Après une carrière amateur aussi courte que riche en victoires, Lilian Jégou passait professionnel au Crédit Agricole en 2003. Cinq ans plus tard, il recevait sur le podium officiel du Tour de France le prix de la combativité, à Plumelec, portant alors les couleurs de la Française des Jeux. 2ème de la Coupe de France en 2006, sans aucun doute son année la plus régulière (3ème de Cholet-Pays de Loire, 4ème de la Route Adélie, 5ème du Tro Bro Leon, 6ème des GP de Rennes et de Villers-Cotterêts, 9ème du GP de Denain et des Boucles de l’Aulne), Lilian Jégou a terminé sa carrière au poste de capitaine de route chez Bretagne-Schuller. Le Nantais de 34 ans a choisi de dire stop à la fin de la saison pour se lancer dans de nouvelles aventures.
Lilian, pourquoi avoir choisi d’arrêter votre carrière ?
C’est une décision mûrement réfléchie, j’ai maintenant d’autres projets à concrétiser et pour cela il me faut tout mon temps libre. J’arrête car j’ai l’impression d’avoir fait le tour de la question. Déjà, j’ai commencé le vélo à 21 ans, je suis passé professionnel à 27 ans, le reste après n’était que du bonus.
Quel est votre meilleur souvenir sur le vélo ?
Mes participations au Tour de France, sans hésiter ! Là-bas, tout est multiplié par dix : la difficulté, la foule… C’est vraiment un événement spécial et y participer, recevoir le prix de la combativité sur une étape, être dans l’échappée en Bretagne, c’était vraiment magique.
Vous avez participé au Tour de France, côtoyé les plus grands : mais qu’est-ce qui vous a le plus impressionné dans ce très haut niveau ?
J’ai été très impressionné par les équipes : chaque détail compte dans le haut niveau. Au début, on peut avoir une très grosse marge de progression, mais plus on entre dans le très haut niveau, plus les petits détails comptent car on progresse moins. Tout se joue sur des petits détails. C’est vraiment très impressionnant.
Quelles courses auriez-vous aimé remporter ?
Évidemment, comme la plupart des coureurs, une étape du Tour de France ou le Championnat de France, mais je pense que c’était un rêve plutôt qu’une possibilité ! Sinon, il y avait le Tro Bro Leon qui semblait être plus à ma portée. En effet, j’ai plusieurs fois terminé dans les premiers (4ème en 2008, 3ème en 2009). Je ne l’ai jamais gagné, mais ce n’est pas un regret : les années passent et il faut bien que ça s’arrête une fois !
Vous avez conclu votre carrière avec l’équipe Bretagne-Schuller en qualité de capitaine de route, qu’avez-vous appris aux jeunes ?
J’ai essayé de leur faire profiter de mon expérience, que ce soit sur le vélo ou en dehors. Mais, les jeunes, soit ça écoute, soit non, je n’ai pas voulu les ennuyer avec ça. Mais je me dis que je les aurai au moins accompagnés un bout de leur carrière, qui pour certains sera très longue. Et puis, quand ils seront dans d’autres équipes, il y aura d’autres personnes qui sauront les conseiller et les guider mieux que moi.
A qui pensez-vous pour incarner la relève bretonne ?
Je ne peux pas trop dire de noms comme ça, tout peut basculer dans une carrière ! Il y a tellement de facteurs qui rentrent en jeu… Mais je pense que je continuerai à garder un œil sur Romain Hardy. Il écoute les conseils qu’on lui donne, il est déjà très professionnel et il a surtout déjà été dans la vie active, et je trouve que c’est très important d’avoir une « sortie de secours » si ton aventure professionnelle tombe à l’eau.
Actuellement, vous préparez un Brevet d’Etat d’éducateur sportif. On vous reverra donc sur les courses ?
Pour valider mon Brevet d’Etat je dois intervenir lors du stage d’avant-saison au sein de mon équipe Bretagne-Schuller, ainsi que sur une de leur première course. Pour la suite, ça reste dans l’expectative, j’ai émis le souhait de continuer à contribuer à l’évolution de l’équipe, mais pas en tant que coureur…
Quelle activité allez-vous entamer à présent ?
La priorité reste de m’investir davantage dans et autour du magasin de cycles que nous avons ouvert il y a trois ans avec mon frère. Lui comme moi souhaitons faire plus que conseiller nos clients dans leur choix de matériel. Nous voulons les encadrer dans leur pratique, c’est mon approche et expérience de coureur cycliste professionnel que je veux leur faire partager.
Propos recueillis par Mathilde L’Azou.