Pierrick, vous remportez votre troisième victoire d’étape sur le Tour de France, comment avez-vous négocié cette étape ?
J’ai attaqué quand on est revenu avec le groupe Contador, dans le Tourmalet. Mes supporters et ma famille étaient là. Je suis euphorique. C’est encore un grand moment. Je pensais avoir raté un petit peu mon Tour, j’ai voulu me rassurer l’autre jour dans une échappée avec Juan-Antonio Flecha et Sylvain Chavanel. Aujourd’hui, je pense que l’équipe Bbox Bouygues Telecom a réussi son Tour, on pourra partir contents de nous. On a montré qu’on était là, qu’il n’y a pas que les grands leaders qui ont le droit de gagner sur le Tour de France. Il y a aussi les baroudeurs !
Du fait de votre palmarès, personne ne semblait vouloir rouler avec vous lorsque vous avez attaqué ?
J’étais devant pour accumuler les points au classement de la montagne pour Anthony Charteau, pour défendre le Maillot à Pois. C’est pourquoi je me suis retrouvé devant aujourd’hui. Et puis finalement le peloton n’est pas revenu et j’ai pu jouer la gagne. Aujourd’hui, c’était particulier. Ca a été une journée difficile pour tout le monde avec le départ au pied du Peyresourde, l’Aspin, le Tourmalet, le Soulor, l’Aubisque. Ce sont des routes que je connais par cœur, que je parcours à l’entraînement.
Que s’est-il passé dans le Tourmalet avec Christophe Moreau ?
Christophe Moreau était là aussi pour marquer des points au classement de la montagne, c’était son objectif aujourd’hui. Chacun avait des objectifs à l’avant, Lance Armstrong était aussi devant pour finir son Tour en beauté. Car demain, c’est la journée de repos puis jeudi viendra encore une grosse étape. Pour nous, les baroudeurs, le Tour se finira vendredi soir.
Qu’avez-vous ressenti, échappé avec Lance Armstrong ?
La journée a commencé par le Peyresourde, il fallait rester concentré dès le départ, j’ai réussi à me concentrer sur les roues des leaders jusqu’en haut d’Aspin. Ca a roulé toute la journée jusqu’au pied du Tourmalet, et je me suis rappelé les moments forts de l’année dernière quand j’étais échappé avec Pellizotti. Avec Armstrong, dans le final, il ne voulait pas trop collaborer car il savait que j’étais le plus rapide du groupe. Je n’ai pas baissé les bras et j’y ai toujours cru.
On vous a souvent vu en tête mais rarement échappé, avez-vous douté ?
Oui car le Tour, c’est long mais ça passe très vite et j’avais peur de ne pas réussir. Je n’ai pas su répondre présent et ça m’a mis beaucoup de doutes. Finir ce Tour sans arriver pour la gagne pour une étape, je ne le voulais pas. Je préférais encore finir 2ème ou 3ème mais aujourd’hui j’ai gagné et c’est chose faite !
Jean-René Bernaudeau cherche un repreneur à Bbox Bouygues Telecom, serez-vous toujours de l’aventure l’an prochain ?
C’est un point d’interrogation. J’ai des contacts, j’en ferai part à Jean-René. Il faut voir mais pour le moment je veux me concentrer sur le Tour de France, le finir comme je l’ai fait aujourd’hui. Je savais qu’il fallait s’accrocher car ça allait être une journée difficile. Vraiment, je n’ai pas fermé la porte à Jean-René donc on verra. C’est une discussion qu’on doit avoir tous les deux, nous allons en discuter.
Propos recueillis à Pau le 20 juillet 2010.