Laurie, comment jugez-vous les progrès que vous avez réalisés au cours de cette saison ?
Jusqu’ici la saison est plutôt positive. J’ai pas mal progressé cette année, j’ai pris mes repères. Je fais deux podiums en Coupe du Monde sur l’omnium, 2ème à Cali, 3ème à Hong-Kong. Cela m’a permis de remonter au classement européen où j’occupe la 4ème place, sachant que les huit meilleures partiront aux Jeux Olympiques. C’est donc plutôt satisfaisant. Le classement s’arrête après les Championnats du Monde. D’ici là, la qualification n’est pas assurée à 100%. Mais ça sent plutôt bon.
La saison a été compliquée pour les Français. Vous êtes l’une des rares satisfactions du clan tricolore puisque vous avez apporté deux des trois podiums de l’équipe de France en Coupe du Monde cette saison.
A la différence de moi, mes collègues de la vitesse par exemple sont déjà assurés de leur qualification olympique. Ils veulent donc avoir leur pic de forme pour les Jeux Olympiques et peuvent donc se préparer sereinement d’ici là pendant les Coupes du Monde. Personnellement, j’ai dû aborder ma saison différemment vis-à-vis d’eux. J’ai voulu avoir des pics de forme sur les Coupes du Monde et les Championnats du Monde. Car j’ai démarré la saison à la 10ème place du classement européen. Il fallait donc faire en sorte de me qualifier avant tout. A partir du moment où ma qualification olympique sera assurée, je pourrais entamer ma préparation spécifique pour les Jeux. Ils auront lieu en août, ça nous laisse du temps pour nous préparer correctement. Évidemment, j’espère l’or, mais une médaille, ce sera déjà très satisfaisant.
Que représentent les Jeux pour vous ?
C’est un événement particulier qui n’a rien à voir avec un Championnat du Monde ou une Coupe du Monde. Il faudra s’y préparer spécifiquement et bénéficier de l’expérience des aînés qui y ont déjà participé. Ce sera une première pour moi. J’espère y arriver bien préparée psychologiquement pour ne pas être trop stressée. Tous les collègues de l’équipe de France, Grégory Baugé, Kevin Sireau, Michael D’Almeida, pourront me conseiller. Les entraîneurs ont eux aussi déjà vécu les Jeux. Il faudra énormément s’appuyer sur eux. Mais je ne pense pas que le manque d’expérience olympique soit un frein à la performance. La jeunesse a cette fougue pour se montrer performante.
Avant l’échéance olympique, il restera un dernier objectif durant la saison hivernale : celui des Championnats du Monde. Que pouvez-vous y espérer ?
J’espère continuer de progresser et élever le niveau que j’ai eu sur les Coupes du Monde. Je n’ai jamais eu ce niveau et j’aimerais encore m’élever d’un cran. Le niveau des Championnats du Monde est toujours plus élevé que celui des Coupes du Monde. Toutes les filles seront au top. J’espère donc réitérer mes performances de cette année et pourquoi pas faire mieux. Si ce n’est une médaille, au moins un Top 5.
Voyez-vous cette saison comme une étape supplémentaire de votre développement après avoir été numéro une mondiale du scratch et lauréate du classement général de la Coupe du Monde sur l’omnium depuis 2013 ?
Oui, je pense que ça joue sur mes performances. Ma victoire en Coupe du Monde date d’il y a deux ans. Mais l’an dernier, j’ai vécu des moments difficiles. C’est surtout cette saison 2014-2015 compliquée qui m’a permis de rebondir, d’aller de l’avant pour être sûre de performer cette année. Je n’avais pas vraiment le choix. C’était l’année ou jamais pour marquer des points.
Quels éléments ont bloqué durant la saison dernière ?
J’ai changé d’entraîneur après qu’Hervé Dagorne a été renvoyé de la Fédération et qu’il a été remplacé par Samuel Rouyer. J’ai intégré un nouvel environnement avec le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. J’ai connu énormément de changements. Cela a contribué à rendre les résultats de la saison dernière assez décevants.
Au quotidien que vous apporte l’infrastructure de Saint-Quentin ?
Par rapport à l’INSEP, c’est une piste qui, par sa longueur de 250 mètres, nous permet de travailler correctement, sur des distances égales à celles que l’on rencontre en Coupe du Monde. C’est aussi un cadre différent par rapport à l’INSEP qui se situe dans Paris. Je fais énormément de route, je peux donc rouler dans la campagne autour de Saint-Quentin, ce qui est nettement plus plaisant. C’est aussi le pôle olympique où l’on nous prépare spécifiquement pour briller aux Jeux.
Comment ressentez-vous cette ambiance au quotidien ?
Nous avons tous le même objectif. C’est la raison pour laquelle ça se passe aussi bien. Nous nous tirons vers le haut les uns les autres. Il y a énormément de sprinteurs, je vois donc les endurants un peu moins souvent. Pour moi, appartenir à ce groupe, c’est vraiment nécessaire.
Propos recueillis à Paris le 21 janvier 2016.