Jérôme, vous avez réalisé une grosse performance sur le contre-la-montre final de l’Etoile de Bessèges, quelles ont été vos sensations ?
Plutôt bonnes. C’était un chrono qui me convenait, avec une arrivée en bosse. Mais je ne pensais pas réaliser une telle différence sur les autres favoris, comme Rein Taaramae et Pierrick Fédrigo… Ce sont ces deux-là que je craignais le plus, j’espérais juste que ça suffise. Pierre Rolland avait aussi 20 secondes d’avance avant la dernière étape, et ce n’était pas rien sur un chrono comme ça.
Vos adversaires, vous les avez tout de même repoussés de plusieurs dizaines de secondes en 9,7 kilomètres, c’est une grande performance ?
Oui, mais il faut aussi relativiser. Nous ne sommes qu’en début de saison et les différences de niveau sont plus prononcées à cette époque de l’année. J’en profite, je ne gagne pas beaucoup de courses dans l’année. Là ça m’en fait deux en une journée, le travail hivernal paie tout de suite, ça enlève de la pression et c’est bien pour le mental.
Comment avez-vous trouvé le parcours de ce contre-la-montre ?
La première partie n’était pas facile, avec vent de face pour partir, mais la bosse était vraiment très dure. Il fallait vite se mettre dedans. La bosse finale était rude, ce n’était pas facile pour un contre-la-montre comme celui-là placé en fin de semaine. Mais il y avait du monde dans les des portions très raides, beaucoup d’encouragements, et j’ai trouvé ça très sympa. C’était un très beau final.
Quel braquet avez-vous mis ?
J’ai mis 39×25 et je me suis servi du 25 pour soulager. C’est très rare dans un chrono, c’est même sans doute la première fois que je passe le 25 dans un contre-la-montre. J’ai surtout tourné avec le 19 et le 21.
Vous aviez opté pour le cuissard court après une semaine en long…
Ça fait bizarre. Dans les premiers mètres, il fallait vite se réchauffer, mais on n’a jamais froid dans un chrono donc le cuissard court s’imposait bien. Je ne crains pas tellement le froid d’habitude, même si cette semaine il y a quand même eu des fois où j’ai eu vraiment froid. Nous n’avons pas fait de comédie quand nous avons demandé d’arrêter la course à cause du vent ou autre. C’était vraiment impraticable. Nous sommes les premiers déçus parce que faire des étapes de 60 kilomètres, ça ne nous intéresse pas plus que l’organisateur. Mais nous n’avions pas le choix.
La situation n’était tout de même pas facile entre les requêtes d’un organisateur qui se bat pour son épreuve et celle d’un peloton qui pense aussi à la suite de la saison ?
Ce n’était évidemment pas facile de demander à raccourcir les étapes. En plus, cette course-là, nous l’aimons tous. Elle est bien placée au calendrier et nous avons envie qu’elle perdure, qu’elle grandisse même. Un contre-la-montre final à Alès, ça change des dernières années, et c’est super. Mais nous avons effectivement une saison derrière, les conditions que nous avons rencontrées étaient trop dangereuses. Nous avons pris des décisions dans l’intérêt de tous.
L’équipe Saur-Sojasun a réalisé un gros dimanche avec votre victoire d’étape et au général et le succès matinal de Stéphane Poulhiès…
Toute la semaine, on a très bien couru. On a manqué de réussite dans les sprints mais collectivement nous étions l’une des équipes les plus fortes avec Cofidis et Vacansoleil. Nous n’avons pas fait d’erreur, tous les gars ont été récompensés. Physiquement, nous sommes plus forts que l’an passé à la même époque. Ça s’est ressenti au stage. Les conditions climatiques plus douces de l’hiver nous ont permis de mieux rouler. Notre Tour de France l’été dernier nous a aussi fait beaucoup de bien. Nous avons passé un palier, physiquement et mentalement. L’équipe progresse et on espère faire mieux.
L’Etoile de Bessèges, avec ce contre-la-montre, l’aviez-vous cochée ?
Oui, je l’avais en tête. Maintenant, j’avais toujours un peu peur des bordures. J’ai été très bien protégé par l’équipe toute la semaine pour que j’arrive au départ du chrono sans trop de retard. Nous n’avons pas fait d’erreurs, j’avais à cœur de bien faire et c’est une victoire collective avant tout.
Par où allez-vous poursuivre votre programme d’ici Paris-Nice ?
Je vais disputer la Ruta del Sol puis la Clasica d’Almeria. On touche du bois pour qu’on retrouve un peu le soleil et qu’on ne revive pas une semaine comme celle-ci.
Propos recueillis à Alès le 5 février 2012.