Lorenzo, peut-on dire que le bilan du Tour de France d’Orica-BikeExchange est inespéré ?
Il est évident que nous sommes très satisfaits de ce Tour de France avec ce maillot blanc remporté par Adam Yates. À l’origine, nous étions venus sur le Tour avec une victoire d’étape comme ambition. Le classement général n’a jamais été un but. C’est la même chose pour le maillot blanc. Nous en avons parlé avec lui et nous lui avons dit de voir au jour le jour. S’il était en bonne position au classement général, le maillot blanc viendrait de lui-même. Il termine 4ème, c’est un jeune qui a un énorme potentiel. Il a l’avenir devant lui.
Ses résultats sur les premières étapes pyrénéennes ne l’ont donc jamais poussé à envisager un bon classement général ?
Jamais nous n’avons parlé de ça au briefing d’avant-course ou d’après-course. Nous lui avons simplement dit que s’il continuait comme cela, il serait en bonne position au classement général et de là, ça déterminerait son résultat final. Il termine 4ème à Paris, mais nous ne lui avons jamais imposé une quelconque pression.
Le fait de manquer le podium pour 21 secondes et d’en être éjecté à 48 heures de Paris n’est donc pas une déception ?
C’est toujours dommage, bien sûr, mais ce n’est pas pour autant qu’on peut être déçus. On doit être fier de ce que nous avons atteint avec lui. Lui doit être fier de ce qu’il a accompli. Il a montré qu’il était un coureur d’avenir, il n’a que 23 ans.
Votre objectif initial d’une victoire d’étape est arrivé grâce à Michael Matthews à Revel dans une échappée. Mais il est resté en deuxième rideau sur les arrivées massives.
Nous en étions conscients. Ce n’est pas un secret. Avec Simon Gerrans que l’on a perdu, c’étaient les deux coureurs désignés pour les sprints en bosse ou sur des arrivées difficiles comme à Cherbourg ou à Berne. Michael a rempli sa mission en étant 5ème sur ces deux arrivées et il s’est imposé au coeur d’une échappée à Revel. Nous avons montré que nous étions une équipe, presque une famille. Tout le monde a travaillé pour Adam. Tout le monde était fier de rouler avec le Maillot Blanc dans l’équipe.
Vous placez un coureur dans le Top 5 d’un Grand Tour pour la troisième fois consécutive après Esteban Chaves, 5ème de la Vuelta 2015 et 2ème du Giro. Êtes-vous amené à devenir une équipe taillée pour les classements généraux ?
Je ne pense pas que l’on puisse dire ça. C’est vrai que nous continuons de nous améliorer chaque année dans ce rôle. Nous sommes encore une équipe bien équilibrée entre sprinteurs et grimpeurs. Nous avons de bons jeunes qui montrent qu’ils sont des coureurs d’avenir en ce qui concerne les classements généraux. Se tourner davantage encore vers cet objectif, ce sera la suite logique des choses.
Et ce dès la Vuelta ?
Oui, Esteban Chaves devrait y être notre leader. Quand on a un coureur qui termine 5ème de la Vuelta et 2ème du Giro, c’est qu’on tient quelqu’un capable de gagner un Grand Tour, ou au moins de faire un podium ou un Top 5. Peu de coureurs au monde peuvent être capables de le faire. Le classement général sera donc notre objectif assumé. Adam Yates lui ne fera pas la Vuelta, contrairement à son frère Simon. Nous devons faire attention avec lui même s’il possède un gros potentiel. Il n’a que 23 ans, nous devons désormais discuter de son programme pour la suite.
Malgré sa 4ème place sur le Tour, Adam Yates n’est pas la tête d’affiche du cyclisme britannique. Cela peut-il le délester d’une certaine pression ?
Tout le monde doit faire sa course. Chris Froome, c’est Chris Froome. Adam Yates, c’est Adam Yates. Ça reste une bonne chose pour le cyclisme britannique. Les autres ont leur place dans le cyclisme mondial. Que Chris Froome gagne le Tour ou non, ça ne fera pas de grande différence pour eux.
Propos recueillis le 24 juillet 2016 à Chantilly.