Dominique, quel bilan tirez-vous du Tour de France pour Europcar ?
Un bilan largement positif, quand on connaît le début difficile de première semaine de l’équipe avec Thomas Voeckler qui a eu un problème de genou. Quinze jours avant le Tour de France, il n’était pas certain d’y participer, et on se posait beaucoup de questions sur lui et notamment la première semaine. On se demandait s’il allait pouvoir tenir et finalement tout s’est amélioré jour après jour. Il y a eu également Pierre Rolland, victime d’une chute à Metz. Après, ça nous a souri, avec trois victoires, un maillot à pois et un Top 10.
Vous étiez stressés au départ de Liège après des suspicions de dopage sorties subitement, aujourd’hui on voit les sourires, ça va bien mieux ?
Les premiers jours à Liège n’ont pas été faciles, notamment pour Thomas, qui a reçu quelques coups de sifflets de la part des supporters. Mais une fois en France les gens ont été très corrects et depuis qu’il a gagné deux étapes et remporté le maillot à pois, c’est de nouveau la star en France.
Deux coureurs sont mis en avant dans l’équipe, mais êtes-vous satisfait des sept autres coureurs retenus dans la sélection ?
Bien sûr, tout le monde a eu un rôle très important dans l’équipe. On a fait un super Tour de France. Nous avons été à l’attaque chaque jour, sauf sur deux étapes, comme nous l’avions décidé. Seuls points négatifs, les abandons de Giovanni Bernaudeau et Vincent Jérôme, ce qui a été très dur pour eux.
Au-delà de votre équipe, comment avez-vous perçu ce Tour de France ?
Vu de l’intérieur c’était un Tour passionnant avec beaucoup d’attaques. Nous concernant, on a été présent là où on se devait d’être présent, notamment en montagne. On a joué les trouble-fêtes, on a réussi à gagner sur des terrains que Thomas Voeckler et Pierre Rolland apprécient. C’est vrai que l’équipe Sky a été très forte sur ce Tour. Quand on a des coureurs comme Boasson-Hagen, Froome, Porte, ils pourraient tous être leaders dans d’autres équipes…
On va se projeter dans le Tour 2013, comment vous le sentez ?
Le départ sera en Corse, donc à la sortie de Corse il y aura déjà pas mal de dégâts. C’est un Tour 2013 où il faudra être au top de sa forme dès la première semaine. J’espère que cette 100ème édition présentera un peu moins de contre-la-montre, ce qui serait un avantage pour Pierre Rolland, et un peu plus d’étapes de montagne.
On sait déjà que le contre-la-montre par équipes reviendra au programme, allez-vous travailler cet aspect ?
Nous avons de bons rouleurs dans l’équipe. L’an dernier on avait fait une belle performance au contre-la-montre par équipes des Essarts. Même si on ne fait pas partie des tout meilleurs, on peut encore s’améliorer, travailler sur cet aspect. Pierre Rolland a conscience qu’il perd beaucoup trop de temps par rapport à des rouleurs comme Bradley Wiggins, mais il ne peut que s’améliorer.
Pour relancer l’intérêt, ne serait-il pas intéressant de réduire le nombre de coureurs par équipes ?
Un leader a besoin d’équipiers. Et sans équipiers, Bradley Wiggins n’aurait jamais gagné le Tour de France. Il faut rester dans des normes cohérentes. Pourquoi pas huit coureurs, ça permettrait à une équipe supplémentaire de participer au Tour de France.
Qu’attendez-vous du parcours du Tour 2013 ?
J’aime bien les éditions avec un contre-la-montre par équipes. Ça démontre aussi qu’il faut avoir une équipe solide autour de son leader. On oublie souvent les équipiers mais ils sont des éléments indispensables pour un leader. On verra ce que propose ASO pour la 100ème édition, mais je suis certain que ce sera très spectaculaire. J’ai adoré cette année l’arrivée au sommet de la Planche des Belles Filles, un beau spectacle avec une belle montée et des pourcentages très raides sur la fin. C’est ce qui manque sur le Tour de France, des étapes sport-spectacle comme on en trouve sur le Giro.
Vous iriez jusqu’à ces extrêmes-là ?
On a connu il y a deux ans des secteurs pavés sur le Tour de France. En tant que directeur sportif, j’ai participé au Tour d’Italie où l’on a pris des chemins de terre. Je trouve ça magnifique. Maintenant, il ne faut pas non plus tomber dans l’extrême, mais ce qu’a fait cette année ASO avec la Planche des Belles Filles, c’est bien.
Quelle note mettriez-vous à ce Tour de France 2012 ?
Je mettrais 8/10. Quelles que soient les étapes, ce sont quand même les coureurs qui font la course. Je pense qu’on a assisté à un très beau Tour de France, malgré la longueur des contre-la-montre qui font partie de la course. Pour pouvoir gagner le Tour, il faut être complet et Wiggins a prouvé qu’il était au-dessus sur cette édition. Au Team Europcar, je lui donne 10, quand on sait comment s’était mal barré la première semaine ! On signe de suite pour faire pareil l’an prochain.
Propos recueillis à Paris le 22 juillet 2012.