Giorgia, vous êtes championne du monde pour la deuxième fois d’affilée à l’issue d’un sprint massif, avez-vous été surprise que personne n’essaie d’éviter un sprint ?
Oui j’ai été assez surprise du fait que les autres équipes n’aient pas essayé d’attaquer un peu plus. C’est vrai que les trois équipes qui sont sur le podium aujourd’hui et qui étaient les formations les plus denses avaient un intérêt commun à finir au sprint. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi facile de contrôler la course. Dans le dernier tour j’avais encore beaucoup d’équipières avec moi. J’étais en parfaite condition pour le sprint final. Une de mes équipières m’a conseillé de lancer le sprint assez tôt. C’est ce que j’ai fait et ensuite j’ai donné tout ce que j’avais jusqu’à la ligne.
Qu’est-ce que l’on ressent quand on est championne du monde pour la deuxième fois ?
La deuxième fois, c’est vraiment magique ! Je croyais en moi, j’étais consciente de mes chances de monter sur le podium. Mais de là à m’imaginer être championne du monde une deuxième fois il y avait un pas, d’autant plus que mes résultats cette saison n’ont pas été à la hauteur des attentes placées en moi. Mais quand je porte le maillot italien, je ne suis plus la même coureuse, cela décuple mes forces, j’arrive à me transcender pour mon pays.
Lequel de ces deux titres a le plus de valeur pour vous ?
Celui-ci sans aucun doute. L’an dernier c’était vraiment une surprise pour moi que de devenir championne du monde. J’étais à Geelong en tant qu’équipière et j’avais pour rôle de travailler dans un premier temps pour mes leaders, notamment Noemi Cantele, tout en restant la carte de l’Italie en cas d’arrivée massive. Je n’étais donc que le plan B et j’avais beaucoup moins de pression. Cette année j’étais le leader unique et toute l’équipe était dévouée à ma cause. La pression était énorme au départ, ce qui donne encore plus de valeur à cette victoire.
Vous êtes-vous sentie inquiète quand Clara Hughes a pendant longtemps tenu tête au peloton ?
Je n’ai pas vraiment été inquiète par rapport à cette échappée. Je savais que les Pays-Bas, l’Allemagne et notre équipe voulaient arriver au sprint et qui si elle était encore devant dans le dernier tour, nos trois équipes sauraient unir leurs forces pour la reprendre.
Avez-vous regardé les précédentes courses et vous en êtes-vous inspirée pour déterminer le meilleur moment pour lancer le sprint ?
Oui, j’avais regardé les autres sprints. Je savais qu’il fallait avoir encore pas mal de coéquipières pour m’emmener jusqu’au dernier moment. La clé était vraiment d’avoir un bon train. J’avais entièrement confiance en mon équipe. Je savais que mes coéquipières étaient très fortes et qu’elles pourraient m’emmener jusqu’à 100 mètres de l’arrivée, qui était le moment le plus opportun pour lancer le sprint.
Le président de l’UCI Pat McQuaid a affirmé que le cyclisme féminin n’était pas suffisamment développé d’un point de vue économique pour qu’on puisse instaurer un salaire minimum pour les coureuses. Qu’en pensez-vous ?
Je ne suis pas d’accord, je pense que le temps est venu pour instaurer un salaire minimum, car nous n’avons aujourd’hui rien de moins que les hommes.
Propos recueillis par Sylvain Chanzy à Rudersdal le 24 septembre 2011.