Jean-René, le Tour 2010 aura été une réussite pour l’équipe Bbox Bouygues Telecom, comment le qualifiez-vous ?
Nous avons deux victoires d’étape, comme l’an dernier et avec les mêmes coureurs, Thomas Voeckler et Pierrick Fédrigo. La cerise sur le gâteau, c’est le Maillot à Pois porté par un pilier historique de l’équipe. Anthony Charteau est arrivé au sports-études, puis au Vendée U, il a vraiment l’âme de l’entreprise. Un tandem Voeckler-Charteau peut faire de grandes choses. Il faut garder à l’esprit qu’à deux on est trois fois plus fort. Cet adage est garant de l’esprit de Thomas, qui va se sentir moins seul pour porter les valeurs de l’équipe.

Le Maillot à Pois d’Anthony Charteau a d’autant plus de valeur qu’il a quitté le vivier vendéen avant de le retrouver cette année pour retrouver un groupe qu’il n’aurait peut-être jamais dû quitter…
Il est parti en très bons termes. A l’époque je l’avais libéré alors qu’il était encore sous contrat. Il s’est comporté comme quelqu’un qui allait revenir un jour, ce qu’il a fait. Il ne faut pas oublier que Charteau était numéro deux français chez les amateurs en 2000, derrière Voeckler. Ils avaient terminé un et deux de Paris-Tours Espoirs et avaient alors demandé à un journaliste, Noël Nilly, s’ils ne pouvaient pas annuler le classement pour rester ex-aequo. Leur amitié remonte à longtemps et qu’Anthony Charteau finisse Maillot à Pois est ce qui pouvait nous arriver de mieux.

Par rapport à vos ambitions initiales, ce Maillot à Pois était inespéré ?
On savait que c’était possible avec Voeckler, Fédrigo, même Charteau. Mais il fallait avoir une longue échappée avec un maximum de points, puis une seconde longue échappée. Anthony a été exceptionnel car il est passé en tête sur certains des cols les plus durs, et à la pédale face à de bons coureurs comme Cunego, Moreau… Ce n’était pas rien et Anthony a été le chercher. C’est un beau meilleur grimpeur car il n’a pas bénéficié tant que ça de concours de circonstance.

Les piliers de l’équipe ont marché, mais les jeunes aussi…
Pierre Rolland nous a montré qu’il avait beaucoup de caractère, mais ce qu’il a fait au Tourmalet m’a bien plu. C’est un respect du Tour de France et du patrimoine. Le dernier col du Tour se respecte. Il était dans le groupe de tête et a terminé 21ème en haut, ça montre qu’il a une force de caractère, surtout après une période de carence. Cyril Gautier nous a aussi apporté beaucoup de bonheur. Il découvre, il est fort, il est ambitieux et a un mental hors normes. Ces deux-là vont être de bons coureurs pour les années qui viennent.

Sébastien Turgot s’est quant à lui révélé dans les sprints…
C’est le gros mental. C’est lui aussi un vrai « made in Vendée U ». Il n’a aucun complexe. Où il va, on ne sait pas encore. Il n’y a pas si longtemps il travaillait à l’usine. Il a une grosse santé et a une marge de progression proportionnelle à ses peu d’années de vélo. Je ne sais pas où il ira mais c’est un solide, robuste, qui n’a aucun complexe.

Yukiya Arashiro vous a-t-il apporté ce que vous attendiez de lui ?
Il était prêt à faire feu sur une opportunité d’échappée, après c’est un concours de circonstances. L’équipe a été homogène. Avec Yukiya ou non, il fallait un Bouygues dans les échappées. Il est très fort dans les arrivées au sprint, ça se sait et il aurait pu gagner son étape s’il avait bénéficié d’une échappée. La stratégie de Didier Rous, c’était de ne pas louper les échappées durant les deux premières heures.

Quand pensez-vous pouvoir annoncer un successeur à Bbox Bouygues Telecom ?
Aujourd’hui l’avenir est assuré donc je ne suis pas trop pressé par le calendrier. J’ai déjà des coureurs qui m’ont donné leur parole, et on annoncera notre futur support dans les jours à venir. Mais nous ne sommes pas pressés par le temps car nous avons déjà des accords qui nous garantissent d’être au moins à ce niveau l’an prochain. Maintenant, on va voir quel va être le règlement de l’UCI, on sait que des équipes ne vont pas repartir l’an prochain. Si on fait un bon Tour d’Espagne, si on est bons au Canada et à Plouay, on verra si on peut postuler ou non pour revenir dans le ProTour. Ce qui est sûr, c’est que nous serons là l’an prochain.

Propos recueillis à Paris le 25 juillet 2010.