Jonathan, quel bilan pouvez-vous tirer du Tour de France de l’équipe Cannondale-Drapac ?
Nous avons fait un Tour de France moyen, mais nous avons eu pas mal de malchance. D’un autre côté, c’est très encourageant. Nous nous sommes bien battus, Pierre Rolland en est l’exemple. Je n’ai jamais vu un coureur faire une telle chute sur le Tour de France, comme il l’a fait le vendredi vers Saint-Gervais, et repartir dans l’échappée dès le lendemain vers Morzine ! C’est un vrai homme ! Je suis très fier de ce qu’il a réalisé. Dans les autres équipes, Romain Bardet m’a impressionné. Il est tactiquement très intelligent, il s’est amélioré sur le contre-la-montre. C’est vraiment un champion. C’est aussi une bonne personne.
Même sans victoire d’étape, vous tirez un bilan plus positif que négatif ?
C’est bien sûr dommage. Nous espérons simplement que le Tour de France l’an prochain sera meilleur pour nous. Mais la saison n’est pas finie. La Vuelta démarre bientôt. Nous la débuterons avec une équipe très forte. Andrew Talansky y sera notre leader. Pierre Rolland y sera aussi. Il est très motivé à l’idée de prendre sa revanche sur le Tour de France. Nous aurons une équipe solide pour la Vuelta, complétée par Joe Dombrowski. J’ai confiance pour ce Tour d’Espagne. Cette année, nous avons de toute façon davantage misé sur le Giro et la Vuelta que sur le Tour.
Qu’avez-vous pensé de cette édition que certains ont qualifié d’ennuyante ?
Je suis assez d’accord. Il faudrait commencer à songer en cyclisme aux restrictions du budget. Pour moi, sur un simple point de vue sportif, il n’est pas normal qu’une équipe ait un budget de 35 millions d’euros et qu’une autre ait dix fois moins ! Il faudrait changer cela. De quelle manière ? Je ne sais pas. Mais sinon, les grandes équipes vont continuer de gagner des courses, vont facilement trouver de gros sponsors et grandir encore, etc. C’est un cercle vicieux. On risque d’arriver à un point où une seule équipe gagnerait toutes les grandes courses. Le public risquerait alors de se lasser.
La solution ne passe-t-elle pas par la suppression des oreillettes, des capteurs de puissance, des points UCI ou par la réduction des effectifs ?
Les oreillettes sont une question de stratégie. Je ne supprimerai pas l’oreillette pour autant, ni même les capteurs de puissance. Réduire les effectifs des équipes à huit coureurs est possible, mais l’important pour moi reste la question du budget où une certaine homogénéité est nécessaire.
C’est un message que vous êtes parvenu à faire passer ?
C’est difficile. Il faudrait en discuter avec Brian Cookson, mais en cyclisme, il est difficile de mettre d’accord tout le monde. Et c’est vraiment dommage. Je vais continuer d’en parler, mais je l’ai déjà fait sans que les choses changent.
Propos recueillis le 24 juillet 2016 à Paris.