Philippe, après votre expérience chez Cervélo TestTeam, avez-vous envisagé de réintégrer la direction sportive d’une équipe française ?
La question ne s’est pas posée car j’ai été rapidement en contact avec Bjarne Riis. Je reconnais que je suis assez chanceux d’être encore dans ce milieu. Il faut être à l’écoute et ouvert. Quand une équipe disparaît comme ça, on n’est pas sûr de retrouver du boulot. C’était d’autant plus le cas l’année dernière que beaucoup d’équipes ont disparu. Il y a eu beaucoup de personnel à la recherche d’emploi donc j’étais aussi prêt à faire autre chose.
Quelle est la différence majeure entre Cervélo TestTeam et Saxo Bank-SunGard ?
Elle réside surtout dans la qualité de l’organisation. Il y a une grosse expérience chez Saxo Bank et Bjarne Riis est quelqu’un de très organisé. Tout est huilé, tout est limpide, et je n’ai pour l’instant rencontré aucun défaut dans le système. A la différence de Cervélo où tout était un petit peu improvisé et se faisait au dernier moment.
Vous avez travaillé auparavant chez Bouygues Telecom. Quels sont les enseignements que devrait en tirer une équipe française ?
L’équipe Bouygues, maintenant Europcar, existe encore, donc je ne vais pas en parler ! Mais il y a des différences, c’est sûr.
L’équipe Saxo Bank-SunGard n’a pas organisé son traditionnel stage commando cet hiver, est-un refus des coureurs ?
Non, les coureurs n’ont pas leur mot à dire dans la préparation de la saison. C’est décidé par l’encadrement. En l’occurrence, c’est Bjarne Riis qui est à l’origine de l’idée d’arrêter les stages commandos pour essayer de mettre quelque chose en place. Il faut toujours être un peu créatif. On ne peut pas se contenter de l’existant mais toujours essayer de voir plus haut. C’est en réalisant des choses différentes que l’on apprend.
Avez-vous été consulté quant à la préparation hivernale des Saxo Bank ?
Oui, tout le temps. Nous avons des réunions fréquentes avec tout l’encadrement. Ce qu’il en ressort, c’est un travail collectif. Tout le monde apporte sa pierre à l’édifice.
Comment était l’ambiance de l’équipe lors des stages hivernaux en Espagne ?
Un groupe homogène, une bonne ambiance, décontractée mais studieuse à la fois. Comme je vous le disais, Bjarne Riis est quelqu’un de très pointilleux. Tous les détails sont étudiés et rien n’est laissé au hasard.
L’affaire Contador n’a-t-elle pas fait que trop durer ?
C’est très long, oui, mais d’un autre côté il faut que l’affaire soit instruite. Les autorités ont pris beaucoup de temps mais nous ne pouvions que subir et être dans l’attente, comme tout le monde. Le patron de Saxo Bank s’est exprimé à plusieurs reprises dans les médias en manifestant son intérêt pour l’équipe et son soutien également.
Bjarne Riis connaît très bien la majeure partie des coureurs du Team Leopard-Trek, vous connaissez vous-même beaucoup de coureurs dans les équipes adverses, est-ce un atout ?
Nous essayons de mettre en commun notre savoir, d’analyser les données, et de donner un maximum d’infos à nos coureurs pour qu’ils puissent réagir en temps utile sur la route.
Les directeurs sportifs français s’exportent plus facilement que les coureurs, quel est votre avis ?
Peut-être ne fait-on pas assez attention au plan de carrière des coureurs français car en tout cas le niveau est là et de nombreux coureurs poussent. On a des coureurs de valeur en France, jeunes ou moins jeunes, et capables de s’exprimer au plus haut niveau.
Mais vous n’avez pas cherché à recruter un coureur français dans l’équipe Saxo Bank cette année…
Non, ça n’a pas été envisagé cette année, car je viens juste d’arriver. Bjarne Riis m’avait déjà posé des questions mais le recrutement était bien avancé lorsque je suis arrivé. C’était un petit peu tard mais il est intéressé en tout cas pour recruter des coureurs français dans un proche avenir.
Propos recueillis le 12 février 2011.