Jonathan, comment présenteriez-vous le bilan de votre équipe sur le Tour ?
Il est globalement bon. Nous avons atteint notre objectif. De justesse, mais nous y sommes arrivés. Andrew Talansky entre dans le Top 10 à la veille de l’arrivée finale. Nous avons également remporté une étape grâce à Dan Martin, une première pour nous en montagne. Surtout, nous avons préparé l’avenir avec Andrew et Daniel. Ce sont les deux nouveaux leaders de l’équipe. Il est toujours difficile d’opérer ce changement, mais nous y sommes parvenus. On continuera dans cette voie-là, pour progresser.
Dan Martin s’est pourtant un peu écrasé en dernière semaine, et Ryder Hesjedal n’a pas affiché son vrai niveau.
Dan était malade dans les Alpes, il avait une petite grippe. Quant à Ryder, il a chuté le premier jour. Il s’est cassé une côte et je pense que la tête n’y était plus. Il s’est montré en forme à Liège-Bastogne-Liège où il fait un gros travail pour Dan Martin, peut-être était-ce trop tôt. Pour lui l’objectif était le Giro, mais il a dû abandonner. Il nous a dit qu’il pourrait retrouver la forme pour le Tour, mais il n’y est pas arrivé. Il était bien prêt pour les classiques et pour le Tour d’Italie, mais il est tombé malade. C’était peut-être une erreur de le sélectionner pour le Tour.
Sera t-il de nouveau votre leader lors d’un prochain Grand Tour ?
Je pense que nous devrons diviser un peu les choses. Pour le Tour de France, je pense que je miserai sur Andrew Talansky. C’est un coureur taillé pour le Tour. C’est un dur au mal, il a le mental, il s’améliore de jour en jour en troisième semaine. Avec l’âge, il peut arriver à un très bon niveau sur le Tour de France dans les prochaines années. Ryder et Dan sont plus des coureurs pour le Giro et la Vuelta. Pour l’année prochaine, je pense que je vais changer les rôles de chacun, leur demander de se concentrer sur un Grand Tour. Andrew sur le Tour, Dan sur le Giro, et Ryder sur la Vuelta.
On a pourtant vu sur Paris-Nice qu’Andrew Talansky avait encore beaucoup à apprendre. Ce Tour de France l’a-t-il fait progressé ?
Oui énormément. Surtout mentalement. Je pense qu’il comprend ce qu’est le Tour de France maintenant. Il a fait un très beau Tour pour sa première participation. Il n’a pas beaucoup d’expérience. Il a commencé le vélo quand il avait 18 ans. Il a une belle marge de progression devant lui.
Comment aborderez-vous la prochaine édition du Tour d’Espagne ?
Normalement, nous irons avec une équipe jeune, et je confierai le rôle de leader à Peter Stetina.
Cette 100ème édition du Tour de France était exceptionnelle…
C’était un très beau parcours, peut-être le plus dur de ces dernières années. La dernière semaine était vraiment difficile. Elle n’avait rien avoir avec la dernière semaine d’un Tour de France habituel. C’était dur jusqu’au dernier jour ! Je pense que cela a plu aux spectateurs.
On a pu revoir un cyclisme traditionnel, à visage humain. Pensez-vous que l’on ait assisté à un tournant ?
Nous avons fait beaucoup de progrès sur cet aspect, ces quatre-cinq dernières années. Il faut continuer dans cette voie là, de lutter contre le dopage. Selon moi, la bataille est gagnée, mais la guerre continue.
Voyez-vous quelques modifications à apporter pour la 101ème édition ?
Le 100ème était très bien organisé. On peut toujours apporter de nouvelles idées, explorer de nouvelles pistes. Mais ce Tour de France était presque parfait. On pourrait toujours étudier la possibilité de diminuer le nombre de coureurs par équipes, mais il y a un risque que l’équipe du leader soit diminuée en cas de chute, ou si un des coureurs tombe malade. On peut alors vite se retrouver à quatre ou cinq coéquipiers. Dans cette configuration là, le vainqueur ne serait pas le plus fort, mais celui qui a les meilleurs équipiers et le plus de chance. Réduire à huit pourquoi pas ? Moins, cela me paraît difficile.
C’est ce qu’il s’est produit pour vous avec Christian Vande Velde en première semaine.
Oui, aujourd’hui il va mieux. Il ne fera pas la Vuelta mais sera au Tour du Colorado et le Championnat du Monde du contre-la-montre par équipes. Nous allons nous préparer pour remporter cette course. Mais la concurrence est féroce ! Il y a deux ans, on remportait presque tous les contre-la-montre par équipes. Aujourd’hui, les autres équipes ont une avance sur nous au niveau technologique.
Verra-t-on du mouvement dans votre équipe à l’intersaison ?
Un peu, mais je veux surtout retrouver deux coureurs jeunes, Dylan Van Baarle et Lasse-Norman Hansen qui sont pour moi les deux meilleurs espoirs mondiaux à l’heure actuelle. On fera signer quelques jeunes coureurs, mais pas de gros noms.
Propos recueillis à Paris le 21 juillet 2013.