Philippe, découvrez-vous le tracé du Tour de France lors de sa présentation au Palais des Congrès ou cherchez-vous à en connaître les grandes lignes avant qu’il ne soit dévoilé ?
J’attends toujours de le découvrir au Palais des Congrès. Ça n’a pas grand intérêt de chercher des parcours qui ne sont pas vérifiés. La France est tellement belle et le territoire est si propice aux courses cyclistes que, quel que soit le tracé, c’est toujours une belle histoire. On voit que depuis quelques années, il n’y a pas trop de surprises. C’est toujours un Tour de France qui laisse la place au spectacle. On n’y échappera pas l’année prochaine.
En comparaison du Tour 2015, qualifieriez-vous ce parcours de classique ?
Ce sont toujours les coureurs qui font la course. Beaucoup de personnes devant leur télévision se disaient frustrées de ne pas avoir eu de spectacle. C’est dommage, car nous avons vu un spectacle incroyable. Au bout d’une semaine, la course était pliée et seules deux équipes jouaient le podium. Pour toutes les autres, il fallait aller chercher des étapes. Ça bataillait pendant deux heures, dès le baisser du drapeau, pour prendre la bonne échappée. Ça, les téléspectateurs ne l’ont pas vu, c’est bien dommage. Pour moi, cela a été le Tour le plus incroyable de ces vingt dernières années.
D’après vous, où se jouera le Tour 2016 ?
Est-ce que tout va se jouer dès la première étape de montagne ? Faudra-t-il attendre les deux derniers jours pour connaître le vainqueur du Tour ? Il faudra attendre juillet 2016 pour le savoir. Bien malin est celui qui pourra dire où le Tour se jouera. Cette année, il n’a pas fallu attendre les Alpes pour connaître le vainqueur. Même s’il y avait la possibilité d’y faire vaciller Chris Froome. On a vu qu’il a terminé le Tour fatigué. Peut-être que cela restera dans les mémoires. Les équipes qui ont un gros collectif, et qui ont un coureur capable de jouer le podium, auront les moyens de jouer la gagne. Il ne faudra pas se démoraliser après les Pyrénées. Au contraire, il faudra aller au charbon tous les jours.
L’équipe Lampre-Merida s’est reconvertie cette année avec brio dans la chasse aux étapes sur les Grands Tours. Faut-il s’attendre à ce qu’il en soit de même l’an prochain ?
Oui, on ne peut pas avoir l’ambition de jouer le classement général, car nous n’avons pas le coureur pour jouer le podium. Pour cela il faudra attendre un peu. Nous avons recruté quelques jeunes et parmi ceux-là, des coureurs d’avenir pour les Grands Tours. Ceux-là seront encore trop tendres pour 2016, donc nous continuerons de nous orienter vers les étapes.
En serait-il de même si les Grands Tours, ou une partie d’entre eux étaient réduits sur deux semaines ?
Les équipes ont le loisir de faire leur calendrier en fonction de ce qui est proposé par les organisateurs tout autour du monde. Les trois Grands Tours ont une histoire. Respectons-la. En finalité, les équipes font ce qu’elles veulent, mis à part celles qui sont dans le WorldTour et qui ont l’obligation de participer aux courses du calendrier WorldTour. Ce sont à elles de s’arranger. Il ne faut pas polémiquer. Tout le monde peut s’y retrouver. Les coureurs ont besoin de courir et les organisateurs ont besoin d’avoir des coureurs. Il suffit de le faire en bonne intelligence.
Propos recueillis à Paris le 20 octobre 2015.