Sacha, vous avez fait des débuts en fanfare cette saison avec déjà quatre victoires au compteur. C’est idéal pour vous qui venez de rejoindre Lampre-Merida.
J’espérais bien figurer, mais je ne pensais pas être si bien. Je voulais aussi faire bonne impression, comme je suis nouveau dans l’équipe. J’ai gagné quatre courses depuis le début de la saison, mais je ne vais pas prendre la grosse tête. Les vrais objectifs restent encore à venir. Il y a de belles courses où je veux être présent. Je reste les pieds sur terre.
Pour un sprinteur, il est toujours important de gagner très tôt dans la saison pour la confiance…
Oui, bien sûr, le fait d’avoir bien commencé la saison me rend confiant. Normalement, c’est aussi un signe d’une bonne saison. Quand on gagne tôt, c’est toujours plus facile de garder une bonne condition, mais aussi d’être bien dans la tête. Donc, oui, je suis confiant, mais je le suis également pour l’équipe. Je me sens bien entouré dans une équipe de haut niveau. Tout est réuni pour connaître une bonne saison.
Quelles sont les courses sur lesquelles vous voulez être présent ?
Je ne suis pas du genre à pointer une course en particulier. Si je me fixe un objectif précis, je ne me concentre pas sur d’autres courses. Je ne veux pas perdre de belles occasions qui pourraient se présenter à moi. Je me sens bien et je cours pour gagner. Les courses auxquelles je vais participer avec Lampre-Merida seront forcément des courses de haut niveau. Chacune sera importante. Mais c’est vrai que remporter une grande classique serait un rêve.
Après quatre Tours d’Italie avec Bardiani, allez-vous découvrir un autre Grand Tour ?
Oui, j’ai participé au Giro au cours de mes quatre années chez eux. Avec les entraîneurs, le staff et les managers de Lampre, nous nous sommes aperçus que j’avais un bon pic de forme en juillet. C’est la raison pour laquelle j’irai me tester sur le Tour de France : pour essayer de profiter de cette bonne condition que je peux avoir durant l’été. Participer au Tour de France est un rêve. C’est la plus grande course au monde et le troisième plus grand événement sportif. Je vais y participer avec de grandes ambitions. Mon désir, c’est d’y gagner une étape. Lever les bras, ça reste à jamais gravé dans ta mémoire. Je sais qu’au Tour, les meilleurs sont là. C’est pour cette raison qu’il sera important d’avoir une bonne équipe et d’être bien entouré. Il faut que toutes les conditions soient réunies pour me confronter à ce très haut niveau. Je suis vraiment confiant pour que l’équipe qui sera autour de moi mette tout en œuvre pour que je sois en position pour gagner.
Le moment était-il venu pour vous de quitter Bardiani ?
J’ai passé quatre ans là-bas, je pense que c’était la bonne durée. Même au bout de trois ans, je pense que j’aurais pu passer en WorldTour. Cette année, c’était le moment. J’ai 26 ans et j’étais le plus vieux de l’effectif. Je n’avais plus rien à apprendre là-bas. Le temps était venu de poursuivre mon apprentissage ailleurs. Le fait d’avoir passé quatre ans dans une continentale pro m’a permis d’arriver chez Lampre comme un leader. J’aurais une équipe qui bossera pour moi. Ce que j’ai construit chez Bardiani me servira ici. Je suis reconnaissant envers cette équipe et je suis content d’être traité comme un leader. C’est quelque chose que j’ai appris aussi là bas. D’autres ont voulu passer tout de suite en WorldTour. Dans mon cas, c’était bien d’avoir une bonne base chez Bardiani. Maintenant je me sens bien, prêt à assumer les responsabilités qui me seront données.
Cela veut-il dire que Davide Cimolai ou Maximiliano Richeze se mettront à votre service ?
Oui, je suis réellement perçu comme un leader. Je suis persuadé que nous avons un train très fort. Mais j’espère aussi que je pourrai renvoyer l’ascenseur aux autres, et notamment à Maximiliano Richeze. Il a joué un grand rôle dans mes victoires depuis le début de la saison. Il a fait le travail de quatre ! Au moment opportun, j’espère pouvoir faire la même chose pour lui, car il le mérite.
Avec ce train, pensez-vous être en mesure de battre les purs sprinteurs, et Peter Sagan, dont le profil se rapproche plus du vôtre ?
Je ne suis peut-être pas un pur sprinteur, mais un coureur capable de bien marcher sur les arrivées en bosse. Mark Cavendish me respecte beaucoup. Il me dit que je suis un bon coureur et je veux bien le croire (il rit) ! Je suis persuadé qu’avec un bon train et si toutes les conditions sont réunies, je peux jouer la gagne face à eux. On verra au Tour de France. C’est la course par excellence pour savoir où l’on en est. Rui-Alberto Faria Da Costa sera également présent. En tant que champion du monde, il visera une place au classement général. Il aura aussi besoin d’une équipe à sa disposition. L’équipe décidera des coureurs que j’aurai autour de moi pour le Tour.
Votre préparation pour le Tour de France passera-t-elle par d’autres courses en France comme Paris-Nice ou le Critérium du Dauphiné ?
Je ferai Tirreno-Adriatico pour préparer Milan-San Remo. Ensuite, je ferai les classiques avec le GP E3, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Après, je ferai une pause et je reprendrai peut-être au Tour de Turquie. Je ferai le Tour de Suisse en préparation du Tour de France. Ensuite, c’est un vrai point d’interrogation. Je vais discuter avec Davide Cassani et la sélection nationale. Apparemment, le Championnat du Monde pourrait se conclure par un sprint de 30-40 coureurs. Pourquoi ne pas le préparer vraiment sérieusement ? Il y a tout de même plus de 4200 mètres de dénivelé, c’est beaucoup.
Vous avez terminé 4ème de Milan-San Remo en 2010, une telle performance est-elle à nouveau réalisable si le nouveau parcours est maintenu ?
Au Challenge de Majorque, le Trophée Campos que j’ai remporté est très vallonné. Seuls 22 coureurs ont terminé dans le même temps. Certes, ce n’est pas l’adversité que je vais rencontrer à Milan-San Remo, mais c’est bon signe. Je vois le changement de parcours comme une opportunité plus que comme une difficulté supplémentaire. Je suis un sprinteur qui sait bien passer les bosses. Je peux y jouer la gagne, car les purs sprinteurs ne passeront pas. Dans l’équipe, ce pourrait être moi, mais cela pourrait être Filippo Pozzatto ou Diego Ulissi. Nous avons l’une des équipes les plus complètes pour Milan-San Remo. Mon rôle sera de m’accrocher auprès des meilleurs et d’attendre le sprint. Nous avons plusieurs cartes à jouer, c’est ce qui peut être intéressant.
Propos recueillis à Alcudia, le 14 février 2014.