Magda, que faut-il te souhaiter en cette nouvelle année ?
Tout d’abord une bonne année 2012 à tous. Que me souhaiter ? Si possible un peu plus de temps et un peu plus de sérénité. En ce qui concerne le vélo, je n’ai pas d’espoir secret. Retrouver ma condition physique de 2011 me suffira déjà grandement, et si possible tirer profit au maximum de mes échecs de 2011.
Quel bilan tires-tu de ton année 2011 où tu as fait le grand saut en passant des cyclosportives aux Championnats du Monde ?
J’ai surtout été surprise. Je ne m’attendais pas à pouvoir gagner en Coupe de France dès ma première participation. Par contre, à la différence du cyclosport où le niveau national ou international est assez proche sur les grandes épreuves, je ne m’attendais pas à ce que le niveau international en féminines soit aussi élevé. Le rythme est beaucoup plus intense, et la moindre erreur de placement ou de gestion de la course peut se payer très cher. Plutôt que de parler de déception, je reconnais que j’ai aussi vécu des périodes difficiles : une chute à Valladolid en Coupe du Monde, la course du Championnat du Monde à Copenhague très rapide, un résultat mitigé au Chrono des Nations. Mais cela m’a permis de mieux comprendre la complexité des courses féminines UCI.
Dans toute cette saison 2011, que retiendras-tu ?
Difficile de retenir un événement plus qu’un autre. C’est sûr que Pujols demeure un très bon souvenir et que l’Etape du Tour Issoire-Saint-Flour fut un moment fort que je ne souhaiterais pas revivre. Cela m’a tout de même permis de faire le meilleur classement scratch en tant que féminine… et puis avoir remporté cinq Etapes du Tour consécutives suffit déjà à me satisfaire. J’ai un bon souvenir des Championnats de France, même si ma crevaison lors du contre-la-montre m’a fait perdre quelques précieuses secondes, et que je ne suis pas parvenue à fausser compagnie à Longo et Ferrier-Bruneau qui sont les deux coursières les plus expérimentées du peloton féminin français lors de l’échappée gagnante.
Pour 2012, comment sera fait ton programme ?
Je n’ai pas encore conçu mon calendrier. J’attends le début de saison pour l’adapter à ma condition physique. L’effort du contre-la-montre me convient bien, mais il y a encore beaucoup de points à améliorer. Du coup, pour les cyclosportives, je n’ai pas défini quelles sont les épreuves sur lesquelles je souhaiterais m’aligner. Par contre je sais que je ne ferai pas la Marmotte, si je n’ai pas un entraînement spécifique pour les cols alpestres.
On parlait de la Pomme Marseille mais il semble que tu ailles à l’ASPTT Dijon, pourquoi ce choix ?
J’ai été classée 19ème dans le classement FFC des féminines. Je passe cette année en 1ère catégorie, ce qui me laisse l’opportunité d’avoir un club, le VC La Pomme Marseille, et une équipe UCI, l’ASPTT Dijon-Bourgogne. Par exemple ma coéquipière Béatrice Thomas est licenciée au VS Narbonne. Au niveau national ou international, il n’est pas possible de courir seule, que ce soit pour l’accès aux courses internationales ou pour les stratégies en course lors des épreuves nationales.
On sait que tu es très exigeante pour ton entraînement, que ton emploi du temps est très serré, avec quelle structure d’entraînement vas-tu travailler ?
En rejoignant le VC La Pomme, je bénéficie des programmes de son nouvel entraîneur Freddy Lecarpentier, et de l’expérience de Frédéric Rostaing le manager. Je vais m’entraîner au moins une fois par semaine avec les Espoirs, ce qui est stimulant pour les plages de travail intensif. Je n’ai pas de journée normale à proprement parler. Quoi qu’il arrive, je travaille tous les jours dans mon cabinet d’ophtalmologie. J’essaie de faire une douzaine d’heures de vélo par semaine, avec trois heures de home-trainer. Je suis une lève-tôt, ce qui facilite l’entraînement parfois très matinal (avant d’aller travailler). Cela dit, j’ai absolument besoin de cette dépense physique pour mon équilibre personnel. Je veille seulement à ne pas avoir de programme d’entraînement le jeudi matin, jour où j’opère. En résumé, je suis une ophtalmologiste qui fait du vélo, et non une cycliste qui a un travail à temps partiel. D’autres confrères médecins qui ont le virus du vélo font de même. Etant en libéral, j’ai l’avantage d’être mon propre patron et de pouvoir m’organiser en conséquence.
Où penses-tu pouvoir encore progresser ?
Difficile à dire. En 2011, Nicolas Fritsch m’a beaucoup fait travailler mes points faibles (musculation, puissance) et cela a dû peser sur mes résultats. Il me reste néanmoins beaucoup de lacunes, d’une part techniques, comme le sprint et les descentes, mais également tactiques. Pour les améliorer il faut des années de vélo. J’y travaille mais souvent je me dis qu’il va falloir faire avec. En plus, à 42 ans en 2012, j’attends déjà de voir si mes capacités physiques seront les mêmes qu’en 2011. Les exemples de Jeannie Longo, l’inoxydable, et de Michel Roux, qui a franchi les 50 ans, m’encouragent néanmoins à continuer sans trop me prendre la tête avec ce paramètre.
On va être indiscrets mais c’est pour la bonne cause, as-tu déjà programmé ton mois d’août ?
Londres, je n’y pense absolument pas. D’abord parce que j’attends de voir mes résultats d’ici mai, et il n’y aurait que trois places en équipe de France, dont une qui s’alignera sur le contre-la-montre. Les postulantes ne manquent pas entre celles qui se sont déjà déclarées, Christel Ferrier-Bruneau, Pauline Ferrand-Prévot, Aude Biannic, Mélodie Lesueur, celles qui se révéleront en début de saison (Audrey Cordon, Béatrice Thomas ?). Et je n’oublie pas Jeannie Longo qui peut encore jouer les premiers rôles. Pour mémoire à Boulogne elle était première du contre-la-montre et 2ème de la course en ligne, soit le meilleur classement scratch les deux épreuves confondues à égalité avec Christel Ferrier-Bruneau. Cela devrait faire des manches de Coupe de France intéressantes et un Championnat de France relevé.
Propos recueillis le 11 janvier 2012.