Jean-François Pescheux, comment avez-vous vécu un fait de course particulièrement rare dans la première étape du Tour de France : un bus encastré dans le portique d’arrivée ?
A 12 kilomètres de l’arrivée, on nous a annoncé qu’un bus était coincé sous le portique et qu’on ne pourrait pas disputer l’arrivée ici. Avec le président du jury, qui est à mes côtés dans la voiture de direction de course, nous avons pris la décision d’avancer l’arrivée sous la banderole des 3 kilomètres, où nous disposons de transpondeurs et d’une ligne virtuelle (NDLR : utilisée pour déterminer la position de chacun en cas d’incidents survenus dans les 3 derniers kilomètres). Nous pouvions y établir un semblant de classement. Nous avons attendu d’être sous le panneau des 10 kilomètres pour l’annoncer officiellement sur Radio-Tour.
Qu’avez-vous alors déclaré aux directeurs sportifs ?
Nous avons annoncé que l’arrivée aurait lieu à 3 kilomètres de l’arrivée à cause d’un incident survenu sur la ligne d’arrivée. Nous l’avons annoncé en français et en anglais pour qu’il n’y ait pas de panique, puis les directeurs sportifs ont communiqué l’information à leurs coureurs.
Mais la ligne d’arrivée a finalement été dégagée in extremis…
On me l’a annoncé deux minutes plus tard. Mais dans le même temps la société Matsport, qui gère le chronométrage, m’a fait savoir qu’on ne pouvait pas réaliser l’arrivée à l’endroit convenu, la photo-finish étant cassée. J’ai échangé rapidement avec le président, je lui ai dit qu’on devait maintenir l’arrivée à Bastia et qu’on se démerderait après. Nous avons repris la décision de faire l’arrivée comme prévu sur la ligne. Nous avons également décidé immédiatement que tous les coureurs seraient classés dans le même temps pour qu’il n’y ait pas de panique dans le peloton, malgré les chutes qui se sont peut-être produites à cause de cela.
Alberto Contador tombé à 7 kilomètres de l’arrivée ne perd donc pas de temps ce soir ?
Non, personne ne perdra de temps. L’incident est intervenu dans les 3 derniers kilomètres de la deuxième arrivée retenue. Pour ne pas faire de polémique, la meilleure décision était de mettre tout le monde dans le même temps, même les coureurs accidentés en amont, qui ont été gênés par les différentes chutes qui se sont produites après.
Comment avez-vous perçu la transmission de vos informations au sein du peloton ?
Les messages étaient très clairs. On aurait très bien pu décider d’arrêter la course à 10 kilomètres de l’arrivée lorsqu’on nous a dit qu’on ne pouvait pas faire l’arrivée. Après il faut savoir ce qu’on veut. Ou bien on voulait un classement et on terminait la course, c’était ma position, ou bien tout le monde rentrait à l’hôtel, mais je pense que sportivement la première décision était quand même la meilleure. Ce sont des incidents de course qu’il faut savoir gérer. Sans polémiquer systématiquement.
Comment avez-vous ressenti l’atmosphère de la grande première du Tour de France en Corse ?
Bien, super. Les coureurs sont très contents. Si ce n’est ce final un peu perturbé, on n’a pas vu de chute sur des routes qu’on nous disait étroites. Avant cet incident de course, tout s’était bien passé. On doit être capable de gérer ces incidents à l’instant T, il ne faut surtout pas polémiquer là-dessus, où on ne s’en sortira pas.
Propos recueillis à Bastia le 29 juin 2013.