Jean-François Pescheux, avez-vous établi le parcours du Tour de France 2013 en prenant en compte les critiques qui ont pu être faites sur celui de 2012 ?
Il n’y a pas eu de remarques particulières. Le parcours du Tour 2013 était pratiquement terminé quand on a fini le parcours 2012. On rectifie un peu le tir au niveau de la distance des contre-la-montre, mais pas de changements particuliers par rapport aux remarques. Nous proposons un parcours, les coureurs en disposent. Mais la course, c’est la course.
Le centième Tour sera pourtant plus montagneux…
À partir du moment où on part de Corse, c’est montagneux. Mais s’il y a de beaux cols, il n’y pas les grands cols non plus. Pas de Tourmalet, pas d’Aubisque, pas d’Izoard, pas d’Iseran etc. Donc dire s’il est plus montagneux ? Encore une fois, ça dépend des coureurs.
Deux mythes seront présents malgré tout : l’Alpe d’Huez et le Ventoux.
C’était une volonté, car ce sont deux gros monuments. Les Pyrénées seront dures, mais il ne fallait pas trop les durcir. La première semaine était déjà exigeante avec un départ en Corse qui sera spectaculaire et difficile. Il faut équilibrer au mieux possible. Notre but est d’essayer de dévoiler le vainqueur du Tour le plus tard possible, le plus près de Paris. On n’a pas intérêt à ce que le meilleur coureur prenne le maillot jaune en Corse pour l’amener sur les Champs. On essaye de monter un scénario. Encore une fois, ce sont les coureurs qui en disposent.
Comment se passera la double ascension de l’Alpe d’Huez pour l’organisation ?
Seule la course fera la boucle. La caravane ne fera qu’un tour.
Le départ de Corse est-il l’un des plus difficiles de ces dernières années ?
Oui, c’est la typographie qui veut ça. Forcément, si on part de Corse, on a un départ beaucoup plus difficile que si on part de Vendée ou d’Aquitaine. Aux coureurs de se dévoiler, d’en profiter sur ces premières étapes pour modifier la hiérarchie du cyclisme.
Quel était le cahier des charges pour cette centième ?
C’était prévu qu’on ne reste qu’en France. Il fallait passer en Corse car c’était le seul département qui n’avait jamais été traversé. À partir de là, les Alpes, les Pyrénées, etc. On fait un petit clin d’œil à la Bretagne. On a aussi essayé de mettre des beaux monuments. Le Mont-Saint-Michel par exemple. C’est la première et la dernière fois qu’on le fera puisqu’ils sont en train de faire des travaux qui vont nous empêcher de refaire une arrivée dans les conditions de cette année. Tout ça réunit, fait qu’après on essaye de faire plaisir au maximum de villes et de régions, et ensuite on trace.
Vous n’avez jamais eu envie de repasser par les six villes du Tour 1903 ?
Non, on l’a fait en 2003. On n’a pas cherché à recopier ce qui s’était fait au début. On a voulu faire de l’ancien et du moderne. Des nouveaux cols comme la Hourquette d’Ancizan ou le col de Pailhères. Et de l’ancien avec Marseille parce que la ville était candidate. Mais il n’y a pas eu de recherches pour aller à Bordeaux ou à Nantes par exemple. Donc pas de copie conforme par rapport à 1903.
Dans quelle mesure les appuis politiques peuvent-ils jouer dans le tracé, notamment sur les villes départ et arrivée ?
Il faut être clair, le parcours est d’abord sportif. En fonction du parcours, si on peut faire plaisir aux communes ou aux régions, nous le faisons. Mais c’est d’abord l’aspect sportif qui compte.
Après la Corse, à quand l’Outre-mer ?
Il y a eu un projet pour l’Outre-mer en 2000. On avait avancé sur un gros dossier en départ de Guadeloupe. Malheureusement en raison du transfert aérien, ça n’a pas pu se réaliser. Il faut être correct. On est dans une épreuve difficile, on ne peut pas se permettre de faire des transferts de plus d’une heure, une heure quinze grand maximum. Car quand on dit une heure quinze d’avion, on ne compte pas la préparation, l’atterrissage, et c’est déjà beaucoup. Et puis il y a le problème du décalage horaire : changement d’horaire pour aller au départ, changement d’horaire pour revenir en métropole…On parle de la plus grande épreuve cycliste du monde, donc on ne peut pas faire n’importe quoi !
Est-il vrai que la centième sera votre dernière ?
La centième sera ma dernière en tant que directeur de course, mais je serai présent jusqu’en 2015 auprès des mes collaborateurs pour passer le flambeau gentiment à mon successeur.
Pouvez-vous dire à Vélo 101, ce que vous préparez pour la 101ème édition ?
(Rires) Il faut déjà déterminer le grand départ. On a des petites surprises, mais il est trop tôt pour en parler. Faisons déjà la centième !
Propos recueillis à Paris le 24 octobre.