Rik, que retiendrez-vous du Tour de France 2016 de l’équipe IAM Cycling ?
On peut dire que le Tour a été réussi. Nous venions avec l’ambition de gagner une étape, et ça s’est concrétisé avec Jarlinson Pantano à Culoz, avant qu’il n’aille faire 2 à Finhaut-Emosson et Morzine. Nous sommes également venus avec un jeune sprinteur norvégien, Sondre Holst-Enger, qui a réalisé quelques bons trucs, et c’est de bon augure pour le futur. C’est un jeune en devenir. Sportivement, l’équipe a bien tenu la route. Le seul hic, c’est que Mathias Frank soit tombé malade. C’était notre leader pour le classement général mais nous l’avons perdu à mi-chemin. Ce qui n’a pas impacté notre façon de courir puisque c’est cette stratégie offensive que nous avions en tête d’appliquer sur toute la durée du Tour de France.
N’était-il pas finalement plus judicieux de viser des étapes qu’une place au classement général quand on voit les opportunités qui ont été laissées aux attaquants ?
Certainement, mais ce n’était pas plus facile pour autant. Quand on voit Dimension Data qui a gagné cinq étapes, Peter Sagan qui en a pris trois, ça n’en laissait pas beaucoup pour les autres. Il fallait être opportuniste et essayer d’en chercher une. Je privilégie toujours une équipe offensive à un Top 10 au classement général. Maintenant, si nous avons un coureur pour faire le podium, c’est différent, mais ce n’était pas notre cas. Nous voulions vraiment être offensifs, et c’est ce que nous avons fait.
Les coups d’éclat de Jarlinson Pantano vous ont-ils surpris ?
Pas vraiment, car je connais le coureur et ses qualités. Je le savais capable de faire ce qu’il a fait en troisième semaine de Tour. J’ai pris soin de ne pas l’envoyer dans des galères, sur des étapes qui ne lui convenaient pas ou sur lesquelles l’échappée n’avait pas vraiment de chance d’aller au bout. Il lui fallait préserver assez d’énergie sur ces étapes là pour pouvoir peser sur la course le jour où il serait dans l’échappée.
Comment qualifieriez-vous ce Tour de France d’un point de vue général ?
Je retiendrai simplement le rouleau compresseur de Sky. L’équipe a très bien maîtrisé son sujet. Et je dirai juste bravo car il faut tout de même le faire. Certes, ils ont les coureurs pour, mais au final ils gagnent encore le Tour de France. A côté de cela, les équipes qui voulaient être offensives et opportunistes ont eu leur part du gâteau. Toutes les équipes n’ont pas voulu courir de cette manière, et c’est tant pis pour elles.
N’y avait-il rien à faire de mieux face au rouleau compresseur des Sky ?
C’est difficile à dire. Il y a quand même eu pas mal de spectacle, même si c’est vrai que la première place était presque jouée d’avance. Sauf accident ou maladie. C’est aux équipes d’essayer d’être un peu plus créatives. Ça fait plusieurs années que les Sky adoptent la même stratégie. Avec un peu de recul, tu dois pouvoir analyser sa manière de courir et essayer de trouver une faille. Ce n’est pas toujours évident mais je pense qu’il y a quand même moyen de le faire quand on dispose d’une équipe avec deux coureurs capables de se placer au classement général… Je pense aux coureurs de Movistar, BMC ou Astana. Il y avait des stratégies à mettre en place contre cette grosse équipe Sky.
Cette domination de l’équipe Sky doit-elle inviter les équipes à se présenter au Tour avec d’autres objectifs dans les années futures ?
Je pense surtout que des équipes n’ont pas compris qu’il y avait moyen de combiner les deux. Avoir un coureur destiné à se battre pour le classement général ne doit pas faire perdre aux autres coureurs cette créativité qui doit leur permettre, en allant dans des échappées, d’aller chercher des étapes. Il y a tout à fait moyen de combiner ces deux objectifs, surtout quand tu as neuf coureurs en course. C’est une stratégie que d’autres équipes auraient dû adopter dès le départ, car à mon sens c’est tout à fait compatible.
Le marché des transferts s’est ouvert cette semaine, alors que l’équipe IAM Cycling s’arrêtera en fin d’année. Comment le vivez-vous en interne ?
Ce n’est pas évident de garder la motivation des coureurs quand on sait que l’équipe arrête. Ça a été annoncé bien en amont, c’est la fin de l’équipe et la plupart des coureurs se sont déjà engagés auprès d’autres formations. Même avec un repreneur, il n’y aura pas moyen de sauver ce groupe. Ça restera quand même une belle aventure de quatre années avec un sponsor qui s’est fait connaître et de beaux moments dans leur carrière pour certains de nos coureurs. Michel Thétaz, le fondateur de IAM Cycling, peut être fier de cette équipe. Même si la fin de l’aventure était annoncée, l’état d’esprit a permis d’effectuer des performances de choix. De mon côté, je suis toujours en négociation quant à mon avenir mais à ce jour rien n’est fait.