Philippe, on vous voit heureux ce soir après le coup de bordure réussi du Team Saxo-Tinkoff…
Oui, je suis plus que content. Car les gars ont été tout simplement fantastiques. On avait marqué sur la carte tous les endroits stratégiques de la journée, et après c’est en fonction de la course, de ce qui se passe, qu’on agit.
Pensez-vous avoir déstabilisé les Sky ?
Non, car ils ont encore près de trois minutes d’avance au général. C’est un matelas confortable. Mais attention, si aujourd’hui on a fait une course superbe, demain on peut se planter, ça reste du sport. Il faut relativiser, ça a été une journée sympa pour le public, les spectateurs, les téléspectateurs, vous les suiveurs. Mais vous savez, si mon leader avait encore trois minutes d’avance au général, je ne serais pas atteint au niveau du moral.
L’équipe Belkin n’a-t-elle pas fait une erreur en essayant d’enterrer Alejandro Valverde ?
Les Belkin n’ont pas fait d’erreur car ils roulaient déjà depuis bien longtemps quand Valverde a eu sa crevaison, c’est la course. Ça aurait été une erreur pour nous d’y aller à ce moment-là et j’ai bien demandé aux gars de ne pas mettre en route sur la crevaison. Par contre quand Valverde a eu plus de 2’30 » de retard, on savait que sa course était finie, et c’était une autre course. Alors là on avait le droit de rentrer dans le jeu. Après, chacun fait ce qu’il veut avec sa propre tactique. Ma devise principale, c’est respecter l’adversaire et ne pas faire ce qu’on n’aimerait pas qu’on nous fasse.
Avec le vent annoncé, le maître-mot c’était vigilance ?
Dès le premier kilomètre, il fallait être là, on savait que ça allait exploser, c’était écrit à l’avance. Avec qui, à quel moment et comment, ça on ne peut pas le prévoir, mais on savait que ça allait arriver.
Vous prenez le leadership du classement par équipes, est-ce une satisfaction supplémentaire ?
Oui, c’est bien, mais ce n’est que temporaire, l’important c’est celui de Paris, pas avant.
Pensez-vous que les forces des Sky vont en s’amenuisant ?
Je pense que c’est une course d’usure depuis la première étape. La course a toujours été dure, elle a toujours été violente sur des tracés techniques, sinueux, avec du vent tous les jours. Les coureurs qui vont rallier les Champs-Elysées seront contents de rentrer chez eux le lendemain. Les organismes sont éprouvés et on n’est même pas à deux semaines de course. Tout le monde a le couteau sous la gorge, c’est le Tour, ça roule à bloc tous les jours, les coureurs sont nerveux car ici tout le monde veut bien faire. En plus avec la chaleur qui est arrivée juste pour le départ du Tour, les organismes sont éprouvés, mais c’est pareil pour tout le monde.
Tout le monde s’attend à un scénario comme dimanche sur l’étape du Grand-Bornand, qu’en pensez-vous ?
Bien sûr que ça peut se réaliser, ça peut arriver tous les jours. Il faut être vigilants, attentifs. Si un jour on a une défaillance, on la paie cash, c’est humain. Il faut l’accepter si on veut rebondir.
Propos recueillis à Saint-Amand-Montrond le 12 juillet 2013.