Sébastien, après six années passées dans le groupe de Jean-René Bernaudeau, vous porterez les couleurs d’Ag2r La Mondiale l’an prochain. Qu’est-ce qui a motivé ce transfert ?
Beaucoup de choses m’ont motivé à changer d’équipe. Bien qu’Europcar ait fait une demande pour revenir dans le WorldTour, je voulais intégrer une formation qui avait l’assurance d’en faire partie l’an prochain. J’ai 29 ans et je n’ai plus de temps à perdre. Chez Europcar je ne me sentais plus progresser et on ne me faisait pas confiance. On me mettait des bâtons dans les roues. Avant que je ne m’enterre et que ma carrière ne s’achève, j’ai donc préféré changer d’équipe. J’en sens déjà les bénéfices. Après le stage de cohésion organisé sur une semaine à Montgenèvre en novembre, je me suis senti relancé. C’est une grosse motivation pour l’année prochaine.
Quelles ont été vos premières impressions quant à l’équipe Ag2r La Mondiale à l’issue de ce stage dans les Hautes-Alpes ?
J’ai trouvé l’atmosphère très bonne. J’y ai trouvé une bonne cohésion de groupe, un groupe déjà très soudé. Je n’ai connu que la structure Europcar chez les pros mais je n’ai jamais vu une équipe aussi soudée sur vingt-neuf coureurs. Maintenant, je vais essayer de faire les choses bien et de monter vers le haut avec l’équipe. Je sais que l’équipe a été critiquée mais ce que j’y ai découvert n’a rien à voir avec ce que certains ont pu dire. Je suis très content d’intégrer ce groupe.
Quel a été le programme de ce rassemblement hivernal ?
Ski de fond, randonnée, course à pied… Chacun faisait les activités dans lesquelles il se sentait le plus à l’aise. Pour ma part je suis nul en ski de fond alors j’ai fait de la course à pied et de la luge avec les copains ! On s’est amusés, c’était un stage basé sur la cohésion. Ça nous a permis de tous nous rencontrer et de faire connaissance. Je ne connaissais pas le staff, ça m’a permis de rencontrer tout le monde, et c’était vraiment génial.
Faire son entrée dans une nouvelle équipe après six années dans le même groupe, c’est un nouveau départ. Comment avez-vous négocié ce changement ?
On appréhende toujours. D’un côté ça m’a ennuyé de devoir tourner une page. Jean-René Bernaudeau m’a fait passer pro, je le respecte et je le remercie énormément. Maintenant le temps était venu de changer si je voulais continuer à progresser. Il n’empêche que ça fait bizarre de changer d’équipe. Il faut y trouver ses marques mais je vais m’y faire. Je fais du vélo parce que j’adore ça et je veux à nouveau gagner des courses.
Vous évoquiez votre sentiment de ne plus progresser avec Europcar. Pour quelle raison ?
Je ne me sentais plus progresser, c’est vrai. Déjà parce que nous n’étions pas dans le WorldTour, même si c’était certes avant tout une question de budget. Mais j’avais aussi le sentiment qu’on me mettait des bâtons dans les roues. Je n’ai pas été sélectionné pour le Tour de France après mes deux premières participations en 2010 et 2011. Idem pour Damien Gaudin. Je ne me sentais vraiment plus à l’aise dans cette équipe. Il fallait que je change.
Chez Ag2r La Mondiale, vous avez déjà trouvé écho à vos aspirations. Comment cela se traduit ?
Déjà, on me fait confiance pour les classiques. Je vais reprendre ma saison de bonne heure, au Tour Down Under, car j’ai fait une petite saison en 2013. J’ai fait un bon début de saison jusqu’à Paris-Roubaix (NDLR : 15ème de Milan-San Remo, 10ème du GP E3, 8ème du Tour des Flandres et 10ème de Paris-Roubaix), puis je n’ai plus rien fait du tout. Maintenant, pour retrouver le niveau, il me faut faire des bornes. C’est pourquoi je vais reprendre à courir rapidement pour me permettre de progresser. L’avantage que j’ai avec Ag2r La Mondiale c’est que je vais pouvoir commencer en Australie dès le mois de janvier et ainsi préparer de bonne heure la campagne des classiques.
Vous aurez 30 ans entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Le cap de la trentaine est gage de maturité pour un chasseur de classiques, ça ne vous a pas échappé…
Disons que ça fait vraiment deux ans que je sens avoir grandement évolué sur ce terrain-là. Il est clair que j’ai encore une marge de progression. Et la confiance que va me donner Ag2r La Mondiale ne peut que me motiver deux fois plus. Je vais me défoncer, comme je le fais tous les ans, et essayer de faire au mieux.
Avec Steve Chainel et Damien Gaudin, vous partagerez un rôle charnière sur les classiques. Quelles seront les autres définitions de votre poste ?
On va m’attendre sur les classiques, c’est sûr. J’y serai leader, mais à côté de cela j’aspire à jouer un rôle de « coéquipier de luxe ». C’est le rôle que je jouerai dès Paris-Nice aux côtés de Jean-Christophe Péraud. Et si tout va bien je ferai mon retour sur un Grand Tour. La Vuelta c’est sûr, pas encore le Tour. Nous verrons déjà comment ça se passe sur Paris-Nice. Etre leader sur les classiques et coéquipier sur les autres épreuves me convient très bien. Les choses sont clairement établies et ça me plaît comme ça.
Propos recueillis à Vigneux-de-Bretagne le 23 novembre 2013.