Roger, quel bilan pouvez-vous faire de ce Tour de France 2016 ?
C’est vraiment fou de se dire qu’on est venus gagner cinq étapes sur ce Tour de France. Ça représente presque un quart des étapes ! Nous aurions signé de deux mains pour un tel bilan ! La performance des coureurs est incroyable. La victoire sur la première étape et le maillot jaune de Mark Cavendish à Utah Beach nous a placés dans une bonne dynamique. À partir de là, tout s’est amplifié.
La victoire d’un Anglais à Utah Beach est aussi forte en symbole…
C’est un site historique très important pour les Britanniques, pour les Français. En fait, pour tout le monde. C’était également un jour historique pour l’équipe avec un premier maillot jaune. C’était très important pour Mark, il désirait porter le maillot jaune au moins une fois sur le Tour de France. Le premier jour nous a donc livré beaucoup d’émotions. Nous ne pouvions pas rêver d’un meilleur départ. Nous en avons tous rêvé, mais la réalité était incroyable.
Vous attendiez-vous à gagner autant d’étapes avec Mark Cavendish, porteur du dossard 101 sur ce Tour ?
Il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas savoir. J’avais vu que Mark avait une bonne condition avant le Tour au Championnat de Grande-Bretagne. Quand Mark est en bonne condition, on ne peut pas savoir ce qu’il peut se passer. Nous espérions plusieurs victoires, mais quatre, c’est un total vraiment impressionnant. C’est en tout cas au-delà de nos attentes. Mark était le meilleur sprinteur de cette année.
Expliqueriez-vous ce retour de Mark Cavendish grâce au changement d’équipe ou à l’entraînement sur piste qu’il a mené dans l’optique des Jeux ?
On ne peut pas dire qu’il y ait une seule raison. L’entraînement sur la piste lui apporte cette façon de pédaler vite avec une grande cadence. Pour moi, c’est aussi qu’il s’est plus focalisé sur l’entraînement avec de nouveaux objectifs, de nouveaux buts comme porter le maillot jaune ou cette médaille d’or olympique. Ce n’est pas souvent qu’un sprinteur a la possibilité de revêtir le maillot jaune sur le Tour de France. Il y avait beaucoup de facteurs qui ont fait que Mark est arrivé en grande condition au Grand Départ au Mont-Saint-Michel.
Vous espériez une nouvelle victoire d’étape pour Steve Cummings, un an après celle de Mende ?
Pourquoi ne l’aurait-il pas fait ? Il avait gagné une étape à Tirreno-Adriatico, une autre sur le Dauphiné, à chaque fois de manière convaincante, donc forcément il est venu avec l’ambition d’en gagner une sur le Tour. Mais il avait un peu la pancarte de celui qui veut gagner et c’est dur de le faire quand vous l’avez. Le voir résister à Vincenzo Nibali dans le col d’Aspin avant la plongée sur le lac de Payolle était vraiment impressionnant.
Considérez-vous la 2ème place de Serge Pauwels au Mont Ventoux comme une déception ?
Oui c’était une déception. Même quand vous gagnez cinq étapes, une deuxième place résonne comme une occasion manquée. Mais si on doit prendre cela d’un point de vue individuel, c’était une performance fantastique. Finir deuxième sur une telle étape de montagne, si près de la victoire… Ne pas gagner est évidemment une déception, mais c’était une performance fantastique de la part de Serge.
Jugez-vous que l’équipe Dimension Data a progressé depuis l’an dernier ?
L’an dernier, nous avions gagné une étape. C’était d’ailleurs une journée historique pour une équipe sud-africaine, puisque c’était le Mandela Day. Notre équipe semble surpasser ses ambitions chaque année. Nous avons poursuivi sur cette voie.
Comment avez-vous trouvé le parcours Tour de France 2016 ?
Je pense que c’était une bonne épreuve. On ne peut pas se plaindre quand on a gagné cinq étapes. C’était une belle course, il y a eu de belles batailles. Tout le monde n’a pas gagné, tout le monde n’a pas rempli ses objectifs. Mais c’est le cyclisme et c’est le principe même des courses par étapes. Elles ne se ressemblent pas d’une année sur l’autre, d’une course à l’autre.
Vous aimez beaucoup les pavés de Paris-Roubaix. Vous ont-ils manqué cette année ?
Je pense qu’ils ont leur place de temps en temps sur le Tour de France, mais ils ne doivent pas être présents tous les ans.
En revanche, si vous en aviez la possibilité et afin de rendre la course plus intéressante, vous supprimeriez les oreillettes, les points UCI ou les capteurs de puissance ?
Je n’en changerais aucun, car ça ne ferait pas de différence. Je veux dire que le capteur de puissance ne va pas rendre un coureur plus rapide en montagne que Chris Froome. Le Team Sky et Chris Froome ont dominé et enlever les oreillettes ou les capteurs de puissance ne changerait rien. On cherche des solutions à des problèmes qui n’existent pas vraiment. En revanche, j’aime l’idée de réduire le nombre de coureurs par équipe. Mais ils ont essayé de le réaliser. Le Tour de France perdrait un peu de son charme, car les équipes vont faire des reconnaissances. C’est un monument qui demande un énorme investissement tant en temps qu’en argent pour avoir un résultat. Si vous réduisez le nombre de coureurs par équipe, vous perdrez l’intérêt des équipes pour le Tour de France.
Propos recueillis le 24 juillet 2016 à Paris.