Philippe, votre fils Romain est passé pro cette année chez Ag2r La Mondiale. Le papa est-il satisfait du début de saison du fiston ?
Bien sûr. Nous sommes très contents. Il fait un très bon début de saison. Tout ce que je lui souhaite, c’est de pouvoir continuer ainsi, sans pépin physique. Presque à chaque course, il continue de nous épater. C’est le mot, c’est ce que je lui dis. On n’imaginait pas qu’il puisse avoir ce mental de guerrier, tenir à l’avant sur chaque course, être à l’attaque.
Avez-vous cru qu’il puisse aller au bout sur l’Amstel Gold Race ?
Non, jamais. Il m’avait dit qu’il allait essayer de prendre la première échappée s’il le pouvait. Mais il m’avait prévenu en me disant : « tu sais papa, quand tu mettras la télé à 15h00, je ne serai sans doute plus devant, j’aurai été repris. » Nous n’avons pas pu voir les images en direct car nous étions en voiture, mais des amis nous appelaient régulièrement. Ils étaient très excités : « Romain est toujours devant, ils ne sont plus que quatre, plus que deux, il est tout seul ! » Nous avions enregistré la course. Après-coup, c’était impressionnant.
Le début de saison de l’équipe Ag2r La Mondiale est difficile, Romain apporte un petit rayon de soleil ?
L’équipe marche bien quand même. Rinaldo Nocentini a terminé deux fois 2ème, tout près de la victoire. Ça se joue à peu de choses. Je leur souhaite de gagner une étape sur le Giro, peut-être avec Manuel Belletti, leur sprinteur, ou un grimpeur comme John Gadret l’an passé, Hubert Dupont ou Guillaume Bonnafond. Ce serait super.
Romain Bardet sera au départ du Tour de Californie dimanche, quel sera son rôle ?
Il m’a dit qu’il allait être prudent car ce sera une course très difficile. Il va l’aborder avec sans doute moins d’ambitions qu’au Tour de Turquie. Il sera plus prudent, et puis tout dépendra du rôle qui lui sera assigné dans l’équipe.
Un séjour aux Etats-Unis à 21 ans, c’est fabuleux pour la culture et la découverte…
C’est sûr. Il a beaucoup de chance, il la mérite, mais c’est très bien. Si on le pouvait on l’accompagnerait bien. Ce n’est pas que nous soyons envieux mais ce serait pour profiter de Romain en course et profiter des Etats-Unis. Le problème ne se pose pas, nous travaillons et financièrement ce serait difficile de le suivre partout.
A quand son premier Grand Tour ?
Je ne sais pas. Pour moi, l’idéal serait qu’il n’attaque pas tout de suite un Grand Tour. Une course de trois semaines, c’est très long, c’est usant, surtout le Giro. Le moins dur est peut-être la Vuelta, mais surtout pas cette année ! Il a le temps. Il a 21 ans, il ne faut pas brûler les étapes. Dans deux ou trois ans, ce sera bien.
Vous êtes vous aussi pratiquant. Vous avez participé à la Lozérienne, comment s’est passée cette cyclo ?
C’était presque la première de la saison pour moi puisque je n’avais plus couru de cyclo depuis la Specialized-Classic Sud Ardèche fin février. Ça s’est bien passé. De toute façon on est toujours content de son résultat au final. On refait la course quand on mange avec les copains, il y a une très bonne ambiance. Je fais six ou sept cyclos par an. Cette année je me suis inscrit sur le Challenge Cyclo’Tour, plus les Copains, l’Etape du Tour, la Roger Walkowiak… Je vais profiter du passage à la cinquantaine pour en faire quelques-unes de plus.
Le départ a été relativement calme, c’est ensuite que ça a… Bardet ?
(Il rit) Oui, le départ a été impeccable, sans trop de pluie. Ensuite, ça a été dur, avec le long col du Trébatut, dans lequel on a vite vu nos limites par rapport au groupe et au premier peloton. Je fais 39ème au final et 3ème de ma catégorie, je suis assez content.
Propos recueillis à La Canourgue le 8 mai 2012.