bases d’année en année. C’est traditionnel et on ne changera pas tout pour les dernières années. Du côté des objectifs, cela fait deux ans que je n’ai pas gagné donc l’objectif premier sera de regagner une course, n’importe laquelle. J’ai obtenu huit succès durant ma carrière et j’aimerais faire gonfler un petit peu le compteur. Si je suis toujours offensif, je peux y arriver, et comme c’est dans mon tempérament…
Combien de kilomètres avez-vous parcourus cette année ?
J’ai fait une saison 2010 à 28 000 kilomètres et 90 jours de course. Je pense que c’est pas mal, je n’ai fait qu’une ou deux fois plus de 30 000 kilomètres dans une année mais je n’en vois pas trop l’utilité. J’essaie de faire de la qualité plutôt que de la quantité. L’hiver, je ne dépasse pas les trois heures de vélo. Je ne fais que du foncier, un peu de VTT et quelques cyclo-cross en janvier pour faire du rythme.
L’équipe Cofdis travaille avec un entraîneur renommé, Vincent Villerius, utilisez-vous ses conseils ?
Je m’en sers car c’est très utile. Je vais être franc, je n’applique pas tout à 100 %, mais il me donne pas mal de conseils. J’ai appris à travailler avec le SRM, un capteur de puissance, à l’entraînement. Vincent est très compétant dans son domaine et pour des jeunes il est très utile. Après, je discute avec Vincent mais je possède aussi ma propre expérience.
Quel est votre sentiment vis-à-vis de la décision de l’UCI de maintenir Cofidis en 2ème division ?
Pour parler sans langue de bois, l’UCI change chaque année les règles du jeu. On s’y perd, le public s’y perd. Elle fait tout simplement ce qui l’arrange. Cofidis est donc reléguée en 2ème division mais les règles du jeu me semblent tronquées. Malheureusement on n’y peut rien, on connaît le système de l’UCI…
Cela va-t-il influer sur votre programme en 2011 ?
Ca va nous empêcher peut-être de faire quelques courses de haut niveau. Malgré tout on a su montrer cette année que nous étions forts sans être dans le ProTour. On a la chance d’être invités sur pas mal d’épreuves : le Tour de Catalogne, Paris-Nice, la Vuelta et même le Giro… Si nous conservons les mêmes invitations, la motivation restera intacte.
Les places sur le Tour de France vont être chères néanmoins entre les équipes françaises, aurez-vous une pression particulière en début de saison ?
La pression, on se la met seuls. On sait ce qu’on a à faire, on est professionnels et on a tous envie d’être sélectionnés pour le Tour. Naturellement, on fera un bon début de saison pour y arriver, après nous sommes conscients que les autres équipes françaises vont vouloir faire également un bon début de saison. Mais nous avons l’avantage d’avoir vu comment faire cette année et nous aurons des coureurs prêts pour le début de saison.
Quel bilan tirez-vous à titre personnel de la saison 2010 ?
Mitigé. Je suis satisfait d’être toujours présent, de février à octobre. Je fais toujours des échappées et je représente bien l’image de Cofidis en attaquant. Chaque année j’aime bien gagner mais ça n’a cette fois pas souri. Je n’ai pas eu ce petit plus, qui est dû peut-être au manque de fraîcheur, de petites choses que je vais essayer de recadrer l’an prochain.
L’équipe a bien marché tout de même en 2010…
Oui, l’équipe va bien. On peut compter sur tout le monde, on sait que certains seront là en début de saison, d’autres à la fin. On a pas mal de jeunes dans l’équipe et mon rôle sera de les manager un peu, de leur donner des conseils. On a tous les ingrédients pour être là au haut niveau en 2011.
Les conseils, vous les donnez de vous-même ou ce sont les jeunes qui viennent les chercher ?
Il y a les deux. Quand un jeune vient demander des conseils, on apprécie. Il y a une forme de respect, ça fait toujours plaisir. Après, il y a un échange. Certains sont un peu timides donc on va vers eux. Un garçon comme Yoann Bagot a fait un stage avec nous en fin d’année, j’ai couru un peu avec lui et le courant passe bien. C’est pareil pour Florent Barle Nicolas Edet et Adrien Petit, les autres néo-pros. Ils sont demandeurs d’informations et c’est bien.
Si l’on en revient à votre reconversion, quels sont vos projets d’avenir ?
Je passe mon Brevet d’Etat en tant que sportif de haut niveau au CREPS de Bourges. Il me reste deux semaines à passer, puis j’aurai trois jours en mars pour un oral. C’est un premier bagage qui pourrait me permettre d’être directeur sportif. C’est quelque chose qu’il me plairait de faire à l’avenir. Je communique bien, je suis apprécié des coureurs, donc ça me plairait vraiment.
Vous collaborez aussi avec la marque sportswear Grupetto…
Je me suis associé avec un copain, Olivier, qui a créé cette marque et gère les trois quarts de l’entreprise. Je l’aide à communiquer sur la marque quand j’en ai le temps, j’ai pris des parts dans l’entreprise, et on essaie de se faire connaître. On ne se prend pas trop la tête, ça me prend 10 % de mon temps sur une année, mais si ça peut marcher dans le monde du vélo, tant mieux. Dans le sud-ouest, Serge Blanco a réussi avec ses vêtements, pourquoi ne pas en faire autant avec Grupetto.
Propos recueillis à Gréoux-les-Bains le 1er décembre 2010.