8ème en 2010, 10ème en 2011, Pierre Rolland espère un Top 5 sur le Tour de France sur le Tour de France 2013. Et il l’assume. L’ancien Maillot Blanc a grandi au sein de la formation Europcar où il s’impose désormais comme un leader légitime et décomplexé.
Pierre, en 2012 vous avez terminé à moins d’une minute de la 6ème place du Tour de France, prétendre à un Top 5 cette année est-il possible ?
Oui, un Top 5 c’est réaliste. Par rapport au résultat de l’année dernière et si on enlève la chute de Metz, j’y suis largement. Après, il faut que tout se passe bien sur le vélo, mais concrètement c’est possible.
Se battre pour la gagne dans le Tour, y avez-vous pensé ?
Non, parce qu’il y a des coureurs qui sont bien plus forts que moi et bien plus talentueux. Après, je peux me battre avec mes moyens pour avoir un classement, mais comme dit Jean-René Bernaudeau, si un jour quand on est là on peut répondre présent, on fonce. Mais bon, pour que ça arrive, il faudra être très, très imaginatif.
Il n’y a pas de complexe à avoir en tous cas…
Ah non, absolument pas. Vous savez, tout le monde a deux jambes et deux bras. Après bien sûr il ne faut pas se prendre pour un autre, mais si on ne croit pas en soi, personne ne le fera à notre place.
Avez-vous ciblé des choses à améliorer personnellement ?
J’essaie continuellement de m’améliorer. Par exemple on a réétudié mes positions sur le chrono pour en faire de nouvelles. On essaie forcément de chercher là où il y a des problèmes, mais encore faut-il trouver tous les problèmes. On y travaille. On a aussi essayé de trouver qui pourrait m’aider un peu plus sur les étapes. Bref, il y a plein de choses. On a commencé à faire des repérages dès le mois de décembre, on se professionnalise et on essaie d’être le plus proche de notre maximum.
Votre amélioration passe aussi par une révision de toute l’équipe. Avec des modifications de tactique ?
On va tout faire pour concrétiser cet objectif. Après, il faut forcément se donner les moyens d’y arriver, donc on verra ce que ça donne. Dans le vélo, il y a un facteur chance aussi. Prenons juste l’exemple de Samuel Sanchez l’année dernière, il s’est cassé la clavicule bêtement. Il y a plein de choses à prendre en compte donc on va travailler dur pour que ça se passe bien.
Vous avez parlé de repérages, vous avez pu voir qu’en Corse il faudra être prudent…
En effet, ça va être très piégeur, surtout l’étape qui fait Ajaccio-Calvi. Elle ne sera pas dure en elle-même mais ce sont les routes qui sont exigeantes, étroites et sinueuses. Je pense que pas mal de coureurs vont se laisser prendre au piège et on peut perdre beaucoup de temps sur des étapes comme ça.
Y a-t-il un duel un peu particulier avec Thibaut Pinot ?
Non, pas forcément, c’est un coureur comme un autre donc il n’y a pas de soucis là-dessus, bien au contraire. C’est vraiment bien qu’il y ait des jeunes qui arrivent, motivés, et avec des ambitions affichées.
A la fin du Tour, vous aviez déclaré que vous aviez réussi à vous approprier ce rôle de leader, est-ce que ça vous a libéré d’un poids ?
Après le Tour 2011, ça aurait été beaucoup plus facile de se louper que de réussir, surtout avec le parcours qui était proposé et qui ne me convenait pas vraiment. Mais j’ai assumé quand même. Malgré le parcours, malgré les chutes. Quand on regarde bien, je n’ai pas eu un Tour facile. J’ai été pas mal par terre. Avec un peu plus de chance ça aurait été plus simple. Mais maintenant j’arrive plus facilement à assumer, à me dire que je vais me préparer pour ça, que je serai bien à cette période-là. Ce n’est pas quelque chose qui vient en une saison, ça s’apprend.
L’effectif du Team Europcar a peu évolué par rapport à l’an passé. Comment expliquez-vous que l’équipe ne se renouvelle pas davantage ?
On est une équipe qui marche bien, tout le monde s’entend bien, donc pourquoi changerait-on quelque chose qui marche ? Nous, ça nous convient bien comme ça et nos sponsors recherchent aussi des gars avec notre tempérament. C’est la culture de Jean-René de récupérer des coureurs jeunes, de les faire grandir. C’est un esprit qui est un peu différent de ce que l’on peut voir ailleurs mais c’est notre façon à nous d’évoluer.
Propos recueillis par Marion Gachies à Montigny-le-Bretonneux le 11 janvier 2013.