Pierre, quel bilan tirez-vous de cette journée passée en tête ?
La déception de manquer l’étape l’emporte sur le fait de passer à côté du maillot à pois. Quand je me suis lancé dans la Madeleine, je croyais en ce que je faisais. Si tu ne crois pas en ce que tu fais une fois lancé c’est inutile d’insister. J’y ai cru honnêtement. Le maillot à pois en revanche, j’avais fait une croix dessus vu comme c’est compliqué d’exister dans ce classement avec Froome et Quintana.
Vous ne visiez que la victoire d’étape ?
Oui, le maillot à pois c’était vraiment la circonstance. J’étais parti pour gagner l’étape, et quand j’ai rejoint Ryder Hesjedal je me suis dit que c’était le bon client car il est très courageux, très vaillant, et qu’il ne compte pas ses efforts. Nous sommes aussi forts l’un que l’autre en montagne, à nous deux on aurait vraiment pu leur rendre la vie difficile derrière. Malheureusement ce n’était pas le Hesjedal qui a gagné le Giro, il était un cran en-dessous.
On vous a vu vous toucher le mollet dans le final, était-ce un signe de fatigue ?
J’ai souffert de crampes. Ça m’arrive rarement mais là l’effort a été tellement intense et long… J’ai dû adapter mon pédalage à cela.
Que vous a-t-il manqué pour accompagner Rui Costa dans la Croix Fry ?
Dans la Croix Fry j’y ai cru, d’autant que je connaissais ce col par cœur pour l’avoir repéré. Mais quand Costa est revenu, ça a lâché. On ne se satisfait pas d’être devant tout une journée. Le but c’était de gagner. Je suis un gagneur, c’est pour ça que je cours. Quand je me suis lancé dans la Madeleine pour aller chercher Hesjedal, c’était le but recherché. Après, quand il a lâché et que je me suis retrouvé tout seul, j’ai réussi à reprendre du temps dans les deux ascensions suivantes. J’ai pensé à la victoire toute la journée. Alors quand je me suis fait doubler, la tête a lâché et le corps aussi.
Vous n’avez plus qu’un point de retard sur Chris Froome au classement de la montagne, vous comptez forcément aller le chercher demain ?
Vous savez, demain, il y a 50 points en haut du Semnoz, et si le groupe Maillot Jaune joue la gagne, il me sera impossible de rivaliser. Il faudrait que je fasse partie d’une échappée au long cours et que je termine devant, mais c’est facile à dire. Il va déjà me falloir réapprendre à marcher parce que j’ai mal aux jambes et que j’ai hâte de me faire masser. Ça a été une très dure journée, toute la Madeleine tout seul derrière Ryder Hesjedal, tout seul derrière, tout seul devant, la pluie, le froid…
Dimanche vous risquez de porter le maillot à pois sur les Champs sans en être le possesseur, ce n’est pas dans votre caractère ?
Forcément, mais je sais que ça va être compliqué. Honnêtement si dimanche je fais le tour des Champs avec le maillot à pois sans être sur le podium ensuite je serai énormément déçu. Mes chances sont faibles de le remporter mais il y a une chance. Je vais maintenant essayer de faire le maximum pour récupérer au mieux pour demain.
Propos recueillis au Grand-Bornand le 19 juillet 2013.