Kurt, quel calendrier attend cette saison l’équipe An Post-Chain Reaction ?
L’équipe va entamer sa saison dimanche au Grand Prix La Marseillaise avant d’enchaîner avec l’Etoile de Bessèges et le Tour d’Alentejo, au Portugal. Au printemps, nous ferons quelques petites classiques en Belgique et aux Pays-Bas comme le Tour de Drenthe, la Nokere Koerse et la Handzame Classic. Nous ferons notre retour en France pour des courses comme le Circuit des Ardennes, le Tour du Loir-et-Cher, le Tour de Bretagne… Mais le grand objectif de l’équipe demeurera l’An Post Ras, l’équivalent du Tour d’Irlande, fin mai, juste après le Tour du Yorkshire auquel nous allons participer pour la première fois. Le Tour de Grande-Bregtagne en fin de saison sera également important. Il faut noter aussi que nos Espoirs seront susceptibles d’être sélectionnés en équipe nationale pour disputer des manches de la Coupe des Nations.
En quoi consiste l’An Post Ras ?
C’est une course très agressive qu’il n’est quasiment pas possible de contrôler. Elle se dispute par équipes de cinq coureurs. Mais c’est un très bon exercice pour les coureurs. Cette course met en avant les coureurs offensifs, qui y sont toujours récompensés. Des coureurs comme John Degenkolb et Tony Martin s’y sont illustrés par le passé.
L’Irlande distribue-t-elle des aides en faveur du cyclisme ?
Le cyclisme, chez nous, a vraiment grandi. Dans les années 80, il y a eu Sean Kelly et Stephen Roche. Ils demeurent deux icônes, même si après eux il a fallu patienter pour retrouver de grands coureurs irlandais. Depuis une dizaine d’années, avec l’investissement d’An Post dans le cyclisme, on trouve de bons coureurs à tous les niveaux. Des coureurs comme Daniel Martin et Nicolas Roche brillent sur les plus grandes courses par étapes, Stefan Bennett est très rapide au sprint, Ryan Mullen marche sur le contre-la-montre. Et derrière eux nous avons un certain nombre de jeunes très ambitieux.
Néanmoins, on a le sentiment que les plus ambitieux devront quitter l’Irlande s’ils veulent un jour passer pros…
C’est le cas à l’heure actuelle. Ceux qui ont l’ambition de passer pro doivent rejoindre la France, la Belgique, l’Espagne, l’Italie… C’est ce qui leur permet de se frotter à des adversaires internationaux. Nous, nous disposons d’une base en Belgique, ce qui facilite notre présence sur les courses européennes. D’autres équipes britanniques ont également choisi de s’installer en Belgique durant la saison.
Vous disposez d’un effectif très jeune dans un monde multi-connecté. Comment parvenez-vous à contrôler leur communication à travers les réseaux sociaux ?
Le monde a changé, mais il faut évoluer avec son temps. Aujourd’hui, les coureurs utilisent ces moyens de communication et nous n’y pouvons rien changer. Les réseaux sociaux sont importants, les coureurs aiment ça et c’est bon pour les sponsors, qui bénéficient d’une belle exposition. A nous de bien gérer cela, comme il convient de prendre en considération qu’un groupe de différentes nationalités est un groupe avec différentes mentalités. Mais aujourd’hui les jeunes sont plus professionnels dans leur approche du métier et ils sont à l’écoute.
Diriez-vous que les coureurs d’aujourd’hui subissent plus de pression qu’à une époque ?
Je dirais que c’est la vie en général qui nous met davantage de pression que par le passé. Les coureurs ont plus de pression, j’en ai plus dans mon rôle de manager. Nous bénéficions d’un plus gros budget avec de grands partenaires, mais nous nous devons d’être à la hauteur. Idem lorsqu’un organisateur nous octroie une invitation. Quand tu gagnes, tout le monde est content, mais quand tu passes à côté, tu dois faire face à la déception des gens.
L’équipe roule sur des cadres Vitus, qu’en pensent les coureurs ?
Nous avons du très beau matériel. Avec Sean Kelly, dont la réputation tient à l’immense carrière, nous participons au développement de Vitus. Nous avons tâché, avec le fabricant, de réaliser le meilleur vélo possible, un cadre qui soit à la fois rigide, léger et confortable. Il est monté de roues Vision et nous sommes dotés de partenaires de choix comme Selle Italia pour les selles, Speedplay pour les pédales, SRM en capteur de puissance. Pour moi, il est important de se rendre au départ d’une course et de dire aux jeunes que nous n’avons pas grand-chose à envier aux meilleures équipes du monde. Notre vélo est vraiment exceptionnel.
Tous les coureurs utilisent le SRM. Qui analyse les données ?
Tous les coureurs travaillent avec un entraîneur. Chez nous, Nico Eeckhout encadre 70 % des coureurs, bien que ce ne soit pas une obligation d’avoir recours à lui. Mais nous regardons les données de chacun de nos coureurs. Ça permet de savoir où ils en sont, de les conseiller s’il le faut, mais nous n’avons pas souvent à intervenir. Nous travaillons aussi avec un centre médical à Gérone, qui réalise des tests sur la base des données que nous lui transmettons. Après, il y aussi une question de ressenti personnel.
Travailler avec un coach est-il une nécessité ?
Ce n’est pas une obligation mais je crois que c’est indispensable. Ça permet aussi de se soulager d’une certaine pression. Si tu t’entraînes seul et que tu ne marches pas, c’est de ta faute. Quand tu travailles avec un entraîneur, tu peux partager les responsabilités. La communication est importante. Et un bon coach doit comprendre ce dont un coureur a besoin pour parvenir à ses objectifs.
Propos recueillis par Stéphane Cognet.