Kévin, qu’est-ce qui a changé pour vous depuis le 25 septembre dernier et votre victoire au Championnat du Monde Espoirs à Richmond ?
D’un point de vue personnel, pas grand-chose. Je veux dire par là que j’aborde toujours la saison de la même façon, avec la volonté d’être performant du début à la fin. Maintenant, c’est vrai que j’ai été plus médiatisé, plus sollicité aussi, même si c’est resté raisonnable. Ça m’oblige à revoir mes ambitions à la hausse. J’attends aujourd’hui plus de moi-même et je pense que je vais devenir plus exigeant.
Ce titre mondial des moins de 23 ans est venu couronner une première saison chez les pros déjà remarquable. Que vous a-t-elle apportée ?
Ce qui avait déjà changé avant que je devienne champion du monde Espoirs, c’est ma façon de courir. J’ai appris chez les pros que même si on était très fort il ne fallait pas en faire trop dès le début. C’est inutile. Il faut attendre le bon moment. Ma façon de me comporter en course a évolué et j’ai vu aussi que le haut niveau m’était accessible. Ce sont des courses très dures mais si on fait le métier et qu’on se prépare bien c’est dans mes cordes. C’est aussi pourquoi j’ai revu mes ambitions à la hausse à l’aube de ma seconde saison chez les pros.
Vous bénéficiez depuis toujours des conseils de votre père Yvon, ancien coureur pro et directeur sportif de BMC Racing Team. Quelle relation entretenez-vous ?
C’est lui qui m’entraîne. C’est assez spécial au niveau de la relation étant donné qu’il est dans une autre équipe. Mais il m’a toujours entraîné, ça marche super bien entre nous, et je ne vois pas pourquoi j’irais changer. Par moments au départ, ça a pu être prise de tête. Quand ça allait mal, j’avais tendance à me reprocher l’entraînement réalisé. Mais en fin de compte ça se passe super bien. J’ai l’avantage de bénéficier de toute son expérience, de ses conseils quant aux erreurs qu’il a pu commettre. J’en fait aussi, c’est ce qui fait apprendre, mais au final c’est surtout un gros avantage.
Avez-vous travaillé cet hiver sur de nouveaux axes pour être à la hauteur de vos ambitions cette saison ?
Nous avons changé certaines choses à l’entraînement en effet. J’ai commencé par reprendre une semaine plus tôt, et j’ai fait le stage de l’équipe en Espagne au mois de décembre afin de réaliser une charge de travail un peu plus importante. Au niveau de l’alimentation, je commence également à faire le job beaucoup plus tôt. Je me suis fait plaisir pendant les fêtes mais dans ma tête la saison est déjà commencée. Tous ces aspects, ce sont des choses que l’on apprend à mesure d’une carrière, et nous avons en plus la chance d’être bien encadrés dans l’équipe Fortuneo-Vital Concept avec le docteur Jean-Jacques Menuet. Il est de très bon conseil. Et sur les grosses courses nous bénéficions d’un cuisinier. Je suis curieux de tout ce qui peut me faire progresser.
Vous êtes détenteur d’un maillot de champion du monde Espoirs que vous ne porterez jamais en course, n’est-ce pas une frustration ?
Je le porte à l’entraînement, mais ce qu’il faut bien comprendre c’est que même s’il m’avait été possible de le porter, je ne suis aujourd’hui plus Espoir. En aucun cas je n’aurais pu le porter en 2016. Je savais à quoi m’attendre en allant à Richmond. Et je savais qu’en le gagnant je n’aurais pu le porter que sur Paris-Tours Espoirs. Ce n’est donc pas une grosse frustration.
Où placez-vous vos ambitions cette saison ?
L’objectif de mon début de saison, ce sera Paris-Nice. Ensuite je vais m’orienter sur les classiques belges, notamment les Ardennaises, dans l’espoir d’aller signer une belle performance sur Liège-Bastogne-Liège. Passé ce niveau-là, on fera un point. J’entamerai alors une grosse préparation en espérant être sur le Tour de France. Et si j’y suis ce sera pour être performant, et pas pour dire que je suis sur le Tour.
Propos recueillis à Bruz le 7 janvier 2016.