Sandy, vous voilà vainqueur d’étape sur le Tour de France pour la troisième fois de votre carrière, était-ce un coup prémédité ?
Dès ce matin, je voulais faire quelque chose. Mais quand on part de Morzine, ça ne part jamais dès la première tentative. Or là c’est parti dans les Gets. J’ai voulu tenté, dans le final on s’est aperçu que les poursuivants levaient le pied. Ca faisait mal mais je me suis dit que l’arrivée était au sommet de la Madeleine et j’ai tenu bon. Je voulais que ça avance, que ça aille jusqu’à l’arrivée, donc je n’ai pas hésité à collaborer dans l’échappée.
Comment avez-vous abordé le final de cette étape ?
J’avais repéré le final sur le road-book. Depuis ma 2ème place derrière Cyril Dessel à Jausiers, en 2008, je suis plus méthodique. Après, c’est toujours difficile d’imaginer une arrivée entre un road-book et la réalité. Par exemple je n’imaginais pas le final si dur, en faux-plat montant. Et puis je savais que Schleck et Contador rentraient et personne ne voulait plus rouler dans les 5 derniers kilomètres. J’ai essayé de faire avancer l’échappée, de ne pas y penser, pour que ça ne s’arrête pas si près du but. Et puis dans le final j’ai été surpris quand Schleck est rentré et a tout de suite pris la tête. Je savais qu’il fallait prendre l’avant-dernier virage dans les deux premiers, je me suis retrouvé en tête, il restait 350 mètres alors j’ai temporisé puis j’ai tout donné dans les 200 derniers mètres.
Racontez-nous votre sprint…
J’ai abordé les deux derniers kilomètres en tête, personne ne voulait relayer mais je voulais pouvoir contrôler le sprint, je n’arrivais pas à me mettre derrière. Je me suis fait un peu coincer. J’avais vu sur le profil qu’il y avait un virage à gauche, 300 mètres en ligne droite et un dernier virage à 80 mètres. Je savais qu’il fallait virer dans le dernier virage en tête, je ne voulais pas me faire piéger comme à Jausiers par Cyril Dessel. J’ai pris le dernier virage à la corde et j’ai gagné.
Vous avez longtemps collectionné les places de 2ème, or c’est là votre troisième victoire…
Je n’arrivais pas à gagner. J’ai fait souvent 2ème d’étapes sur le Tour. Or on ne part jamais pour faire 2ème, on est toujours déçu quand on fait 2. L’année dernière j’ai fait deux fois 2. Dans le final j’y pensais mais je ne voulais pas faire un blocage là-dessus. Je n’ai pas voulu douter. Je porte un tout nouveau maillot et je tenais à l’honorer car notre sponsor a choisi de repartir pour quatre ans. C’est bien pour la Française des Jeux, avec un nouveau maillot et une nouvelle envie. On voulait faire plaisir à notre président, qui nous soutient depuis toujours.
N’avez-vous pas trop longtemps fait de complexe dans le dernier kilomètre ?
Peut-être mais là je savais qu’il fallait surveiller Luis-Leon Sanchez en priorité, je sais aussi que Damiano Cunego va très vite, ce sont les deux coureurs que j’ai surveillés de près. Dans le dernier virage, Sanchez a voulu passer devant mais il avait fait beaucoup d’efforts dans la Madeleine, il a beaucoup roulé. Il a joué aussi l’intox car il n’est pas si mal que ça, mais quand j’ai lancé le sprint, je ne réfléchissais plus à tout ça.
Comment expliquez-vous que vous marchiez si bien en juillet ?
C’est difficile à dire. Ma meilleure période a toujours été mai, juin, juillet. Le Tour, ça tombe bien. J’adore la chaleur. Alors quand vient juillet… Bizarrement, je n’ai pas trop supporté les grosses chaleurs des derniers jours. Mais le Tour, c’est spécial. Et tant qu’on ne l’a pas fait, on n’est pas coureur. C’est une course vraiment différente.
La victoire d’étape, c’était votre objectif sur ce Tour ?
Non, tout au long de la première semaine, j’espérais encore pouvoir faire quelque chose au classement général. Je ne pensais pas que le Jura allait être aussi difficile. J’ai exposé dans la Ramaz, alors je me suis concentré sur une victoire d’étape. Cette étape me plaisait, difficile. Je ne l’avais pas cochée mais depuis que j’ai perdu du temps, j’y pensais. C’est le style d’étape où souvent j’arrive à faire quelque chose car je sais que je ne peux rien espérer d’une étape qui arrive en altitude.
C’est une belle victoire pour la Française des Jeux, car Christophe Le Mével semble moins fort cette année ?
Vous savez, je devais aussi faire le général, j’ai aussi eu un coup de moins bien. C’est ça le vélo, on ne peut pas toujours faire ce qu’on veut. On a souffert de la chaleur. Même les leaders. On a eu en plus une première semaine très difficile, nerveusement les trois premiers jours, puis la chaleur. Cette première semaine va laisser beaucoup de traces, il faut voir ça aussi.
Propos recueillis à Saint-Jean-de-Maurienne le 13 juillet 2010.