Federico, le public de Vélo 101 vous connaît encore peu depuis votre nomination à la présidence de Look Cycle en septembre 2016. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre trajectoire dans les affaires et dans le vélo ?
Je suis originaire d’Italie, diplômé de l’école d’ingénieurs de Padoue et titulaire d’un MBA de l’université de Columbia à New York. J’ai débuté ma carrière dans une entreprise du pétrole en Grande-Bretagne. Je suis passé ensuite par McKinsey, en Italie et aux Etats-Unis, avant de rejoindre le groupe Piaggio, qui m’a confié plusieurs missions aux Etats-Unis et en Europe. Cycliste amateur confirmé, je partage avec les athlètes passionnés pour la petite reine l’exaltation de la course en montagne ou sur piste.
On a évoqué la présence de Sport 2000 dans le groupe qui a repris Look, quelle est la nature de vos relations ?
Sport 2000 et Look n’ont rien en commun, si ce n’est qu’elles appartiennent au même fonds d’investissement.
Le fonds d’investissement Catterton, détenu par LVMH, a pris le contrôle de Pinarello et on évoque un intérêt pour Rapha. Qu’est-ce qui, selon vous, attire les marques vers le monde du vélo ?
Le vélo est assimilé à une forme de liberté et touche beaucoup de domaines et univers tels que la santé, l’écologie, la technologie. Il permet aussi à l’homme de se retrouver dans certaines valeurs comme la passion, le partage, la complicité et le dépassement de soi. C’est un secteur intéressant, fragmenté, qui continuera d’évoluer dans le futur tant au niveau de l’offre produit que dans la typologie de ses réseaux de distribution.
Look développe un chiffre d’affaires d’environ 45/50 millions d’euros, quelles sont vos ambitions à l’échelle 2020 ?
C’est à la fois un projet d’entreprise et de marque qui se traduit par un ambitieux plan de développement. Cela passera par un élargissement de la gamme de produits, par une modernisation du système de distribution et par une utilisation stratégique de nos outils industriels, notamment nos manufactures pour la confection de pièces et cadres en composite (carbone). Look est aujourd’hui une des rares marques dans le monde à concevoir ses cadres de vélos, à les développer, à maîtriser la technologie carbone jusqu’à la confection avec ses propres process de fabrication.
Le disque arrive à grande vitesse sur la route, où en est Look à ce sujet ?
Nous avons déjà intégré le disque dans notre gamme Route 2017 avec l’intégration de notre nouveau modèle Endurance, le 765 Disc en freins hydrauliques. Ce modèle est disponible dans le réseau agréé. Nous comptons élargir notre offre à l’avenir.
Côté sponsoring, quatre des dix-huit équipes WorldTour sont sponsorisées par des marques de vélo. Look peut-il continuer à jouer dans cette cour ?
Le monde du cyclisme professionnel doit évoluer pour pouvoir être encore plus attractif pour les sponsors et pour ses fans. Look continuera à supporter des équipes et des athlètes. En 2017, la marque soutient vingt-neuf équipes et douze athlètes répartis sur les disciplines de la route, du VTT, de la piste, du triathlon et du fixie. Look sera présent au Tour de France avec l’equipe Fortuneo-Vital Concept.
Vous devenez en outre cette année sponsor titre des Marmottes Series. L’entreprise Look a-t-elle vocation à s’orienter vers les épreuves majeures du calendrier international Gran Fondo ?
Oui, cela fait partie de nos projets.
Vous êtes partie prenante d’un groupe de distribution axé vélo mais plus largement sport, comment voyez-vous l’avenir de la distribution vélo avec la maturité de l’Internet ?
La marque doit pouvoir répondre aux attentes de ses consommateurs en leur offrant les produits et les services qu’ils recherchent. Ces services doivent se retrouver sur le plan commercial et dans notre service après-vente. Cela passera nécessairement par une distribution omnicanale, donc par l’intégration du canal Internet au réseau de distribution traditionnel, ce que par exemple nous faisons déjà pour Corima.
Le VAE sauve actuellement une partie du chiffre d’affaires des revendeurs. Comment voyez-vous l’évolution de la distribution côté terrain ?
L’électrique répond aujourd’hui à une attente de la part du consommateur. Il faut savoir répondre à cette demande et proposer ce type de produit qui générera du trafic chez le détaillant.
La limite de poids des vélos est toujours fixée à 6,8 kg quand le carbone, le titane et tous les matériaux permettent de faire de très bons vélos sans atteindre ce poids, souhaitez-vous que l’UCI évolue à ce sujet ?
Un excellent vélo est forcément un vélo léger, mais ce n’est pas le seul paramètre. C’est l’ensemble et la combinaison des différentes caractéristiques qui font un bon vélo, comme la rigidité, l’aérodynamisme, le confort, la stabilité… sans compter les « outils » embarqués qui permettent de mieux s’entraîner type capteur de puissance ou l’intégration des freins à disques pour un meilleur freinage.