Julien, quels sont les bons et les mauvais points du jour ?
C’est difficile à dire. Une fois de plus, cela a été une course d’observation et d’attente. Tous les favoris étaient sensiblement au même niveau dans le Galibier, à part Aru qui était en difficulté par rapport aux autre prétendants au podium. Nous avons grappillé plusieurs secondes sur Aru et ensuite le jeu des bonifications fait que Romain reste 3ème car Uran a bénéficié de six secondes de bonifications. Le match est vraiment très serré et il nous reste une journée demain pour essayer de prendre un petit peu d’avance.
Est-ce que la tactique prévue ce matin a été respectée ?
Oui, le plan tactique a été bien respecté. Nous avons vu une fois de plus une belle équipe Ag2r La Mondiale. Nous avons posté deux coureurs à l’avant, nous nous doutions que les écarts ne seraient pas très importants, ce qui est le cas, et puis dans le Galibier Mathias Frank a fait un bon travail. Il ne manque pas grand chose pour qu’il bascule avec Romain et si cela avait été le cas il aurait pu vraiment l’aider dans la descente et pour le sprint. J’ai pour seul regret le fait que Mathias n’arrive pas à prendre la roue de Romain dans les derniers kilomètres, mais à part cela c’est une bonne journée pour l’équipe.
Vous retrouvez également Mathias Frank, peu en vue depuis le départ du Tour, c’est rassurant ?
Nous avions vu des prémices de sa bonne forme et nous lui avions dis que c’était l’homme de cette dernière semaine pour aider Romain. Cela a été le cas aujourd’hui, avec aussi un gros travail d’Alexis Vuillermoz. Je pense que Mathias sera également important demain pour cette dernière bataille.
Quel est, globalement, l’état de fraîcheur de l’équipe ?
Plutôt bon. Nous n’aurions pas pu faire cette étape là si l’état de fraîcheur n’avait pas été bon. Nous avons vu un bon bloc de l’équipe à l’avant, et j’espère que demain cela sera encore le cas pour que nous puissions une fois encore peser sur cette dernière étape et grignoter des secondes.
Vu le profil et les conditions, pensez-vous que c’était impossible de faire mieux ?
Ou. C’était la bataille. Nous avons demandé à Romain d’attaquer dans le Galibier, il a essayé à un moment donné mais sur le haut je pense qu’ils étaient tous au même niveau, tous s’accrochaient pour basculer, ils ont juste réussi à distancer Aru sur le sommet. Le jeu des bonifications fait que le bilan est mitigé. Mais tout reste à faire demain, une fois de plus nous n’avons pas de regrets aujourd’hui.
Avec le niveau homogène de tous les grimpeurs, vu l’étape de demain, peut-on vraiment s’attendre à des écarts ?
Vu ce qu’il s’est passé aujourd’hui dans le Galibier, cela va être une fois de plus compliqué. Avec une arrivée en haut de l’Izoard et le jeu des bonifications sur la ligne, chacun va devoir se découvrir et prendre un maximum de risques, quitte à peut-être exploser à 500 mètres de la ligne. Mais c’est clair qu’il va falloir se découvrir et pas dans le dernier kilomètre, ce n’est pas là que nous ferons des écarts. Que ce soit Aru, Uran ou Romain, ils devront prendre des risques pour creuser des écarts sur Froome.
La tactique aura un grand rôle demain ?
C’était surtout aujourd’hui que tactiquement c’était important. Demain, il faudra être présent pour soulager un maximum Romain mais une fois de plus, dans l’Izoard, ce sera une histoire d’hommes et une bataille entre eux.
Uran est dur à décrocher et semble, sur le papier, meilleur que Romain sur le contre-la-montre. Que faire pour le décrocher ?
Peu importe les adversaires demain, nous savons qu’il y a la dernière montée à l’Izoard et il faudra tout donner dans ce col. Peu importe Aru, Uran ou Froome, il faudra passer la ligne dans un état second et être à bloc. Nous connaissons les qualités de Romain là-dessus, c’est quelqu’un qui sait se faire très mal. Ce sera la dernière occasion donc il ne faudra pas avoir de regrets et faire cette dernière montée à bloc en espérant qu’il y ait des défaillances chez les principaux favoris.
Est-ce que le parcours, avec ces long faux plats qui arrivent dans le final, ne rend pas votre tâche plus difficile ?
Bien sûr, mais nous composons avec le parcours de l’organisateur. Cette année nous avions tous bien vu qu’il n’y avait pas d’arrivées en altitude, il faut composer avec. Cela peut-être un avantage comme dans la descente à Chambéry où Romain a pu faire la différence sur certains coureurs. Aujourd’hui c’était beaucoup plus délicat, nous savions qu’avec ce vent de face dans la vallée de Serre-Chevalier cela compliquait. C’est sûr qu’il y aurait peut-être eu plus d’attaques si l’arrivée avait été jugée au sommet du Galibier mais il faut faire avec le parcours, et demain il y a une belle dernière étape de montagne, à nous d’en profiter.
Quel est votre sentiment après cette étape ?
Un peu de regrets quand même car se faire avoir, pour être poli, sur des bonifications, cela fait toujours ch… Mais ce sont les jambes qui parlent, nous avons demandé à Romain de bien se mettre dans la roue d’Uran car c’était le plus rapide. Il a plus de jump que Romain sur une arrivée comme celle-ci, Romain a fait le sprint a bloc donc je n’ai pas de regrets, c’est plus de la frustration.
De plus, Uran n’attaque pas…
Oui il n’attaque pas, mais nous le connaissons, nous savons que ce n’est pas le coureur le plus offensif du peloton. Sa stratégie est payante mais nous allons rester concentré, se remettre dans le bain pour bien récupérer ce soir et se plonger dans cette ultime étape de l’Izoard.
Est-ce qu’Aru est hors-jeu pour vous ?
Non pas du tout, il a moins de 30 secondes de retard sur Romain et on ne peut pas le mettre hors-jeu avec cet écart. Il faudra se méfier de lui. J’espère que les sensations qu’il avait aujourd’hui il les aura demain et sur une montée comme l’Izoard peut-être que l’écart sera proche de la minute et là ce sera beaucoup plus intéressant.