Francis, vous avez l’ambition de monter une équipe professionnelle, qu’en est-il exactement ?
Nous avons créé avec Benjamin Lemasson et Victor Hervé L&H Cycling, une petite société qui sera certainement le support de notre projet. Ce projet se développe. Beaucoup de discussions se poursuivent pour essayer de le monter concrètement. Si le projet financier est établi, il reste maintenant à trouver véritablement le sponsor qui pourra nous aider. Aujourd’hui, je ne peux pas dire si nous monterons une équipe de 2ème ou 3ème division. A mon sens, il faut plutôt commencer petit et grandir dans le temps que vouloir dès à présent courir au niveau du WorldTour. Nous travaillons beaucoup sur le projet. Le Tour de France nous permet de nouer des contacts.
Quand l’équipe pourrait-elle voir le jour ?
Il est peu probable que nous démarrions sur 2013. Un projet bien élaboré devrait plutôt voir le jour sur 2014. Ça me paraît plus probable. J’ai quelques vraies possibilités aujourd’hui, des gens intéressés par le projet. Rien n’est encore conclu sur un beau et joli contrat, mais on y travaille.
Sur le Tour de France, vous accueillez des invités pour ASO, c’est un bon moyen de garder le contact ?
Oui, et puis je connais ici beaucoup de monde. Ça fait dix-sept ans que je suis dans le milieu professionnel après avoir longtemps œuvré au niveau des amateurs. Je connais beaucoup de monde, beaucoup d’équipes, beaucoup de coureurs. Ça fait plaisir de se retrouver dans le bain après avoir été lâché au mois de décembre 2010.
A l’époque, vous aviez été écarté de l’équipe Cofidis, comment avez-vous surmonté cette période ?
Je me suis retrouvé dans une situation difficile, aussi bien moralement que psychologiquement. Je ne m’attendais pas à subir un affront de ce niveau. On se relève de tout, surtout quand on est sportif, passionné, volontaire. Je me sens aujourd’hui régénéré, à la fois par les deux personnes qui m’ont contacté, qui sont jeunes et plein de dynamisme. Avoir des jeunes autour de soi vous redonne du peps. C’est un métier où il faut rester jeune. Si on n’a pas ce brin de folie, on ne se lance pas dans un projet quel qu’il soit. J’ai toujours été comme ça, j’essaie de construire à nouveau.
Quel est aujourd’hui le ressenti des entreprises que vous contactez vis-à-vis du cyclisme ?
Tout dépend où on les rencontre. Si c’est à l’extérieur d’un événement comme le Tour de France, c’est un peu différent. Ils sont toujours un petit peu dans la lecture des journaux, dans ce qu’ils entendent à la radio. Il y a forcément des choses qui ne sont pas à l’avantage du cyclisme. Il y a beaucoup d’explications à donner, il faut beaucoup convaincre. Nous avons un passé difficile, c’est vrai, et il faut aujourd’hui renverser la vapeur. Nous sommes en train d’y parvenir. Le cyclisme est en voie de rétablissement, il prend un vrai virage, même s’il y a encore des choses latentes. Mais il faut rester optimiste. Cette avance, on l’aura toujours sur d’autres sports. Je pense que les sociétés vont bientôt se retourner vers le cyclisme. Il y a un engouement des spectateurs au niveau du spectacle. Ce sont des points positifs sur lesquels il faut jouer.
Comment un sponsor peut-il avoir la garantie qu’il ne fera pas parler de lui pour de mauvaises raisons ?
On est comme toutes les équipes, on travaille sur l’aspect lutte antidopage. On met des procédés internes en place. Le fameux passeport biologique demande beaucoup d’investissement aussi de la part du milieu sportif. On y travaille avec beaucoup d’ardeur. Maintenant, les gens intéressés par le cyclisme sont aussi des entreprises capables de passer au-delà de ces problèmes. On sait très bien qu’on ne peut pas abolir du jour au lendemain ce problème du dopage. On est obligé de trouver des solutions.
Durant votre parenthèse forcée, vous n’avez jamais cessé de garder un œil avisé sur le cyclisme ?
Bien entendu. Même quand je n’étais pas sur le Tour comme l’année dernière j’ai continué à regarder le Tour de France à la télé. Je suis toutes les courses retransmises, je lis tout ce qui concerne le cyclisme. Je suis toujours dans la passion. Ce n’est pas parce qu’on a un arrêt dans la vie que tout doit s’arrêter du jour au lendemain. Je garde un œil intéressé sur tout ce qui touche le cyclisme au plus près. En France, quand on voit les jeunes qui poussent, on est en train de refaire notre retard petit à petit. Le cyclisme français est sur la bonne trajectoire. J’en suis intimement convaincu.
Votre finalité, si l’on vous suit, serait d’annoncer le lancement de votre équipe sur le 100ème Tour de France, dans un an…
Ça me paraîtrait logique que les choses se mettent en place cet hiver de façon à ce qu’on puisse effectivement lancer le projet pour 2014 avec une annonce au mois de juillet. C’est un calendrier immuable pour la plupart des équipes. Contrairement aux autres, j’ai voulu annoncer que je cherchais des partenaires, alors que d’habitude dans le cyclisme on fait plutôt l’inverse. On reste prudents et on le dit au dernier moment. J’ai choisi de faire différemment parce que je suis peut-être comme ça. Annoncer la couleur me paraît déjà important. Je suis motivé et je veux construire un beau projet.
Propos recueillis à Limoux le 15 juillet 2012.