Laurent, comment les Championnats du Monde qui se dérouleront en France du 18 au 22 février s’annoncent-ils ?
Avec les résultats que nous avons obtenus sur la dernière Coupe du Monde, les Championnats du Monde s’annoncent plutôt bien. A Cali nous avons montré que nous revenions au premier plan. Nous avons eu un hiver difficile et il a fallu régler quelques petits soucis. Je pense que nous sommes sur la bonne voie.
Les athlètes auront beaucoup de pression en évoluant à domicile.
Bien sûr. Disputer un Championnat du Monde à domicile n’est jamais facile. Comme l’a dit le DTN Vincent Jacquet, l’objectif reste les Jeux Olympiques. Ces Mondiaux seront une préparation pour Rio. On va monter en pression dans les quinze derniers jours. Les athlètes vont s’enfermer dans leur bulle. Ils sont concentrés sur ces Championnats du Monde.
Plusieurs trios de vitesse par équipes ont été alignés en Coupe du Monde. Pourquoi avoir choisi Gregory Baugé, Michaël D’Almeida et Kevin Sireau ?
Les critères que nous avions mis en place étaient simples. Il fallait réaliser la meilleure performance sur chaque poste. François, à Cali, avait réalisé la meilleure performance d’un relayeur. Malheureusement il chute. Kevin Sireau le remplace pour la finale et établit le meilleur temps. Pour le poste de finisseur, le choix avait déjà été fait à Londres. Michaël D’Almeida avait signé à deux reprises le meilleur temps. Et Gregory Baugé à Cali a démontré qu’il était encore le meilleur démarreur.
Qu’en est-il des épreuves individuelles ?
L’expérience. La vitesse individuelle, ce n’est pas seulement la pointe de vitesse, c’est aussi un match, un duel. François, en tant que champion du monde, vient défendre son titre, Gregory a gagné sa sélection en devenant champion d’Europe. Michaël D’Almeida est le seul à avoir atteint les quarts de finale en Coupe du Monde. Et Quentin Lafargue est devenu champion de France cette année.
Que peut-on attendre de François Pervis après son hiver compliqué ?
C’est difficile à dire. François a montré de bonnes choses à Cali avant de tomber. Malheureusement, on n’a pas pu voir réellement jusqu’où il peut aller. Mais connaissant François et son caractère… C’est un compétiteur et en tant que compétiteur, il y aura une réaction de sa part aux Championnats du Monde.
Voilà plusieurs mois que vous êtes à la tête du sprint français. Comment travaillez-vous au quotidien ?
Quand je suis arrivé, c’est vrai que j’ai trouvé l’équipe dans un état d’esprit un peu morose. La première chose à faire a été de donner une nouvelle dynamique à cette équipe de France. Au bout de quelques mois, c’est quelque chose qui va dans le bon sens aujourd’hui. C’est avant tout une question de management. C’est du travail personnel, il faut passer du temps avec chaque athlète, leur faire comprendre l’intérêt de travailler ensemble. Et leur faire comprendre que cette dynamique d’équipe peut leur apporter d’un point de vue personnel.
C’est ce qu’il manquait avant votre arrivée ?
Entre autres, mais il y a eu aussi d’autres soucis. Après Londres, les athlètes étaient focalisés sur des choses qui se passaient à l’extérieur. Je pense qu’ils ont oublié l’essentiel, c’est-à-dire d’être concentré sur l’entraînement. Il a donc fallu travailler, échanger pour ramener tout le monde dans le bon sens.
Le sprint possède de fortes personnalités. Est-ce-facile à gérer au quotidien ?
Ce n’est pas facile tous les jours. C’est vrai qu’ils ont de forts tempéraments. J’ai vécu ça de mon côté. C’est grâce à mon expérience que je peux les diriger et apaiser cette atmosphère. Ça les fait progresser aussi. Dans le haut niveau, c’est toujours cette motivation de vouloir faire quelque chose qui permet d’avancer. Que ce soit sur la piste ou sur la route, on connaît le tempérament des sprinteurs. Il est normal qu’il y ait de temps à temps des tensions. Tout le monde veut s’imposer. On est dans un sport individuel sauf pour la vitesse par équipes. C’est assez difficile à gérer, mais il faut trouver les mots justes pour que tout le monde y trouve son compte.
Lors de la présentation de la sélection, Vincent Jacquet vous a remercié pour tous les efforts que vous consentiez. Que voulait-il dire ?
Je ne vais pas dire que je suis le sauveur de l’équipe de France ! Loin de là. J’ai été embauché pour un certain rôle. Je le remplis. Mais je mets beaucoup d’engagements dans mon travail. Je vis en Nouvelle-Calédonie et je me déplace tous les quinze jours. Ça fait des voyages, surtout avec 24 heures de vol ! Les athlètes ont pris conscience que je faisais des efforts de mon côté pour les aider. Ils en font eux aussi pour élever le niveau de l’équipe de France.
Propos recueillis à Saint-Quentin-en-Yvelines le 27 janvier 2015.