Dorian, vous avez rejoint les pros de Cofidis en début de saison. Comment s’est passée votre acclimatation au milieu professionnel ?
Il est clair qu’il y a un vrai décalage entre le peloton amateur et le peloton pro. Vraiment, ce n’est pas comparable. Il règne un vrai professionalisme à l’étage supérieur. Et les courses sont plus dures, ne serait-ce qu’au niveau de la distance. On atteint fréquemment les 200 kilomètres, ce qui arrivait peu chez les amateurs. Mais ma transition s’est bien passée. En prévision de mon passage chez les pros, j’ai réalisé plus de volume cet hiver. Je travaille en outre désormais avec la puissance, et ça m’aide pas mal pour progresser. Quant à l’équipe, elle m’a très bien accueilli et je m’y sens déjà comme chez moi.
Vous faites le constat d’un décalage entre les mondes pros et amateurs. La marche est-elle vraiment si haute ?
Disons que la démarche est vraiment très professionnelle quand on intègre la cour des grands. On se rend compte qu’il faut tout optimiser : l’entraînement, la récupération… L’objectif est d’essayer d’être au mieux le plus longtemps possible dans la saison. En tant que néo-pro, j’avais aussi à cœur d’être en forme dès le début de la saison pour me rassurer et par crainte de subir un trop gros décalage de niveau. Dès cet hiver, je suis entré dans cette démarche d’optimisation.
Avec l’arrivée dans votre préparation du capteur de puissance. Que vous a-t-il apporté ?
Il m’a permis de réaliser des exercices de force, de faire des séances de seuil. Le capteur de puissance me permet de mieux me connaître à l’entraînement en général mais aussi en course. J’ai le sentiment de réaliser un meilleur travail, plus pointu, de réaliser les exercices comme il se doit. Et au final de progresser. Jusqu’alors je n’avais encore jamais travaillé avec la puissance. Je faisais tout au ressenti. Chez Cofidis, nous sommes tous équipés de SRM. J’y ai eu droit dès mon stage l’été dernier et j’y ai pris goût. C’est un outil de travail comme un autre, je dirais même indispensable pour progresser, et c’est plaisant.
Vos données, qui les analyse ?
Je suis suivi par Vincent Villerius, l’entraîneur de l’équipe, qui m’appelle souvent. Nous avons des échanges constructifs. Il analyse mes données via une plateforme. Mais il prend aussi en compte les ressentis. Il n’y a pas que l’aspect scientifique de la puissance, le ressenti compte pour beaucoup.
Aujourd’hui, avez-vous le sentiment de vous fier davantage aux watts qu’à vos sensations ?
Pas forcément. Quand il faut tout donner, il faut tout donner. Maintenant, il arrive en effet qu’on essaie de gérer son effort, notamment dans une montée longue, en fonction des données du SRM, mais en course les sensations prédominent tout de même. Et ce sont les capacités du moment qui prennent le dessus.
Le professionalisme, ça passe donc par tous les étages ?
C’est exactement ça. On le retrouve à l’entraînement, mais aussi dans le suivi dont nous bénéficions, dans le staff, avec les kinés, les assistants qui sont autour de nous et font un boulot vraiment top. Même si je bénéficiais déjà d’un super encadrement au Team Vulco-VC Vaulx-en-Velin, tout cela change beaucoup l’environnement auquel j’étais habitué chez les amateurs. On est clairement dans une autre dimension.
Vous étiez 2ème catégorie il y a deux ans, en marge d’études en médecine, 1ère caté la saison dernière avec à la clé le titre de champion Rhône-Alpes, et désormais pro chez Cofidis. A 20 ans, comment justifiez-vous cette ascension fulgurante ?
C’est clair que cette progression paraît assez folle ! Je ne me l’explique pas franchement. Je me suis toujours fait plaisir sur le vélo et ça marche ainsi. Je suis arrivé à ce niveau là en quelques années seulement mais je n’ai pas de recette miracle. Je fais du vélo depuis quinze ans, je mets cela sur l’entraînement et la persévérance. Je suis toujours autant passionné, j’ai découvert année après année de nouveaux milieux, j’ai passé des caps en réalisant un stage avec les pros, en courant avec l’équipe de France Espoirs, jusqu’à ce nouveau cap franchi au 1er janvier.
Qu’attendez-vous d’une première saison chez les pros ?
Je compte avant tout bien apprendre mon métier. Je suis professionnel depuis trois bons mois déjà et je m’attache à bien appliquer les consignes, à respecter la stratégie établie au briefing, à aider au maximum l’équipe. Après, s’il y a des ouvertures, je n’hésiterai pas. Je cours un peu au jour le jour, en fonction de la forme, et sans objectif précis. Je mets mes ambitions au service de l’équipe.