Comment es-tu venu au cyclisme ?
J’ai grandi dans une famille de cyclistes. Mon père, mon grand-père, mes oncles faisaient du vélo. J’ai naturellement suivi leur chemin. Je pédalais dans mon jardin depuis tout petit, je suis progressivement arrivé sur les courses à l’adolescence. Mon père ne voulait pas que je commence en école de vélo, car il n’aimait pas l’ambiance trop oppressante de certains parents. Alors j’ai commencé par du foot.
Ingénieur diplômé à l’école centrale de Lyon. Comment en es-tu arrivé la ?
Mes parents m’ont toujours poussé pour que j’ai un diplôme. Ils étaient d’accord que je pratique le vélo, mais uniquement si je poursuivais mes études. J’ai donc cumulé les deux pendant plusieurs années, avec quelques périodes de pause sur le vélo quand la charge de travail était trop lourde en cours ou en stage. Et puis une fois que j’ai été diplômé en 2015, je me suis laissé un an pour faire du vélo à fond chez les amateurs, et pour intégrer le monde professionnel. Un an pour réaliser un rêve d’enfant. Ça a payé l’année suivante quand j’ai rejoint l’équipe continentale Roubaix Lille Métropole.
Comment allies-tu ces deux projets ?
Cela n’a pas toujours été simple. Le plus difficile a été après mon bac, lorsque j’étais en math sup/math spé. C’était 3 années de cours intenses pour préparer les concours d’entrée en école d’ingénieur. Il fallait beaucoup d’organisation et de sacrifices. Je me souviens emmener mes cours pour réviser pendant les trajets pour aller sur les courses. Je ne pouvais pas faire de courses à étapes pendant la période scolaire, car je ne pouvais pas me permettre de rater des cours, que j’avais jusqu’au samedi matin. Mais au final toutes ces années m’ont apporté une rigueur que j’ai gardé par la suite, ce qui je pense est important dans notre métier. Cela m’a également fait vivre de belles expériences, lors de mes stages notamment. Mon stage dans une soufflerie m’a appris énormément de choses dans l’aérodynamisme par exemple, et j’essaie de me servir de ces compétences aujourd’hui dans le vélo.
Qu’est-ce qu’une semaine type pour toi ?
Je roule six jours sur sept. Je pars souvent en début de matinée pour pouvoir me reposer l’après-midi. Et pendant mon jour de repos, je profite tout simplement de ma famille.
Jérémy, vainqueur du CLM du Tour du Loiret | © Noémie Morizet
Passé une première fois par le monde professionnel, tu reviens finalement chez les amateurs l’an passé où tu écrases la concurrence. Quels étaient les objectifs et comment es-tu parvenu à décrocher cette nouvelle place chez les pros ?
En rempilant pour une saison chez les amateurs, mon objectif était de quitter le monde du vélo sur une bonne note. J’ai été très déçu, frustré, et j’ai ressenti un fort goût d’inachevé quand j’ai dû quitter le monde professionnel en 2018. J’ai eu l’impression de ne pas avoir réussi à montrer qui j’étais vraiment. Sans prétention, je voulais donc tout gagner pour ma dernière saison sur un vélo. Mon but n’était alors pas de repasser professionnel, c’était juste de m’offrir un gros plaisir. Dans ma tête, un verrou a sauté, c’était maintenant ou jamais. Et ça a marché puisque j’ai tout de suite enchaîné les succès. En milieu de saison, la question d’un retour chez les pros s’est alors posée…
Vainqueur du Tour du Loiret, du Tour de la Manche, de Paris-Troyes et d’autres, tu signes finalement chez Total Direct Energie. Pourquoi ce choix ? Peux-tu nous raconter ton intégration ainsi que tes attentes envers l’équipe.
J’ai été mis en relation avec Jean-René Bernaudeau par un ami commun. Le courant est bien passé. J’ai aussi rencontré le staff, même sensation agréable. Je me suis tout de suite senti à l’aise chez Total Direct Énergie. C’est une grande famille de professionnels. A la fin de la saison, Jean-René m’a appelé pour m’offrir deux ans de contrat… que j’ai forcément acceptés ! L’intégration s’est très bien passée. Je suis très heureux dans cette équipe, je me sens en confiance. Le staff est très à l’écoute, mes coéquipiers sont sympas et bosseurs. C’est tout ce que j’aime ! Je veux encore progresser avec eux, je sais qu’ils pourront m’aider. J’aimerai découvrir un grand Tour, un jour.
Jérémy Cabot chez Total Direct Energie pour 2020 et 2021 | © Total Direct Energie
Comment s’est passé ton confinement ?
Je n’aime pas beaucoup l’home-trainer, ça n’a donc pas été une grande partie de plaisir. La motivation était parfois difficile à trouver, surtout lorsqu’il n’y avait pas encore de date de sortie, de reprise, etc. Mais j’ai quand même eu la chance d’être bien occupé puisque je suis devenu papa en plein confinement ! C’est du sport aussi !
Quand et où as-tu retrouvé l’équipe post-covid ?
On s’est retrouvés pour une semaine de stage à Besse-en-Chandesse (Auvergne), fin juillet.
Qu’est-ce que tu dirais à tous ces jeunes espoirs ou élites qui rêvent de faire du cyclisme leur métier ?
C’est un défi très difficile. Il faut être lucide sur ses capacités à y parvenir. Et si vraiment on sent qu’on a ça au fond de soi, il faut tout donner pour y arriver pour ne pas avoir de regrets. Mais je leur dirais aussi de ne pas laisser tomber trop rapidement les études. C’est possible de concilier haut niveau amateur et études, de plus en plus de jeunes y parviennent. Une carrière pro peut très rapidement se terminer, et c’est important d’avoir quelque chose à côté.
Papa depuis peu, comment gères-tu la situation et les futures absences avec le retour à la compétition ?
J’ai passé plus de trois mois non-stop avec ma fille, ça n’a donc pas été simple de la laisser la première fois pour partir en stage. Mais grâce à la technologie, j’ai beaucoup de photos et de vidéos… et ça sera encore plus savoureux de rentrer à la maison maintenant !
Première course de la saison sur la Tropicale Amissa Bongo : 6ème du général | © Gautier Demouveaux
Quel va être ton programme jusqu’à la fin de saison ? Quels seront les objectifs ?
Mon calendrier de courses doit encore être ajusté, surtout que des courses sont régulièrement annulées à cause du coronavirus. Mes objectifs seront d’aider au mieux l’équipe, et essayer de me montrer lorsque j’en aurai l’opportunité. Cela sera difficile car toutes les courses seront très relevées et tous les coureurs très motivés à cause de l’arrêt.
Cette période de crise sanitaire va-t-elle modifier ta coupure et/ou ta préparation hivernale ?
La saison sera plus longue, il va donc forcément falloir s’adapter. Mais je ne connais pas encore tout mon programme de courses et je ne sais donc pas quand je vais m’arrêter de courir. On ajustera tout cela avec mon entraîneur en fonction de la fin de saison.
Que peut-on te souhaiter pour cette fin 2020 ?
Plein de victoires de la Team Total Direct Énergie ! Et puis j’aimerai aussi qu’on puisse retrouver un monde normal, avec des courses qui se courrent avec du public et sans la menace du Covid-19.
Par Jade WIEL