Mark, pouvez-vous nous expliquer comment vous avez mené le sprint de Brive-la-Gaillarde ?
C’est une étape qui s’annonçait difficile. L’équipe voulait laisser faire les choses après les difficiles étapes de montagne. Elle souhaitait adopter un rythme de croisière jusqu’à Paris et avait décidé de laisser partir une échappée. Mais je les ai suppliés de rouler pour avoir une chance de jouer la victoire d’étape. Brad m’a dit qu’on allait essayer de maintenir le peloton groupé et qu’on m’aiderait si on y arrivait. Edvald Boasson-Hagen est allé dans l’échappée toute la journée et nous n’avons pu revenir sur les hommes de tête que dans le dernier kilomètre. Mes coéquipiers m’ont alors repositionné. J’ai perdu la roue d’Edvald dans le dernier virage, et là je me suis rendu compte qu’il y avait encore un sérieux trou qui ne serait pas facile à boucher. J’ai donc décidé de me lancer à sa poursuite.
Vous aurez sur ce Tour moins de succès d’étapes que les autres années, n’êtes-vous pas frustré d’avoir dû composer avec les ambitions de Bradley Wiggins ?
Un coureur comme moi qui a l’habitude de beaucoup gagner a forcément faim d’arrivées au sprint et de victoires mais je suis heureux de faire partie de cette équipe britannique qui réalise tellement de belles choses. Quand on se retrouve dans une équipe qui a l’opportunité de remporter le classement général, c’est évident qu’on doit se battre pour ça. On ne peut pas laisser passer une telle occasion. Pour moi c’est très excitant d’être dans une équipe qui peut gagner le Tour. J’ai eu quelques opportunités de gagner des étapes, et on a fait quelque chose de fantastique avec les deux premiers classés au général, quatre victoires… C’est formidable de faire ça. J’ai fait mon travail avant la montagne, je craignais d’être fatigué après.
Vous vous apprêtez à boucler le Tour de France, c’est quelque chose qui compte pour vous ?
C’est sûr, je suis un sprinteur, mais j’aime cette course et pour moi c’est une fierté de pouvoir aller au bout, dans les circonstances telles qu’on les a dans l’équipe. C’est très important, comme je l’ai dit, je suis très fier de pouvoir faire partie de cette équipe dans une course comme celle-ci. Alors certes, je me suis retrouvé dans une positon inhabituelle au départ du Tour, j’ai dû la jouer de manière plus individuelle pour faire mes sprints, mais j’ai aussi un travail à faire et je l’ai fait, ça compte. Avoir remporté cette étape est une bonne chose. J’ai montré qu’après avoir souffert je ne suis pas sur les genoux. A ce point du Tour, être dans cette condition, c’est important.
Cette victoire à huit jours des Jeux Olympiques booste-t-elle votre confiance ?
C’est très important de remporter une étape pas facile comme celle d’aujourd’hui. Ce n’était pas plat du tout. Il y avait du dénivelé et du vent de face par moments. La dernière bosse à 10 kilomètres de l’arrivée n’était pas évidente. Je suis passé parmi les premiers et j’ai immédiatement récupéré de mes efforts pour pouvoir produire l’accélération que vous avez vue dans le sprint. Pouvoir réaliser cela me prouve que ma condition est très bonne. Et c’est évident que ça me donne confiance en vue des Jeux Olympiques.
Edvald Boasson-Hagen est un élément très important dans la préparation de vos sprints, ne vous manquera-t-il pas aux JO ?
Edvald est un excellent coureur et ce sera un favori aux Jeux. Il est très rapide aussi, ça lui conviendra très bien. On verra comment se déroulera la course. Des alliances obligatoires se créeront peut-être entre certaines nations. On verra cela sur place mais il est certain qu’aux Jeux il sera un solide adversaire.
Propos recueillis à Brive-la-Gaillarde le 20 juillet 2012.