Marc, vous avez lancé Bradley Wiggins en 2002/2003 au sein de votre équipe, que pensez-vous de lui ?
C’est un coureur qui a une incroyable connaissance de son sport. Quand il courait chez nous, il se rappelait des marques de chaussures qu’on avait quand on était coureurs aussi bien moi que Martial Gayant ou mon frère Yvon, ça m’avait impressionné. C’est un mec qui connait vraiment bien l’histoire du vélo.
D’autres rouleurs comme Chris Boardman avaient essayé mais sans réussite, qu’estce que cela vous inspire ?
Bradley a un physique plus longiligne, il est beaucoup plus fin. Moi ça ne me surprend que moyennement. Je ne pensais peut-être pas qu’il arriverait aussi haut aussi rapidement mais c’est un coureur de talent, un vrai coureur de classe. Et le talent, ça aide.
D’après vous, que peut-il espérer sur le Tour ?
Il a déjà fait un Top 5 et je pense qu’il peut le refaire. Par contre, à mon avis, gagner sera un peu compliqué pour lui. Je pense que l’accumulation de la haute montagne lui posera forcément problème. Il ne faut pas oublier qu’en haute montagne il n’est pas dans son élément naturel. Mais c’est un mec qui appréhende bien la course, qui je le pense gère bien son potentiel donc un nouveau Top 5, oui, pourquoi pas.
Est-ce qu’il vous a surpris sur le Critérium du Dauphiné ?
Non, vraiment pas, je pense qu’il est dans la lignée de ce qu’il a pu faire sur le Tour de France en 2009 donc qu’il gagne le Dauphiné en ayant fait 4ème du Tour n’est pas une surprise.
Pour parler de la FDJ actuelle, vous êtes à la tête d’une équipe qui s’est montrée conquérante sur ce Dauphiné, en êtes-vous satisfait ?
Je suis à la tête d’une équipe offensive certes mais j’aurais bien aimé qu’on concrétise quelque chose. Au niveau du bilan global j’attendais mieux, j’attendais au minimum une victoire d’étape. Je l’avais clairement demandé aux coureurs, on a encore tenté aujourd’hui avec Thibaut Pinot mais il manque encore quelque chose.
Parlez-nous justement de Thibaut Pinot, que lui a-t-il manqué dans la dernière étape ?
Il lui manque d’être accompagné d’un groupe un peu plus solide quand l’échappée se forme, il manque un peu plus de tempo derrière, un peu plus d’assurance dans la descente, un peu de tout partout. Il manque une fois de plus quelque chose pour décrocher une victoire d’étape.
C’est un jeune garçon qui a encore grandi sur ce Dauphiné ?
Non, il est là où je pensais qu’il pouvait être. C’est un très très jeune coureur qui a un réel potentiel en montagne, ça c’est indéniable, mais qui a encore du travail à faire notamment dans la gestion de ses placements dans le peloton quand il y a un peu de vent, dans la gestion de son alimentation en course parfois comme ça a été le cas samedi. J’ai envie de dire qu’en une semaine de course à haut niveau il a pu toucher et percevoir les qualités qu’il pouvait laisser supposer et en même temps identifier encore un peu mieux tout le travail qu’il lui reste à faire.
En suivant cette logique de vouloir lui faire engranger de l’expérience, ne faudrait-il pas l’aligner au départ du Tour ?
Ca, ça ne vous regarde pas ! Non mais plus sérieusement, on vient de terminer le Dauphiné donc on parle du Dauphiné, on parlera du Tour plus tard. Disons que normalement il ne sera pas au départ du Tour. Normalement…
Propos recueillis à La Toussuire le 12 juin 2011.