Jérôme, vous avez été à l’attaque toute la journée mais Rui Costa était un petit peu trop fort aujourd’hui ?
Pas besoin de dire « un peu », il était simplement trop fort. J’ai tenté ma chance avant car je me doutais que des mecs comme lui allaient être plus forts dans la montée du col de Manse. Quand il est revenu sur moi j’ai espéré qu’on reste un petit peu ensemble. Mais il a été vraiment trop fort, et quand il a accéléré, je n’ai pas pu suivre. Derrière, nous étions plusieurs, j’ai pensé que c’était jouable d’aller le chercher, mais finalement on ne lui a pas repris de temps. C’était peine perdue.
Vous êtes parvenu à vous accrocher au groupe qui arrivait derrière, mais c’était limite ?
Oui, c’était limite, parce que quand on fait un gros effort comme ça en début de col et qu’un groupe vous reprend, c’est toujours difficile de garder les roues, surtout vent dans le dos. Je me suis accroché, j’ai donné tout ce que j’ai pu. On arrive pour la place de 2, le principal c’est que les sensations soient là.
Mais l’essentiel n’était-il pas ailleurs ?
C’est vrai qu’il m’a vraiment fallu m’accrocher durant ce Tour de France. Je suis passé par des moments difficiles. Je ne pensais même pas arriver jusqu’ici. J’étais sur la bonne voie depuis le Championnat de France. Malheureusement ma chute au premier jour du Tour a tout gâché. Mais depuis quelques jours ça va mieux et aujourd’hui j’ai pris beaucoup de plaisir. J’ai prouvé que les sensations étaient là et que ma préparation était la bonne pour le Tour de France. C’est le principal.
Votre implication dans la chute de Bastia aura néanmoins gâché votre Tour…
Ça fait partie du jeu malheureusement. On prépare le Tour de France pendant un an et une gamelle fout tout en l’air. Ça m’est arrivé plusieurs fois ces dernières années, mais c’est comme ça. Des journées comme aujourd’hui, même s’il n’y a pas la victoire au bout, font oublier ces moments difficiles.
Cela change à l’évidence votre perspective pour cette dernière semaine du Tour ?
Depuis ma chute au premier jour et surtout après les quinze minutes perdues dès le dimanche à Ajaccio, je m’étais rabattu sur des victoires d’étapes. C’est ce qui me tentait mais j’ai été incapable d’aller dans une échappée. C’était trop douloureux pour moi. Là ça va mieux, j’arrive à me refaire plaisir, à attaquer, à être devant. C’est sûr, je vais ressayer dans les Alpes.
Les étapes à venir vous inspirent-elles ?
Ce sont des étapes très dures, maintenant j’arrive vraiment sur mes terres, sur mes routes d’entraînement. Ça ne fait pas pédaler plus vite, mais ça donne en tout cas plus d’envie, c’est sûr. Maintenant je suis preneur de n’importe quelle étape ! Mais il va falloir de bonnes sensations vu le programme qui est prévu.
Le chrono de Chorges, demain, vous le mettrez à profit pour récupérer des efforts du jour ?
Oui, même si je vais quand même bien partir. Je pense que c’est important de faire tous les chronos à fond. Le tracé peut me convenir mais il faudra vraiment avoir récupéré d’aujourd’hui.
Propos recueillis à Gap le 16 juillet 2013.