Nicolas, vous nous avez laissés en septembre sur l’image d’un lauréat du classement de la montagne du Tour d’Espagne. Comment avez-vous passé l’hiver ?
Je me suis bien reposé au mois d’octobre. J’ai fait une bonne coupure pour bien récupérer de la saison. J’en avais vraiment besoin après la Vuelta qui avait été difficile physiquement et surtout mentalement avec le maillot à pois dans le dernière semaine. J’ai repris l’entraînement tranquillement à partir de début novembre. Mon hiver a été un peu contrarié par une tendinite au genou une bonne partie du mois de décembre. Maintenant ça va mieux. Ce n’est pas totalement guéri mais j’arrive à m’entraîner convenablement.
Qu’est-ce qui a provoqué cette douleur tendineuse ?
J’ai fait pas mal de VTT au mois de novembre. J’ai également essayé de nouvelles chaussures, du nouveau matériel. Tout ça peut l’expliquer bien que je n’en connaisse pas précisément la cause. Le principal c’est que désormais je ne sois quasiment plus embêté par ça.
Quelles ont été les répercussions de votre maillot à pois du Tour d’Espagne ?
J’ai eu pas mal de sollicitations en fin d’année, que ce soit dans ma région ou auprès des sponsors de l’équipe. C’est plaisant, même s’il m’a fallu jongler avec ça. L’hiver, j’aime bien couper complètement, déconnecter. J’ai dû composer avec ces différentes retombées mais ça a été plutôt agréable.
Vous attachez une certaine importance aux maillots distinctifs…
J’ai toujours bien aimé les maillots de meilleur grimpeur. Maintenant, si j’avais été sprinteur, je me serais battu pour les maillots de meilleur sprinteur. Ce sont des challenges qui me plaisent. Au départ de la Vuelta, l’été dernier, j’avais surtout dans l’optique de suivre le plus longtemps possible les meilleurs en montagne. Mais j’ai chuté au bout de trois jours, ce qui m’a éloigné du classement général. C’est là que j’ai choisi d’être opportuniste, d’aller dans des échappées pour essayer de gagner une étape. Ça n’a pas marché mais j’ai marqué des points au classement de la montagne et, de fil en aiguille, le maillot m’est devenu accessible. C’est un point de départ, d’autres suivront peut-être.
D’autres comme le maillot à pois du Tour de France, auquel vous devez forcément songer ?
Bien sûr. Le maillot de meilleur grimpeur du Tour, c’est quelque chose qui fait rêver. Il fait partie de la culture française. On verra bien dans l’avenir. Dans un premier temps j’espère déjà remettre les roues sur le Tour de France. Me fixer tel ou tel objectif sur le Tour, ce serait encore un peu trop présomptueux pour moi à l’heure actuelle. Mais porter le maillot à pois ne serait-ce déjà qu’une étape, ce serait un rêve.
Vous êtes Sarthois. Comment devient-on grimpeur quand on vit dans la Sarthe ?
C’est une bonne question à laquelle je n’ai pas nécessairement la réponse. Quand j’étais jeune je pratiquais le VTT et le cyclo-cross, qui m’ont habitué à maintenir des efforts soutenus sur une longue durée. C’est une explication. Dans les rangs Espoirs, j’ai goûté assez tard aux courses difficiles. C’est à ce moment-là que je me suis découvert des qualités de grimpeur. Ça ne s’explique pas forcément. Mon gabarit, ma morphologie, sont faits pour grimper. J’essaie d’utiliser au mieux cet atout en course.
Comment travaillez-vous votre coup de pédale de montagnard ?
J’essaie de monter pas mal de bosses par chez moi, même s’il ne s’agit pas de cols. Je vais dans le Perche, dans les Alpes Mancelles, du côté d’Alençon où je retrouve des bosses assez longues. Après, ça se fait au cours des différents stages avec l’équipe et sur les compétitions.
Si l’on en revient à l’équipe Cofidis, un discours de remobilisation a été donné au cours des stages de préparation, comment l’avez-vous perçu ?
Nous avons mis les choses à plat, étudié le positif et le négatif de l’année 2013. Il y avait eu un gros remaniement de l’équipe la saison dernière, peut-être que cela a pesé sur l’effectif. Sans oublier les soucis, la malchance, les blessures qui ont contrarié nos leaders. Quand la locomotive n’est pas sur de bons rails, le collectif a du mal à se forcer derrière. Mais aujourd’hui nous sommes tous motivés pour faire une saison 2014 meilleure que la précédente et avec plus d’ambition. Il y a eu une bonne ambiance cet hiver sur les différents stages que nous avons effectués. Une bonne osmose.
A titre personnel, quels objectifs avez-vous en tête en ce début de saison ?
Essayer de gagner ma première victoire chez les professionnels serait déjà une belle satisfaction. Cela fait trois ans que je suis chez les pros et je n’ai toujours pas remporté de course, même si tous les ans je m’en rapproche. Mais je compte également être régulier et performant, comme je l’ai été en 2013, sur les différentes courses auxquelles je suis amené à participer.
Propos recueillis à Paris le 24 janvier 2014.