Fabian, quel premier sentiment vous vient à l’esprit après votre nouvelle victoire dans un prologue du Tour de France ?
Je suis vraiment fier, d’autant plus après les difficultés que j’ai rencontrées cette saison. Le 1er avril au Tour des Flandres, je me suis brisé la clavicule en quatre endroits. J’ai travaillé scrupuleusement pour revenir à mon meilleur niveau. C’est une belle récompense pour moi comme pour l’équipe. Je fais ce que je peux, je donne toujours le maximum. Et ce n’est pas toujours facile.
Vous vous imposez sur le prologue exact où vous vous étiez imposé il y a huit ans. Quel effet ça fait ?
J’ai revu la vidéo de l’époque il y a quelques jours. J’ai revu des images qui m’ont donné la force de me battre pour la victoire. J’avais gagné à 23 ans. Une grande course comme ça, c’était fou. Revoir les images m’a motivé. S’imposer ici huit ans plus tard, je crois que là aussi je pourrai regarder la vidéo encore beaucoup de fois.
Qu’est-ce qui vous est passé en tête la ligne franchie ?
Beaucoup de choses me sont passées dans la tête. La famille, ma femme, le bébé qui va venir. Ma famille et l’équipe m’ont donné le soutien nécessaire. Je suis fier. J’ai fait le travail comme je devais faire. Aujourd’hui c’est une victoire plus spéciale que les autres obtenues ici au Tour de France. C’était important de gagner à Liège.
En quoi cette victoire diffère-t-elle des autres obtenues dans un prologue du Tour de France ?
C’est sûr que j’ai l’habitude de rejoindre le podium après un prologue du Tour, mais aujourd’hui ça restera vraiment spécial. Ça va être la plus belle, c’est sûr. Pas seulement parce que ça fait huit ans que je m’y suis imposé, mais en raison de mon accident le 1er avril. J’ai réalisé un très gros travail pour revenir. Mes 2èmes places sur les contre-la-montre du Tour de Suisse ont aussi beaucoup pesé sur mon moral. A Liège, j’ai eu un jour à 100 %, je suis fier. J’ai donné le maximum jusqu’au bout. J’avais des choses positives dans la tête. Si tu te donnes à fond et que tu termines 2ème, ma foi c’est comme ça. Maintenant quand tu gagnes, c’est la plus belle des récompenses.
Vous avez vécu une année difficile, vous et l’équipe, avec l’absence de Johan Bruyneel et d’Andy Schleck sur ce Tour, que goût à la victoire aujourd’hui ?
Je pense qu’aujourd’hui j’ai fait une démonstration. Après ma chute, j’aurais pu dire on se reverra un peu plus tard, quand j’irai mieux, mais je ne suis pas comme ça, ce n’est pas moi. Je me suis battu pendant des mois car je veux gagner des courses. Un leader, ce n’est pas quelqu’un qui gagne des courses mais qui travaille pour y arriver. C’est trop facile de se décourager, de se laisser aller. Il faut garder la tête hors de l’eau et rester responsable. Un leader doit être fort, ce n’est pas quelqu’un de faible. Ce maillot jaune est très important pour nous tous, c’est sûr.
L’affaire Lance Armstrong dans laquelle est mêlé Johan Bruyneel a-t-elle pesé sur les performances de l’équipe dernièrement ?
Je ne me concentre pas sur ce genre d’histoires, je regarde en avant, pas en arrière. C’est une vieille histoire, ça s’est passé il y a des années. Ça préoccupe beaucoup de monde, mais je ne veux pas y penser si c’est pour faire une contre-performance, car ça, ça influencerait vraiment l’équipe. Je suis concentré sur le Tour. Je mets le reste de côté. Ce qui arrive, ce n’est pas mon problème, désolé. Lance et Johan vont régler ça, ça les regarde. Moi je suis là pour faire mon métier de coureur.
C’est votre vingt-deuxième maillot jaune, votre quatrième prologue victorieux, est-ce toujours aussi spécial ?
Un prologue, c’est toujours spécial, ça l’est d’autant plus quand on s’impose huit ans après sur le même parcours. Maintenant, chaque jour est différent, chaque prologue également. Celui-ci, je l’avais déjà gagné en 2004, mais ce n’est jamais une routine que de gagner. Le maillot jaune, c’est toujours spécial. Le clin d’œil avec l’édition 2004 le rend d’autant plus spécial. J’ai fait les 6,4 kilomètres à bloc. L’important c’est de gagner, le reste, le temps pris sur mes adversaires, c’est surtout important pour les prochains jours.
Comment les envisagez-vous ?
Le maillot jaune donne des ailes mais demain, avec l’arrivée à Seraing, ce sera une autre affaire. On va faire en sorte de garder le maillot mais nous verrons bien.
Propos recueillis à Liège le 30 juin 2012.