Lionel, de quoi êtes-vous le plus satisfait à la fin du Tour de France ?
Du Tour de France de l’équipe Garmin-Cervélo. Gagner le classement par équipes, ça se construit jour après jour. Je ressens également une très grosse satisfaction quand je repense à la victoire de Tyler Farrar à Redon. Il le méritait. Thor Hushovd a quant à lui gagné deux étapes et porté le maillot jaune sept jours, c’est un champion. Notre victoire enfin dans le contre-la-montre par équipes symbolise aussi la victoire de l’ensemble du groupe : les coureurs bien sûr mais aussi l’ensemble du groupe, les mécaniciens, le chauffeur du bus… Quand d’habitude ce sont des individus qui gagnent, là c’est le succès d’une équipe. Finir sur le podium des Champs en qualité de meilleure équipe du Tour, après quatre ans d’existence, c’est magnifique.
Vous attachez beaucoup d’importance à la notion d’équipe ?
Oui, même si la réussite est aussi plus facile quand on a des garçons comme ça, qui savent tous rouler à 60 km/h. Un jeune talent comme Ramunas Navardauskas, 21 ans, a fait un boulot extraordinaire. L’équipe a fini par le surnommer « la bestiasse ». Moi je l’avais surnommé « Rambonas »… Ce sont aussi des garçons intelligents qui savent travailler ensemble. Quand un champion du monde comme Thor Hushovd, Maillot Jaune, se met au service de Tyler Farrar, ça prouve l’intelligence du champion. Et puis il y a le staff, qui travaille énormément dans l’ombre. On est tous à bloc. C’est une entière satisfaction.
Vous gérez des champions qui ont forcément de gros égos. Comment parvenez-vous à les fédérer autour de la notion d’équipe ?
La notion d’équipe offre la possibilité à chacun de s’exprimer dans le domaine qui est le sien. Il y a de gros égos mais ce n’est pas si difficile que cela à gérer. Les sprinteurs ont leur travail mais ils ont aussi besoin d’équipiers, qui sont des gars susceptibles de prendre les échappées et de gagner de cette manière. Chez nous, Tom Danielson faisait son premier Tour de France. Nous voulions qu’il fasse dans les dix premiers, l’objectif est atteint également. L’équipe Garmin-Cervélo, c’est comme un puzzle dont les pièces reconstituées offrent l’image d’une grosse satisfaction.
Le seul petit bémol, au final, c’est le maillot vert qui vous échappe ?
La première ambition du Tour a toujours été de gagner des étapes en priorité. Ce qui pouvait arriver ensuite n’était que du bonus. Mark Cavendish va très vite. Même si Tyler Farrar a gagné une étape, sa première sur le Tour, il faut savoir que c’est un coureur qui a beaucoup couru depuis le début de la saison car c’est aussi un coureur de classiques, au contraire de Cavendish qui privilégie les Grands Tours. Tyler sera encore là jusqu’à la Vuelta. C’est un coureur complet qui a un très grand avenir. Il va en gagner d’autres.
Tom Danielson accroche le Top 10 mais pas Ryder Hesjedal, 7ème l’année passée et seulement 18ème cette fois…
Ryder a fait l’erreur d’arriver en très grande forme, puis il est tombé malade, il a pris une cassure et moralement ça a été dur à suivre. Mais il a su se remettre en question et apporter énormément à l’équipe. Il a contribué à la deuxième victoire de Thor Hushovd. Ce sont des champions qui ont de l’égo mais qui savent aussi se mettre au service des autres, c’est super.
Vous possédez une grosse armada pour les classiques à venir, quelle va être la répartition des rôles entre les courses d’un jour de l’été et la Vuelta ?
Il y a suffisamment d’épreuves pour que l’on puisse dispatcher les individus dans chacune d’elles et avoir des opportunités de gagner. Ryder Hesjedal me semble en bonne forme pour la Clasica San Sebastian, les coureurs américains vont rentrer chez eux disputer des courses aux Etats-Unis, et Tyler Farrar va se préparer sur les courses italiennes.
Sera-t-il sur la Vuelta ?
Il y a de fortes chances. Il y sera avec Murilo Fischer et des garçons susceptibles de participer aux Championnats du Monde. On verra cela bientôt. Christophe Le Mével, qui a fait un très bon Tour d’Italie, pourrait aussi être à la Vuelta.
Propos recueillis à Paris le 24 juillet 2011.