Il incarne aux yeux de beaucoup d’observateurs l’avenir du cyclisme français. A 22 ans, le Bayonnais Romain Sicard (Euskaltel-Euskadi) est devenu l’an dernier l’un des plus grands espoirs du peloton national en s’adjugeant la Subida al Naranco (une course professionnelle espagnole dans laquelle il avait vaincu en côte le champion olympique Samuel Sanchez), le Tour de l’Avenir et pour couronner le tout le Championnat du Monde Espoirs. Le coureur basque a de l’avenir, et l’équipe Euskaltel-Euskadi, qu’il a intégrée après un an de formation dans le vivier de la formation Orbea, croit fort en lui. Pour ses débuts au plus haut niveau, elle lui a concocté un programme de rêve. Après des débuts au Tour Down Under, Romain Sicard s’est mis en avant tout au long du week-end au Tour du Haut Var. On le retrouvera sans doute devant en mars sur Paris-Nice.
Romain, comment ont été les jambes ce week-end au Tour du Haut Var ?
J’ai réalisé un très bon week-end. Samedi, j’étais motivé en début d’étape pour aller dans la bonne échappée et les jambes ont bien répondu dès le départ. J’ai réussi à me glisser dans l’échappée. Après ça a été dur, bien sûr, car ça a roulé tout le temps vite, mais finalement ça a été du bonus. On est en début de saison et c’est toujours un bon entraînement.
Dans ce peloton, vous êtes-vous senti à votre aise avec les noms prestigieux qui couraient à côté de vous ?
Physiquement, pas forcément, car l’échappée n’a jamais eu beaucoup de marge de manœuvre. Il a toujours fallu s’employer. Certains étaient sans doute mieux que moi mais c’est toujours intéressant de se donner et de faire des efforts.
Etre offensif à l’avant comme ça, c’est le meilleur moyen pour vraiment passer le cap des amateurs aux professionnels, est-ce votre volonté ?
L’an dernier, je l’avais pris comme ça en essayant d’aller le plus possible de l’avant. Finalement, j’ai senti que ça m’avait aidé à progresser. Je pense que c’est le meilleur moyen de s’améliorer, de forger son expérience aussi. On apprend beaucoup des échappées.
Comment récupérez-vous du passage des amateurs aux professionnels ?
Il faudra voir au fil des courses. Maintenant c’est sûr que les courses sont plus longues, que le rythme est plus rapide, donc c’est toujours plus compliqué. Je ne sais pas trop encore si je suis en forme. J’attends toujours de me jauger un peu sur ce début de saison. Ce week-end ça a été mais j’attends d’être un peu plus en forme un peu plus tard dans la saison. Pour le moment, ça va.
Quelle est la plus grande différence entre le monde des amateurs et celui des pros ?
Je dirais que c’est sans doute la puissance et la capacité à s’organiser. De mon côté, durant l’hiver, j’ai continué à augmenter les charges petit à petit. Il faut y aller progressivement et ne pas brûler les étapes.
Vous êtes resté dans la même structure en quittant le vivier Orbea pour rejoindre l’équipe première qu’est Euskaltel-Euskadi. Est-ce un parcours que vous recommanderiez ?
C’est intéressant de rester dans la même structure parce qu’on suit un même projet, les entraîneurs se connaissent, ils savent le travail qu’on a fait et celui qu’il reste à effectuer. C’est un plus.
Avez-vous été surpris de la médiatisation obtenue alors que vous étiez encore peu connu avant votre titre de champion du monde Espoirs ?
C’est sûr que ça a été un gros changement mais je commence à m’y faire un petit peu. J’essaie de garder le maximum de recul là-dessus en gardant en tête des priorités qui sont de s’entraîner et de rester concentré en course.
A travers vos débuts chez les pros, quels sont les coureurs qui vous ont déjà le plus impressionné dans le peloton ?
J’en ai vu quelques-uns au Tour Down Under, notamment Cadel Evans, Alejandro Valverde ou Luis-Leon Sanchez, des coureurs comme ça. Ils étaient déjà au-dessus du lot.
Quelle est la principale chose que vous ayez apprise depuis le début de la saison ?
Il y a toujours beaucoup de choses à apprendre, mais ce que je retiens de mes premières compétitions, c’est qu’il faut toujours rester placé, courir devant. Ca roule vite, il y a beaucoup de puissance et il faut travailler.
Quel va être votre programme sur les semaines à venir ?
Je vais faire deux semaines d’entraînement, puis ce sera Paris-Nice et les classiques flandriennes avec le Tour des Flandres, Gand-Wevelgem et Paris-Roubaix. C’est un beau programme pour apprendre !
Propos recueillis à Draguignan le 21 février 2010.