Romain, Liège-Bastogne-Liège est-elle la course d’un jour qui vous fascine le plus ?
Oui. D’abord, Liège-Bastogne-Liège est la classique qui me convient le mieux. C’est la course qui me fait le plus envie. Tout une mythologie entoure la Doyenne. J’attends chaque édition avec impatience. Je ne connais pas les courses flandriennes, mais en ce qui concerne les classiques ardennaises, c’est la plus dure. Plus encore que le Tour de Lombardie où vous êtes dans une phase descendante. Demain, tous les leaders et les équipiers seront au sommet de leur forme.
Vous possédez un tempérament d’attaquant. Espérez-vous que la Doyenne sera plus ouverte que l’an dernier ?
Avec un parcours où les difficultés seront condensées, j’espère que les attaquants vont se mettre en avant. L’an dernier, l’arrivée était un peu décevante. Mais lorsqu’il faut lancer le sprint final à 150 mètres, peu de coureurs sont capables de se mettre en danseuse. Même s’il y a soixante coureurs dans les derniers kilomètres, ce n’est pas grave. Tout le monde sera extrêmement fatigué. C’est une course d’usure.
La pluie, qui est annoncée, vous effraie-t-elle ?
Non. Ce sera la première édition que je vais courir sous la pluie. Je dois plutôt m’en réjouir parce que la course en sera d’autant plus difficile. Ce sera un facteur qui permettra d’isoler davantage les favoris.
Vous manquiez de jours de compétition avant le Tour du Trentin. Avez-vous récupéré ce retard ?
Oui. Je suis très content de ma condition actuelle. La forme est venue jour après jour au Tour du Trentin. Tous les voyants sont au vert. Je suis quand même un peu dans l’inconnue car cette préparation est une première pour moi. Je suis très confiant et j’ai hâte de mettre à profit cette forme pour accomplir un beau résultat demain soir.
Comment les rôles seront-ils répartis dans l’équipe avec Domenico Pozzovivo ?
Nous avons la chance d’avoir une équipe avec plusieurs leaders. Collectivement, nous sommes assez forts. On peut aussi citer Rinaldo Nocentini, qui a déjà fait plusieurs places d’honneur. Avec Domenico Pozzovivo, nous possédons un peu les mêmes caractéristiques. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas attendre la côte d’Ans pour faire la différence. Il va falloir qu’on soit les dynamiteurs de la course.
Pour surprendre les coureurs comme Valverde ou Rodriguez, que pourriez-vous tenter ?
Il y a souvent un marquage entre les grands favoris. Des outsiders ont alors la possibilité d’attaquer dans la côte de Saint-Nicolas ou dans la Roche-aux-Faucons. Rares sont ceux qui, comme Nibali, tentent leur va-tout loin de l’arrivée. Il ne faudra pas être attentiste. Si on arrive avec Alejandro Valverde ou Joaquim Rodriguez à Ans, la victoire sera impossible.
Quels seront les points stratégiques de cette 101ème édition de Liège-Bastogne-Liège ?
Les trois dernières côtes seront très importantes. Dans la Redoute, on a tendance à voir une première observation avec des seconds couteaux qui partent. Mais les choses sérieuses ne commencent souvent qu’à Saint-Nicolas. Cependant, cette année, avec le nouvel enchaînement de côtes après le Rosier, on pourrait voir une course plus dure dès la Redoute.
Que pensez-vous justement des petites modifications dans le parcours ?
Les parcours sont importants mais ce sont les coureurs qui font la course. Je n’ai pas d’attentes démesurées quant au parcours. Souvent, le plus décisif est l’enchaînement des côtes et les portions de route qui les séparent. Le niveau est très homogène. Il n’y aura pas de grosses différences dans les ascensions, surtout s’il reste encore beaucoup d’équipiers.
A l’Amstel Gold Race et à la Flèche Wallonne, les Français ont fait bonne figure. Dans cette nouvelle génération tricolore, y a-t-il une envie plus grande de briller dans les classiques ?
Il y a un goût certain pour les courses d’un jour. Maintenant, nous avons surtout l’impression de pouvoir y jouer un rôle. L’envie vient de cette sensation d’être acteurs. Jouer la gagne sur ces épreuves prestigieuses est un catalyseur pour beaucoup de coureurs français.
Qu’avez-vous pensé des deux premières classiques ardennaises ?
En voyant les images de l’Amstel Gold Race, j’étais content de ne pas y être. Il restait encore énormément de coureurs au pied des dernières côtes. C’est décevant. Je n’aurais pas eu grand-chose à y faire, à moins de tenter ma chance comme Vincenzo Nibali. Je trouve que l’Amstel Gold Race a perdu de son charme. C’est dommage qu’il y ait autant de marquage entre les favoris. En revanche, la Flèche a fait un grand pas en avant avec l’instauration de nouvelles difficultés avant le Mur de Huy. Elles ont permis d’écrémer le peloton.
Propos recueillis par Pol Loncin à Liège le 25 avril 2015.