Le résident monégasque qu’est Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto) est revenu dans sa commune d’Aywaille le temps d’une journée. Samedi, ce sont 1300 cyclos qui sont venus célébrer le numéro un mondial au cours d’une sortie organisée dans la foulée d’une réception au cours de laquelle le champion de Belgique a été invité à planter un chêne dans le parc communal. Disponible, accessible, Philippe Gilbert a ensuite ravi ses centaines de fans en leur accordant une heure de dédicaces et photos. Un moment important pour le champion, qui n’était plus revenu à Aywaille depuis le soir de son succès dans Liège-Bastogne-Liège. A l’issue de cette journée faite d’honneurs, Philippe Gilbert nous a reçus pour évoquer son actualité du moment et faire le point sur sa préparation pour la saison 2012, sous le maillot de l’équipe BMC Racing Team.
Philippe, quel effet cela fait-il de rouler avec vos supporters ?
C’était une journée spéciale. J’ai eu beaucoup d’honneurs. Rouler avec les supporters me procure un grand plaisir. Cette année, il y avait un peloton énorme. D’où j’étais, je ne voyais même pas la fin. Il y avait beaucoup de connaissances. J’ai eu l’impression de revenir quelques années en arrière.
Vous avez eu un programme chargé depuis le Tour de Lombardie. Combien de jours de repos avez-vous vraiment pris ?
C’est vrai qu’avec la presse, je suis beaucoup sollicité. J’ai énormément de demandes, et on ne peut pas dire oui à tout le monde. C’est pour cette raison que l’on essaye de travailler en point presse pour rassembler le plus de journalistes possibles. En tout, je pense que j’ai dû avoir un ou deux jours de vrai repos depuis la mi-octobre, mais ça me convient. Aller en vacances et ne rien faire, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. J’aime bouger. Donc, ça ne me dérange vraiment pas.
Parlons de 2012. Par où passera votre rentrée ?
J’ai parlé avec John Lelangue, qui s’occupe du programme de la formation BMC. Il m’a dit que les organisations de Majorque et d’Algarve avaient des problèmes financiers. Les courses n’auront peut-être pas lieu, idem pour le Tour Méditerranéen. Ce sont déjà trois épreuves du début de saison qui ne sont pas sûres d’être organisées. Si on ne s’est pas inscrit au préalable dans une autre épreuve, on risque de ne pas pouvoir courir au début de saison. Je suis donc prévu aux Tours du Qatar et d’Oman. Mais c’est clair que cette formule ne me plaît pas trop. Je préférerais rouler seulement au Qatar. Maintenant si je dois participer aux deux, ce n’est pas vraiment un problème.
Vous verra-t-on au Tour du Haut Var ?
C’est possible. Le Tour du Haut Var n’est pas mal. Il n’est pas très loin de chez moi. Du point de vue repos, ça pourrait être bien. C’est donc une course intéressante, mais je ne sais pas encore si l’équipe compte y participer ou pas. On verra bien plus tard. C’est un début un peu délicat et on pense à Qatar-Oman, pour le moment.
Quand avez-vous recommencé à rouler ?
J’ai repris le vélo à Aywaille ce samedi (NDLR : 19 novembre), je n’avais plus roulé depuis le Tour de Lombardie. Au début, c’était un peu bizarre, mais c’est vite revenu. La météo était bonne. C’était l’idéal.
Avez-vous profité de l’hiver pour faire d’autres sports, comme le football ?
Non, je n’en avais pas l’envie. Je n’ai pas été à un match de foot. Et comme je ne suis pas de nature à prendre du poids l’hiver, je me dis que je fais déjà assez de sport comme ça, je n’ai pas d’attention particulière à ce niveau-là.
Vous allez faire un peu de piste. Serait-il possible de vous revoir sur un cyclo-cross ?
Non, ce n’est pas dans mon actualité. Le cyclo-cross est un sport assez endurant. Il faut donc une condition pointue et ce n’est pas mon cas en hiver. Si c’est pour y aller et prendre le risque de se blesser, cela ne vaut pas la peine. En plus, en Belgique, ce sont des courses de haut niveau avec les meilleurs cyclo-crossmen du monde comme Niels Albert et Sven Nys. Ça ne sert donc à rien de s’y rendre pour se faire doubler. Je n’ai pas envie d’être ridicule.
Y a-t-il un stage prévu avec l’équipe BMC Racing Team ?
Oui, un stage en Espagne est programmé.
Etes-vous conscient de l’engouement populaire qu’il y a autour de vous ?
Non, je m’en suis seulement rendu compte aujourd’hui. C’est difficile de s’en apercevoir même si, sur les courses, on sent un enthousiasme important. Mais on ne sait pas si c’est dû à la course ou à autre chose. Lors des manifestations, comme ici où il n’y a pas l’intérêt de la course mais que le public répond en nombre, je me rends compte qu’il y a beaucoup de personnes qui suivent et qui s’intéressent à ce que je fais.
Faites-vous donc plus attention à ce que vous faites ?
A partir du moment où on est une personne publique, on a certaines responsabilités vis-à-vis des jeunes. On ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. C’est sûr que l’on n’a pas le droit à l’erreur et que l’on doit montrer l’exemple.
Vous n’avez pas envie de vous laisser un peu aller ?
Non, j’adore la vie que j’ai. J’adore ce que je fais. Je suis fier et content d’être arrivé au niveau que j’ai actuellement. Je connais la valeur des sacrifices que j’ai faits pour y arriver. Je profite de tout ce que je vis pour le moment et je ferai en sorte que cela dure le plus longtemps possible.
Allez-vous faire la fête ce soir ?
C’est toujours très compliqué parce qu’il faut répondre à l’attente des gens. On verra comment ça va se passer. Vais-je boire un verre ? On est en hiver donc à deux ou trois mois des premières compétitions. J’aurai le temps d’évacuer !
Propos recueillis par Pol Loncin à Aywaille le 19 novembre 2011.